08/10/2025
𝑸𝒖’𝒆𝒔𝒕-𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒖𝒏𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒆𝒏𝒔𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒍𝒐𝒄𝒐𝒎𝒐𝒕𝒓𝒊𝒄𝒆 𝒄𝒉𝒆𝒛 𝒍𝒆 𝒄𝒉𝒆𝒗𝒂𝒍?
Lorsqu’un cheval se blesse, il va souvent déplacer son poids ou modifier sa locomotion pour éviter d’exercer une pression sur le membre douloureux. Ce changement de mouvement est appelé 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒆𝒏𝒔𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏.
Dans de nombreux cas, ces ajustements sont subtils, parfois tellement subtils qu’ils masquent les signes évidents de boiterie et passent inaperçus pour un observateur non averti.
Cependant, si la compensation persiste dans le temps, les parties du corps qui surcompensent peuvent être sollicitées de manière excessive, entraînant des blessures secondaires dues à la surcharge de travail et au déséquilibre et l’assymmétrie du mouvement.
________________
Ici, nous explorerons comment un cheval compense à la suite d’une blessure, et comment les effets de cette blessure peuvent évoluer et se déplacer au fil du temps à mesure que de nouveaux schémas compensatoires apparaissent.
________________
➡️ 𝐑𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐮 𝐩𝐨𝐢𝐝𝐬 𝐝𝐮 𝐜𝐡𝐞𝐯𝐚𝐥 𝐚𝐮 𝐭𝐫𝐨𝐭 𝐞𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐞𝐧𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐛𝐨𝐢𝐭𝐞𝐫𝐢𝐞 𝐮𝐧𝐢𝐥𝐚𝐭𝐞́𝐫𝐚𝐥𝐞
⭐️ La première illustration montre comment une boiterie de l’antérieur gauche et une boiterie du postérieur gauche affectent la locomotion et la répartition du poids chez le cheval au trot.
➡️ 𝑩𝒍𝒆𝒔𝒔𝒖𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒍’𝑨𝒏𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓
En cas de boiterie de l’antérieur gauche, on observe une diminution notable de la force verticale maximale (Fzpeak) à la fois sur l’antérieur gauche et sur le postérieur ipsilatéral (postérieur du même côté).
Le cheval présente une réduction des mouvements de la tête et du garrot pendant la foulée de l’antérieur gauche, ce qui correspond à la perte de force de l’antérieur.
Les mouvements du garrot et de la tête peuvent contribuer à accentuer la différence de force verticale maximale entre les membres contralatéraux et à transférer le poids vers le postérieur opposé.
➡️ 𝑩𝒍𝒆𝒔𝒔𝒖𝒓𝒆 𝒅𝒖 𝑷𝒐𝒔𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓
Une boiterie du postérieur gauche entraîne une réduction nette de la force verticale maximale (Fzpeak) sur ce membre, tandis que les forces exercées par les antérieurs restent symétriques.
Ici, le mouvement du bassin reflète la perte de force du postérieur, et de légers changements dans les mouvements de la tête et du garrot apparaissent lors de la foulée de l’antérieur diagonal, indiquant des ajustements compensatoires.
En cas de boiterie postérieure, le cheval peut utiliser sa tête et son encolure comme un levier relié au garrot pour rediriger le poids en diagonale vers l’avant, tout en maintenant une faible différence de force verticale maximale entre les membres contralatéraux.
➡️ 𝐋𝐞𝐬 𝐛𝐥𝐞𝐬𝐬𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐞𝐧𝐬𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞𝐬
⭐️ La deuxième image montre comment cette nouvelle répartition du poids du cheval en locomotion peut causer des blessures compensatoires.
Une étude a été porté sur 70 chevaux de dressage. Chaque cheval a été examiné au moins 5 fois sur plusieurs années (tous les 6 mois).
📋 Les examens consistaient en évaluations orthopédiques approfondies, incluant :
✔️ Évaluation visuelle du mouvement (à la main, à la longe et monté)
✔️ Palpation et tests de flexion
✔️ Imagerie (échographie, radiographies, etc.)
