
21/04/2025
Quand le thérapeute entre en transe partagée :
un phénomène aussi puissant que subtil
Aujourd’hui, en pleine séance d’hypnose, j’ai vécu un moment suspendu.
Pendant que j’accompagnais ma patiente, une sensation étrange et profondément apaisante m’a traversé. J’étais pleinement présent, connecté, calme. Comme si mon propre inconscient se mettait à l’unisson du sien.
Et après… une sorte de vertige, un frisson, une émotion soudaine.
Une envie de pleurer, une migraine. Un écho physique et émotionnel difficile à nommer.
Ce que j’ai vécu s’apparente à un phénomène qu’on appelle en psychologie clinique la transe partagée.
Qu’est-ce que la transe partagée ?
En hypnose, en psychothérapie ou même dans certaines pratiques énergétiques, il arrive que le thérapeute, en état d’écoute profonde et d’attention flottante, entre lui aussi dans un état modifié de conscience, bien que léger.
C’est une forme de synchronisation neuro-émotionnelle entre deux personnes, qui s’installe souvent inconsciemment.
D’un point de vue scientifique :
Ce phénomène serait lié à l’activation des neurones miroirs, qui permettent à notre cerveau de reproduire en nous, à bas bruit, ce que l’autre vit émotionnellement.
Il peut aussi s’expliquer par l’alignement des ondes cérébrales, en particulier lorsque les deux personnes sont en ondes alpha ou thêta (ondes typiques de la relaxation profonde et de la transe).
Et enfin, il touche à la co-régulation du système nerveux autonome, cette capacité que nous avons à nous apaiser mutuellement par la simple présence, la voix, la respiration.
En d’autres termes, lorsque le lien thérapeutique est fort, sincère, ancré dans la sécurité et l’écoute profonde, le praticien et le patient peuvent entrer ensemble dans un champ commun, une sorte d’espace psychique partagé.
Ce que cela provoque?
Pour le thérapeute, ce genre d’expérience peut être profondément émotive, voire bouleversante :
On ressent parfois une énergie qui traverse, un frisson ou des vagues de chaleur.
D’autres fois, un apaisement profond ou une fatigue soudaine.
Et après la séance, un contrecoup : émotions résiduelles, maux de tête, vertiges, comme si notre corps avait absorbé une partie de ce qui s’est joué.
Il ne s’agit pas d’un malaise, ni d’un problème.
Au contraire : c’est souvent le signe d’un moment hautement humain, sincère, thérapeutique dans les deux sens.
Mais cela demande aussi une conscience de soi, une capacité à revenir à son propre espace intérieur, pour ne pas se dissoudre dans l’autre.
Être thérapeute, c’est aussi traverser
Oui, nous accompagnons. Mais parfois, nous ressentons aussi.
Pas par projection, mais par présence. Par résonance.
Et dans ces moments-là, même si tout semble silencieux, quelque chose en nous est touché.
Et cela aussi, fait partie du soin.
Dr