05/13/2023
𝓞𝓭𝓮 𝓪̀ 𝓶𝓮𝓼 𝓮𝓷𝓯𝓪𝓷𝓽𝓼
Je n’ai jamais vraiment voulu être mère. Je souhaitais simplement vivre une grossesse. À présent, cela semble n’avoir aucune logique, mais enfant, cela tenait la route ! Je ne me voyais pas enfiler ce rôle m’apparaissant si difficile, si prenant, si dépersonnalisant. Je n’avais aucune envie d’une existence de discipline, de remise à l’ordre et d’ambivalence émotive. Je n’avais aucun désir d’agir de guide, de garde-fou dans la vie d’un adulte en devenir. Je ne voulais pas de cette responsabilité débilitante où je perdrais mon essence propre au profit d’un petit bout de vie hurlant son intensité prépubère les dix années suivant son premier souffle.
𝓙'𝓪𝓲 𝓻𝓮𝓷𝓬𝓸𝓷𝓽𝓻𝓮́ 𝓾𝓷 𝓱𝓸𝓶𝓶𝓮 𝓫𝓪̂𝓽𝓲 𝓹𝓸𝓾𝓻 𝓵𝓪 𝓹𝓪𝓽𝓮𝓻𝓷𝓲𝓽𝓮́
C’est avec lui qu’est apparu le goût d’enfanter une progéniture qui, je l’espérais, aurait son caractère doux, respectueux et affable.
La grossesse fût sous le signe de l’émerveillement et de la surprise. J’aimais sentir ce petit être bouger dans le creux duveteux de mon antre maternel et sécuritaire. Sans que je ne m’en rende compte, la maternité tissait de minces fils de soie qui me relieraient à cet être pour le restant de nos jours.
Son entrée dans le monde des vivants ne fut pas sans difficulté… pour moi ! Yolande, l’animatrice-sans-enfant des cours prénataux, nous avait dit de voir les contractions comme des vagues qui partent et viennent au gré des secousses utérines. Sous médication pour accentuer les ressacs, j’ai tôt fait de penser que je m’y noyais plus que je ne m’y baignais ! Lorsqu’on a déposé cette chose gluante et plissée sur mon ventre mou, mon cœur a éclaté en mille morceaux. La magie du partage de nos ADN respectifs, au papa et moi, prenait tout à coup vie. Il était magnifique.
Ce n’est pas sans embûche et obstacle que ce petit bout d’homme a fait de moi une mère. Une mère pas toujours accomplie, ni comprise. Pas toujours fière d’elle, pas toujours patiente, ni aimante. Pas toujours partante à accomplir son rôle et à exécuter ses responsabilités. Il m’a appris à rire des petites choses de la vie quotidienne, à apprécier les papillons, les bestioles en tout genre et les câlin baveux ou collants.
Son frère est arrivé deux ans après… Je ne désirais pas vraiment de ce rôle, encore une fois. Mais je ne voulais pas d’une vie unique à ce bout d’homme. Je la lui voulais en dyade, juste au cas où la vie avec maman serait pénible. Il aurait son pote à lui pour la vie.
Entre les chocolats chauds des petits matins tranquilles, les dîners-surprises les jours de semaine, les sorties cinéma format duo mère-fils, les rigolades du dimanche soir devant l’émission Drôles de vidéo, les Kraft Diner aux saucisses quand papa n’était pas là, les pistolets à eau signalant le début des vacances d’été et les sorties au zoo, 𝙘’𝙚𝙨𝙩 𝙪𝙣 𝙢𝙤𝙣𝙙𝙚 𝙙𝙚 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙚́ 𝙦𝙪𝙞 𝙨’𝙚𝙨𝙩 𝙩𝙞𝙨𝙨𝙚́ 𝙚𝙣𝙩𝙧𝙚𝙨 𝙣𝙤𝙪𝙨.
Ils sont grands maintenant. Ils n’habitent plus avec nous depuis quelques années déjà. Ils ont leur propre vie, leurs propres enjeux et l’avenir devant eux.
❤ Mais je demeure leur mère envers et contre tout ❤
Mon amour pour eux est sans borne, sans limite et sans caprice. Je suis si fière d’eux. Je suis immensément heureuse de ses deux belles rencontres qui ont transformé la jeune fille que j’étais en une femme accomplie, douce, pétillante et bienveillante. Mes fils ont été de grands maîtres et le sont encore. Tant que je serai en vie, mon rôle le plus important sera toujours d’être leur Mook, le ❝ safe space ❞ où ils pourront revenir se valider, se reposer, être aimés et rassurés.
Bonne fête des mères aux nouvelles mamans, celles avec de l’expérience, celles de cœur et celles en devenir.
Madone