✔️ Cotation de la boiterie (échelle 0–5)
✔️ Diagnostic des douleurs vertébrales, des maladies articulaires et des lésions des tissus mous
➡️ 𝑫𝒐𝒖𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝑽𝒆𝒓𝒕𝒆́𝒃𝒓𝒂𝒍𝒆𝒔
On trouve que chez les chevaux de dressage, la boiterie est étroitement liée à la tension des muscles thoracolombaires, à une diminution de la mobilité de la colonne vertébrale et à des douleurs dorsales.
51.2% des chevaux présentant initialement une boiterie à un membre ont par la suite développé des douleurs vertébrales.
La limitation du mouvement, due à la douleur, à l’asymétrie du cavalier ou au style de monte (notamment le trot assis), peut entraîner une atrophie musculaire, un mauvais développement chez les jeunes chevaux et une instabilité vertébrale.
Plus de 20 % des chevaux souffrant de douleurs thoraciques ont développé par la suite des douleurs dans la région lombo-sacrale, probablement à cause d’adaptations de l’allure modifiant les charges exercées.
➡️ 𝐑𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐛𝐥𝐞𝐬𝐬𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐦𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞𝐬
À l’origine, les chevaux ont été examinés pour inflammation, baisse de performance, boiterie, contrôle de routine ou évaluation en vue de la performance/vente. Plusieurs années plus t**d, ils ont été réexaminés.
Les blessures récurrentes étaient plus fréquentes chez les chevaux ayant des grades de boiterie élevés (2+ sur 5) (88 %) que chez ceux ayant des grades faibles (0 ou 1 sur 5) (55 %).
La blessure initiale, diagnostiquée lors du premier examen, a persisté tout au long de l’étude chez 57 % des chevaux.
‼️ 𝟗𝟎 % 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐯𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐲𝐚𝐧𝐭 𝐬𝐮𝐛𝐢 𝐮𝐧𝐞 𝐛𝐥𝐞𝐬𝐬𝐮𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐛𝐨𝐢𝐭𝐞𝐫𝐢𝐞 𝐚̀ 𝐮𝐧 𝐦𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞́ 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐫𝐞́𝐜𝐢𝐝𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐛𝐨𝐢𝐭𝐞𝐫𝐢𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐜𝐞 𝐦𝐞̂𝐦𝐞 𝐦𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐟𝐮𝐭𝐮𝐫. ‼️
𝑳𝒂 𝒅𝒆𝒔𝒎𝒊𝒕𝒆 𝒑𝒓𝒐𝒙𝒊𝒎𝒂𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝒔𝒖𝒔𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆𝒖𝒓 de l’antérieur est généralement causée par une surcharge aiguë, tandis que les cas du postérieur résultent plus souvent d’un stress répétitif combiné à une dégénérescence. Chez les chevaux de dressage, les mouvements avancés, l’extension extrême des articulations et le travail répétitif contribuent au taux élevé de cas sur les postérieurs.
𝑳𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒅𝒆 𝒍’𝒂𝒓𝒕𝒊𝒄𝒖𝒍𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒎𝒆́𝒕𝒂𝒄𝒂𝒓𝒑𝒐-𝒑𝒉𝒂𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒆𝒏𝒏𝒆 (𝒂𝒏𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓) 𝒐𝒖 𝒎𝒆́𝒕𝒂𝒕𝒂𝒓𝒔𝒐-𝒑𝒉𝒂𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒆𝒏𝒏𝒆 (𝒑𝒐𝒔𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓) ou du boulet, principalement dues à l’arthrose ou à une desmite des branches du suspenseur, sont courantes, notamment chez les chevaux de sport. Leur prise en charge inclut un suivi régulier, un parage adapté et des surfaces de travail appropriées.
➡️ 𝐋’𝐡𝐲𝐩𝐞𝐫𝐦𝐞́𝐭𝐫𝐢𝐞 𝐝𝐮 𝐦𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭
L’hypermétrie est une allure anormale caractérisée par un lever et une avancée exagérés des membres, causée par des troubles neurologiques (souvent cérébelleux) ou par une sélection génétique dans certaines races.
Dans l’étude, 43 % des chevaux présentaient une hypermétrie dès le départ, probablement sélectionnée chez les Warmbloods modernes de dressage pour produire des allures spectaculaires, bien qu’elle puisse imiter un dysfonctionnement neurologique.
