Psychomotricienne de formation, je m’intéresse énormément aux étapes de développement de l’être humain depuis la conception. J’ai d’ailleurs suivi la formation d’Albert Coeman “le développement psychomoteur de l’enfant de la naissance à la marche” il y a quelques années. Mais, si cette formation m’a apporté beaucoup, dans ma pratique professionnelle je ressentais un manque, comme un élément qui m’empêchait d’obtenir de meilleurs résultats avec mes petits patients (je ne travaillais qu’avec des enfants).
En avril 2017 j’ai découvert le travail d’intégration des réflexes archaïques et en quoi des réflexes non intégrés peuvent “parasiter” notre vie quotidienne. Ceci tant pour les enfants que les ados et les adultes. Cette découverte m’a permis de compléter mes connaissances en prenant en compte le développement du système nerveux central, autrement appelé le cerveau, mais aussi de répondre aux demandes de tous horizons, quel que soit l’âge de la personne.
A la naissance le cerveau est assez peu développé et il mettra 25 ans ans pour arriver à maturité grâce à la création de réseaux neuronaux dès la toute petite enfance.
Ce qui permet ce développement : le mouvement.
Les réflexes archaïques sont un programme biologique qui se met en place très tôt pendant la gestation (dès la 5ème semaine) et qui permet la mise en mouvement de l’embryon et ensuite du foetus et du bébé après la naissance. Ce programme existe pour des questions de survie et est “stocké” dans la partie basse du cerveau : le tronc cérébral. A la naissance c’est la seule partie à 100 % opérationnelle (ou presque) car elle régit toutes les fonctions vitales du corps : respiration, faim, soif, digestion, circulation sanguine, ...
La plupart des réflexes archaïques émergent pendant la grossesse et sont indispensables au processus naturel de la naissance. D’autres émergent à la naissance et quelques uns, plus rares, émergent après la naissance. Ils suivent tous le même cheminement : émergence, développement, intégration et transformation en réflexes de vie ou posturaux.
A la naissance le bébé bouge en mode réflexes, il n’a pas le choix des mouvements puisqu’il ne les maîtrise pas. Peu à peu, si les conditions de son développement sont suffisamment bonnes, il va acquérir plus de maîtrise et pourra choisir ce qu’il veut faire : redresser sa tête et la maintenir, se redresser, rouler, se rettourner, attraper un objet et le porter à sa bouche, ramper, s’assoir, se mettre à 4 pattes pour se déplacer et parvenir enfin à se redresser sur ses deux pieds avant de commencer à marcher. Pour arriver à franchir toutes ces étapes harmonieusement, le bébé doit s’entrainer beaucoup, passer du temps au sol, sur le ventre, sur le dos, disposer de suffisamment d’espace et de temps pour se mouvoir sans contrainte. Pour cela il est important de lui fournir un environnement adapté à chaque étape et qu’il dispose d’une sécurité intérieure suffisamment bonne pour qu’il ose aller à la découverte du monde.
Toutes ces expériences vont contribuer à “câbler” les différentes zones de son cerveau entre elles afin qu’il ait accès à un maximum de ressources pour découvrir le monde en toute confiance, de façon fluide et sans devoir mettre en place de multiples compensations pour y parvenir. Elles vont également contribuer à l’intégration des réflexes archaïques et entrainer leur transformation en réflexes de vie. Ces derniers, s’ils ne sont pas bien installés peuvent également “parasiter” tout le fonctionnement de l’individu que ce soit au niveau moteur, postural, émotionnel, relationnel et des apprentissages avec ce que cela comporte de capacité de concentration, d’attention, de mémorisation, de compréhension, ... C’est dire si les réflexes archaïques et posturaux sont importants dans le développement de l’être humain.
Ces réflexes permettent également, et en amont, de développer tous nos sens qui sont importants : ils nous aident à percevoir le monde et à le comprendre. Mal développés et/ou mal intégrés, des hypersensibilité sensorielles peuvent émerger et nous mettre en difficulté dans certains situations, provoquant des crises émotionnelles plus ou moins importantes ou des réactions inappropriées en cas de stress ou de danger. Ces sens sont : le vestibulaire, la proprioception, l’intéroception et aussi le goût, le toucher, la vue, l’ouïe, l’odorat.
En résumé, mieux les réflexes archaïques sont intégrés et mieux les réflexes posturaux sont développés, plus harmonieuse sera la relation de l’individu à lui-même et au monde environnant. C’est également la base de ce que l’on nomme le “sentiment de sécurité interne” qui, s’il est faible, nous empêche de réaliser nos projets, nous donne l’impression de tourner en rond dans notre vie, de répéter les mêmes schémas sans savoir comment en sortir si nécessaire, ...
C’est pourquoi cette approche, si riche et intéressante, m’a interpellée dans mon travail de psychomotricienne.