
05/02/2025
Investir aujourd’hui pour éviter une crise demain……
L’annonce de l’arrêt des financements de l’USAID en Afrique, et en particulier au Burkina Faso, aura des conséquences majeures sur les populations les plus vulnérables, notamment en matière de santé. Cet arrêt brutal pourrait non seulement accentuer la migration liée à la pauvreté, mais aussi déclencher une nouvelle vague de migration motivée par la recherche de soins et de traitements, en particulier vers les pays développés.
1. Migration et précarité : l’exode des populations en quête de survie
La pauvreté est l’un des moteurs historiques de la migration. Lorsque les conditions de vie deviennent insoutenables en raison du manque d’opportunités économiques, des conflits ou des crises humanitaires, de nombreuses personnes se tournent vers l’exil dans l’espoir de trouver un meilleur avenir ailleurs.
Le retrait des financements de l’USAID, qui soutiennent de nombreux programmes de santé au Burkina Faso, entraînera :
• La fermeture ou la réduction des services de soins essentiels pour les populations vulnérables, notamment pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme.
• La hausse de la mortalité due à l’interruption des traitements vitaux.
• L’aggravation de la précarité sanitaire, qui impactera directement les capacités économiques des populations touchées, renforçant ainsi leur vulnérabilité et leur besoin d’émigrer.
2. Une nouvelle forme de migration : l’exode pour l’accès aux soins de santé
En plus de la migration économique, on observe de plus en plus une migration sanitaire, où les populations les plus pauvres quittent leur pays en raison de l’effondrement des systèmes de santé. L’arrêt des financements de l’USAID amplifiera ce phénomène en laissant des milliers de patients sans accès aux traitements, notamment :
• Les personnes vivant avec le VIH/SIDA, qui ne pourront plus accéder aux ARV, exposant ainsi des millions de personnes à des complications graves, voire mortelles.
• Les patients atteints de tuberculose, pour qui l’arrêt des traitements peut entraîner des formes résistantes, augmentant ainsi le risque de propagation de la maladie.
• Les femmes enceintes et les enfants, qui perdront l’accès aux soins prénatals et à la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Dans ces conditions, de nombreuses personnes chercheront à migrer vers des pays où elles pourront encore accéder aux soins, en particulier vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Cette migration, souvent clandestine et périlleuse, mettra davantage de pression sur les systèmes de santé des pays d’accueil.
3. Conséquences pour les pays développés : un risque sanitaire accru
La migration massive liée au manque d’accès aux soins peut avoir des répercussions directes sur les pays développés, notamment :
• Un afflux de patients étrangers dans les systèmes de santé, augmentant les coûts de prise en charge pour les États d’accueil.
• Une recrudescence des maladies transmissibles, notamment la tuberculose et le VIH, en raison de l’absence de suivi médical dans les pays d’origine.
• Une instabilité sociale accrue, liée à l’augmentation du nombre de migrants en situation de précarité dans les grandes villes des pays occidentaux.
Ainsi, ne pas financer les systèmes de santé en Afrique revient à exporter la crise sanitaire vers d’autres régions du monde.
4. Plaidoyer pour le financement des activités de santé au Burkina Faso
Face à cette menace, il est essentiel de mobiliser des fonds d’urgence pour assurer la continuité des services de santé au Burkina Faso et éviter une catastrophe humanitaire. Nous appelons les bailleurs de fonds internationaux, y compris les gouvernements européens et les organisations multilatérales, à :
1. Maintenir les financements pour les services essentiels de santé, en particulier pour la prise en charge du VIH/SIDA, de la tuberculose et du paludisme.
2. Soutenir un fonds d’urgence pour les soins de santé, afin d’assurer la disponibilité des médicaments et du personnel soignant.
3. Impliquer le gouvernement burkinabè dans le plaidoyer, afin de garantir un cadre de gouvernance transparent et efficace pour l’utilisation des fonds.
4. Sensibiliser les décideurs politiques des pays développés, en mettant en évidence que l’arrêt du financement entraînera une augmentation de la migration sanitaire et des défis en matière de santé publique à l’échelle mondiale.
Investir aujourd’hui pour éviter une crise demain
L’investissement dans la santé en Afrique n’est pas seulement une question humanitaire, c’est aussi une nécessité stratégique pour les pays développés. Financer les soins et les traitements au Burkina Faso permettrait d’éviter des vagues migratoires incontrôlées et des crises sanitaires internationales.
Nous devons agir maintenant pour préserver la dignité et la santé des populations vulnérables, tout en protégeant la stabilité et la santé publique à l’échelle mondiale.
Issoufou TIENDREBEOGO (AAS Burkina)