La distinction entre les deux nécessite un examen neurologique. Les chevaux présentant à la fois hypermétrie et faiblesse musculaire obtenaient de moins bons résultats, avec seulement 47 % atteignant le niveau Prix St Georges, contre 81 % pour ceux ayant une locomotion normale.
‼️ Comprendre ces schémas est essentiel, car ils nous offrent de précieuses indications sur l’origine des déséquilibres et des asymmétries. En observant la réponse de tout le corps, et pas seulement les signes évidents, nous pouvons adapter le travail et le suivi pour aider nos chevaux à s’exprimer pleinement dans leur discipline. ‼️
__________________________
R𝐞́f𝐞́r𝐞n𝐜e𝐬
𝐵𝑜𝑎𝑑𝑜, 𝐴., 𝑃𝑜𝑙𝑙𝑎𝑟𝑑, 𝐷., & 𝐷𝑦𝑠𝑜𝑛, 𝑆. (2025). 𝐴 𝑟𝑒𝑡𝑟𝑜𝑠𝑝𝑒𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑠𝑡𝑢𝑑𝑦 𝑜𝑓 𝑡ℎ𝑒 𝑒𝑣𝑜𝑙𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑜𝑓 𝑜𝑟𝑡ℎ𝑜𝑝𝑎𝑒𝑑𝑖𝑐 𝑖𝑛𝑗𝑢𝑟𝑖𝑒𝑠 𝑖𝑛 70 𝑑𝑟𝑒𝑠𝑠𝑎𝑔𝑒 ℎ𝑜𝑟𝑠𝑒𝑠. 𝐴𝑛𝑖𝑚𝑎𝑙𝑠, 15(12), 1740. ℎ𝑡𝑡𝑝𝑠://𝑑𝑜𝑖.𝑜𝑟𝑔/10.3390/𝑎𝑛𝑖15121740
𝑅𝑜𝑒𝑝𝑠𝑡𝑜𝑟𝑓𝑓, 𝐶., 𝐼𝑚𝑜𝑔𝑒𝑛 𝐺𝑚𝑒𝑙, 𝐴., 𝐴𝑟𝑝𝑎𝑔𝑎𝑢𝑠, 𝑆., 𝑀𝑎𝑛𝑢𝑒𝑙 𝑆𝑒𝑟𝑟𝑎 𝐵𝑟𝑎𝑔𝑎𝑛𝑐̧𝑎, 𝐹., 𝐻𝑒𝑟𝑛𝑙𝑢𝑛𝑑, 𝐸., 𝑅𝑜𝑒𝑝𝑠𝑡𝑜𝑟𝑓𝑓, 𝐿., 𝑅ℎ𝑜𝑑𝑖𝑛, 𝑀., & 𝐴𝑛𝑑𝑟𝑒𝑎𝑠 𝑊𝑒𝑖𝑠ℎ𝑎𝑢𝑝𝑡, 𝑀. (2022). 𝑀𝑜𝑑𝑒𝑙𝑙𝑖𝑛𝑔 𝑓𝑜𝑟𝑒- 𝑎𝑛𝑑 ℎ𝑖𝑛𝑑𝑙𝑖𝑚𝑏 𝑝𝑒𝑎𝑘 𝑣𝑒𝑟𝑡𝑖𝑐𝑎𝑙 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒 𝑑𝑖𝑓𝑓𝑒𝑟𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑖𝑛 𝑡𝑟𝑜𝑡𝑡𝑖𝑛𝑔 ℎ𝑜𝑟𝑠𝑒𝑠 𝑢𝑠𝑖𝑛𝑔 𝑢𝑝𝑝𝑒𝑟 𝑏𝑜𝑑𝑦 𝑘𝑖𝑛𝑒𝑚𝑎𝑡𝑖𝑐 𝑎𝑠𝑦𝑚𝑚𝑒𝑡𝑟𝑦 𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒𝑠. 𝐽𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑜𝑓 𝐵𝑖𝑜𝑚𝑒𝑐ℎ𝑎𝑛𝑖𝑐𝑠, 137, 111097. ℎ𝑡𝑡𝑝𝑠://𝑑𝑜𝑖.𝑜𝑟𝑔/10.1016/𝑗.𝑗𝑏𝑖𝑜𝑚𝑒𝑐ℎ.2022.111097