25/02/2023
بسم الله الرحمان الرحيم اللهم صل على سيدنا محمد الفاتح لما أغلق والخاتم لما سبق ناصر الحق بالحق والهادي إلى صراطك المستقيم وعلى آله حق قدره ومقداره العظيم
((LA SORCELLERIE.
👉🏼« D’après Abou-Horeïra, l’Envoyé de Dieu a dit : « Abstenez-vous des choses funestes : l’attribution d’associé à Dieu et la magie. » » (Al-Bukhari, 1908-1914, t. IV, p. 86)
5_Cette division implicite de la magie en magie licite et en magie illicite a conduit Doutté à la conclusion suivante :
« Ainsi la magie pure a été accueillie officiellement par l’Islam, et la sorcellerie ici ne se distingue uniquement de la religion que parce qu’elle est interdite et n’est pas exercée au nom de Dieu. » (Doutté, 1908, p. 345)
6_Non sans raisons, il évite de présenter la magie et la sorcellerie comme faisant partie d’un système religieux étranger ou opposé à l’islam. Elles s’inscrivent, au contraire, dans l’islam, qu’elles soient considérées comme autorisées ou interdites. Dans ce dernier cas, en effet, leurs utilisateurs ne prétendent pas qu’il s’agit d’une religion différente mais tentent, au contraire, d’islamiser les rites auxquels ils recourent. En ce sens, quoique la sorcellerie puisse être considérée défavorablement, voire condamnée, elle se pose seulement comme un péché, et ses pratiquants ne cessent pas de se considérer musulmans, font la prière, le jeûne du mois de Ramadan et s’adressent à Allah pour qu’il les aide et efface leurs péchés, aujourd’hui comme à l’époque de Doutté. L’opinion des fondamentalistes est bien sûr fort différente. Circulent, en effet, au Maroc, des ouvrages proches du courant islamiste (par ex. Bali, 1983) ; publiés en Arabie saoudite, en Egypte ou au Liban, ils présentent la sorcellerie comme une pratique polythéiste en ce qu’elle recourt à d’autres forces que la force divine.
7_Néanmoins, se considérer musulman n’implique pas d’avoir des pratiques réellement orthodoxes. On verra que les rites utilisés pour le shūr s’inscrivent en fait hors du monde symbolique de l’islam, ce qui conduit à tempérer la portée du point de vue de Doutté. Il est vrai que la sorcellerie ne renvoie pas à un système religieux explicite ; cependant, le contenu exégétique des rites implique d’autres croyances que celles validées par le corpus coranique. L’apparentement relevé entre les cultes de possession au Maroc et dans d’autres régions de l’Afrique le suggérait déjà ; si l’existence des djinns est attestée par le Coran, la façon de s’entendre avec eux, la négociation et le sacrifice renvoient à une logique partagée par des sociétés non arabes et non islamisées. Sans doute, par une réaction excessive à la période coloniale, où les chercheurs tentaient de retrouver dans les manifestations religieuses observables une antique religion berbère (par ex. Basset, 1910), évite-t-on aujourd’hui d’interroger la provenance des rites magiques que l’on préfère ranger dans la catégorie « religion populaire ». Cette solution permet de signifier qu’ils sont étrangers à l’orthodoxie, tout en laissant entendre qu’ils peuvent néanmoins relever de l’islam comme formes corrompues. Or, les récents travaux de Ginzburg sur le sabbat ont montré que des rituels singuliers, apparemment isolés de tout contenu exégétique ou inclus dans d’autres systèmes symboliques, pouvaient être analysés comme les occurrences d’un même système de croyances, structurant en profondeur les pratiques observables. Ce système de croyances peut avoir une aire d’extension particulièrement large, découlant d’un processus diffusionniste (Ginzburg, 1992). Ginzburg reconnaît les dangers de cette conception généalogique (ibid., p. 211), mais celle-ci a l’avantage de proposer un cadre d’interprétation cohérent pour une collection de faits semblables qui, sans cela, seraient catalogués (par le chercheur) dans la classe des « aberrations locales », des « superstitions » ou de la « religion populaire ». Entre la « religion des Berbères18 » et l’islam corrompu, il existe sans doute un système de croyances plus vaste, possédant sa propre logique symbolique. Même si la description de ce système n’entre pas dans le cadre du présent travail, il convient d’en tenir compte afin de ne sous-estimer ni la cohérence des pratiques rituelles et des croyances étudiées ni la complexité des « bricolages » produits par l’imagination religieuse. Si, pour reprendre la distinction opérée par Lévi-Strauss (1985), l’ordre conçu des acteurs est un ordre musulman allant de l’orthodoxie à l’hétérodoxie, leur ordre vécu est un ordre complexe, une série de systèmes de croyances contiguës, entre lesquels se déplacent les acteurs, en essayant de donner une impression d’unité.
A SUIVRE.,...
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