28/06/2025
PARDE: Activité récréative avec les jeunes membres des clubs à Butembo
Dans le cadre du projet Tuhimizane kwa Mabadiliko (TUMA+), un programme visant à améliorer l'accès à l'information sur les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, une activité récréative a été organisée par l'organisation PARDE en date du 11 juin 2025 dans la ville de Butembo. Ces activités s'inscrivaient dans la stratégie globale du consortium pour atteindre les jeunes non scolarisés, population particulièrement vulnérable face aux obstacles d'accès à l'information et aux services de SSR.
Le contexte local se caractérise par des normes sociales néfastes, une faible disponibilité des services de santé reproductive et des taux élevés de violences basées sur le genre. Face à ce constat, l'organisation PARDE, partenaire clé du projet TUMA+, a initié ces activités récréatives comme moyen innovant de sensibilisation et de mobilisation des jeunes. L'approche "Jeune par Jeune et Jeune pour Jeune" a été privilégiée pour favoriser un engagement par les pairs et créer des relais d'information crédibles au sein même des communautés jeunes.
Les objectifs principaux de cette initiative étaient multiples. Il s'agissait tout d'abord de sensibiliser un large public aux questions de santé sexuelle et reproductive à travers des activités ludiques et attractives. Ensuite, le projet visait à recruter de nouveaux membres pour les clubs d'Éducation Complète à la Sexualité (ECS), ces espaces de discussion et d'apprentissage pour jeunes hors système scolaire. Un troisième objectif consistait à célébrer et rendre visibles les changements de comportement positifs observés chez les jeunes ayant terminé le cursus de formation. Enfin, l'événement cherchait à renforcer l'ancrage communautaire du projet en associant divers acteurs locaux.
La méthodologie employée a combiné plusieurs approches complémentaires. Un match amical a ouvert les festivités, opposant les facilitateurs des phases 4 et 5 du programme à ceux de la phase 6, créant ainsi une dynamique conviviale et compétitive. Les activités culturelles ont constitué le cœur de l'événement avec notamment des représentations théâtrales participatives abordant les stéréotypes de genre, des débats interactifs sur les droits en matière de SSR, et un concours "Génie en herbe" testant la connaissance du manuel ECS. Des témoignages poignants de "jeunes champions", ces modèles inspirants ayant transformé leurs comportements, ont particulièrement marqué les participants. La programmation incluait également des performances artistiques variées (chants, danses traditionnelles, slams) et s'est conclue par une cérémonie solennelle de couronnement des jeunes les plus engagés.
L'événement a rassemblé un public important et diversifié. Trente facilitateurs de clubs, répartis à raison de dix par zone de santé, ont encadré les activités. Environ 1 800 jeunes membres des clubs, dont 900 par zone de santé représentant les différentes phases du cursus ECS, ont activement participé aux différentes animations. La présence remarquée de leaders religieux, de cadres de base communautaires et de professionnels des médias a permis d'élargir la portée des messages diffusés.
Les résultats obtenus dépassent les attentes initiales. En termes de sensibilisation, plus de 900 jeunes ont été directement touchés par les messages clés sur la SSR, transmis à travers des supports adaptés et attractifs. Les témoignages personnels des "jeunes champions" ont particulièrement marqué les esprits en démontrant concrètement l'impact positif des clubs ECS sur les parcours de vie. Le volet recrutement a été un succès avec l'adhésion de 120 nouveaux membres aux différents clubs, séduits par l'approche dynamique et inclusive proposée. L'engagement communautaire s'est trouvé renforcé grâce à la participation active des leaders locaux qui se sont approprié les messages et se sont engagés à les relayer. Sur le plan des capacités, les facilitateurs ont pu affiner leurs techniques d'animation grâce aux retours constructifs des participants lors des différentes activités, particulièrement pendant les jeux de rôle et mises en situation.
Cependant, certains défis sont apparus lors de la mise en œuvre. Des difficultés logistiques ont émergé face à l'affluence imprévue de participants, nécessitant des ajustements de dernière minute. Certains thèmes sensibles, comme celui de l'avortement sécurisé, ont provoqué des résistances chez une minorité de participants, exigeant l'intervention de médiateurs expérimentés pour maintenir un dialogue constructif.
Au vu de ces résultats, plusieurs recommandations s'imposent pour les éditions futures. Il apparaît essentiel de pérenniser ces activités en les programmant trimestriellement pour maintenir l'engagement des jeunes. Le développement de partenariats avec des artistes locaux permettrait de créer des supports de sensibilisation durables (chansons thématiques, pièces de théâtre itinérantes). Une attention particulière devrait être portée au renforcement des capacités des facilitateurs dans la gestion des résistances culturelles. Enfin, la systématisation de la documentation des témoignages constituerait une base précieuse pour les actions de plaidoyer à venir.
En conclusion, ces activités récréatives ont démontré leur pertinence comme outil innovant de sensibilisation aux questions de santé sexuelle et reproductive. Elles ont permis de créer un espace sécurisé d'échange pour les jeunes tout en consolidant le réseau des clubs ECS comme plateforme d'éducation par les pairs. Le succès de cette première édition à Butembo milite en faveur de sa reproduction dans d'autres zones de santé, en s'appuyant sur les enseignements tirés de cette expérience pilote. Les annexes jointes à ce rapport (photographies des activités, listes des participants, fiches d'évaluation) attestent de la richesse et de la diversité de cet événement qui marque une étape importante dans la mise en œuvre du projet TUMA+.