04/05/2025
الاستشارة الطبية ليست موزة، ولا حبة بطاطا، ولا فنجان قهوة!
رسالة مفتوحة ضد الإهانة الموجهة إلى مهنة الطب
في الآونة الأخيرة، بدأ اختزال خطير ينتشر في الخطابات وعلى شبكات التواصل الاجتماعي : الحديث عن سعر الاستشارة الطبية وكأننا نتحدث عن سعر كيلو بطاطا، أو علبة فراولة، أو فنجان قهوة! حملة كانت تهدف في الأصل إلى ضبط أسعار المواد الأساسية، انحرفت لتتحول إلى حملة عبثية تُخضع الفعل الطبي لمنطق سوق الجملة!
قد يكون الأمر مضحكًا لولا أنه مؤشر مقلق على انحدار فكري، واحتقار للعلم، وتجاهل تام لماهية الطب.
إلى من يريد "تسعير" الاستشارة كما يُسعَّر الخضار، نطرح الأسئلة التالية:
كم يساوي التشخيص المبكر لسرطان؟
كم تساوي قرار سريري يمنع خطأ لا يمكن إصلاحه؟
كم تساوي راحة مريض خرج بجواب واضح بعد ليلة من القلق؟
كم تساوي 12 سنة من الدراسة، والمناوبات، والاختبارات، والتضحيات؟
كم تساوي مسؤولية كل كلمة قد تغير مصير إنسان؟
نعم، هناك تجاوزات. نعم، بعض الأفعال الطبية تُفرض بأسعار مبالغ فيها. نعم، توجد ممارسات تجارية غير مقبولة في بعض العيادات التي تُدار كأنها محلات تجزئة. ونعم، قطاع الطب ليس فوق النقد.
لكن ليكن لدينا الشجاعة لفضح هذه الانحرافات ومعالجتها من جذورها، دون تعميم ودون خلط بين أقلية فاسدة وأغلبية من الأطباء الذين يداوون، ويصغون، ويُطمئنون، وغالبًا ما يعملون في ظروف صعبة.
لا تخلطوا بين الإصلاح والانتقام الاجتماعي. للشعب الحق في طب مُتاح. هذا مبدأ أساسي. ويجب الإشادة بجهود الدولة في هذا المجال:
المجانية في المستشفيات العمومية (رغم كل ما يمكن قوله عنها).
التغطية الاجتماعية (وإن كانت في كثير من الأحيان غير كافية).
برامج التلقيح.
دعم المناطق المهمشة.
لكن، هذا لا يبرر إهانة الأطباء. ولا يعطي الحق لأي مؤثر أو ناشط رقمي أن يفرض تسعيرة الفحص السريري، أو أن يهاجم علنًا مهنة بأكملها.
هذا المناخ السام له تبعات خطيرة. كل يوم، يرحل أطباء أكفاء، شبابًا وشيوخًا، إلى حيث يُحترم عملهم وتُقدّر خبرتهم ولا يُشكك في كلمتهم من طرف من لم يقرأ سطرًا في علم وظائف الأعضاء أو في الأخلاقيات.
ليس الأمر رفاهية، بل غريزة بقاء مهني.
وإذا كان لا بد من تعديلات، فلتكن ضمن إطار قانوني: بالحوار، وبالتشاور مع الهيئات المختصة، وبآليات شفافة. لا من خلال الضجيج الإعلامي والارتجال.
وعلى الضمان الاجتماعي أن يتحمل مسؤوليته: إذا أردنا فعلاً تسهيل الولوج إلى العلاج، فليكن ذلك من خلال تعويض فعلي للفعل الطبي، لا من خلال التضحية الصامتة بالأطباء.
وفي الأثناء، ماذا يفعل مجلس الأطباء؟ أين ممثلوه في الإعلام؟ لماذا هذا الصمت حين يُعامل الطب كخدمة رخيصة؟ أين التوعية والدفاع الصريح عن قيمة الفعل الطبي؟
لا يمكن للمجلس أن يبقى جهازًا إداريًا جامدًا. يجب أن يكون قوة أخلاقية، جدار صد، وصوتًا ناطقًا باسم المهنة. حين تصبح الهجمات جماعية ومنهجية، يجب أن تكون الردود كذلك.
لا ندعو إلى التعالي ولا إلى تجاهل المعاناة الاجتماعية. ندعو إلى الاحترام المتبادل.
نعم للعدالة، لا للتشهير. نعم لحق الولوج للعلاج، لا لتحويل الطبيب إلى تاجر. نعم للنقد البناء، لا للإذلال العلني. نعم لتنظيم ذكي، لا لحملات الكراهية الموجهة بالشعارات والفيديوهات الشعبوية.
أيها الأطباء، لا تصمتوا أكثر. أنتم حاملو علم، وأخلاق، وعلاقة إنسانية تُريد موجات التافهين طمسها. لقد حان وقت الكلام، وقت التوضيح، وقت تفنيد المغالطات. لقد حان وقت التذكير أن بدون احترام من يداوي، تنهار الصحة العامة.
وأنتم، ممثلو المجلس، تحركوا. لا بخطابات داخلية. بل بكلمة واضحة، صلبة، كريمة. خاطبوا الشعب، واجهوا الإعلام، وارتقوا بمستوى النقاش الغارق في أخطر أشكال الشعبوية.
لأنه حين يأتي اليوم الذي لن يجد فيه المريض من يستمع أو يعالجه أو يتدخل... لن يكون رواد الشبكات من يُنقذه.
وعندها، سيكون الأوان قد فات.
الأستاذ الدكتور أ. بن ڨرّاح
"UNE CONSULTATION N'EST PAS UNE BANANE , NI UNE PATATE ENCORE MOINS UN POT DE CAFÉ " !
Lettre ouverte contre l’indignité faite à la médecine.
Depuis quelque temps, un dangereux raccourci se propage dans les discours et sur les réseaux sociaux : on parle du prix d’une consultation médicale comme on parle du prix d’un kilo de pommes de terre, d’une barquette de fraises ou d’un pot de café. Une campagne orchestrée dans le sillage des tentatives légitimes de stabilisation des prix des produits de première nécessité a dérapé vers l’absurde : désormais, l’acte médical lui-même est soumis à la logique du marché de gros.
Cela aurait pu faire sourire s’il ne s’agissait pas d’un symptôme inquiétant d’un nivellement intellectuel, d’un mépris de la science, d’un oubli complet de ce qu’est la médecine.
À ceux qui veulent “fixer le prix” d’une consultation comme celui d’un légume, posons la question :
Combien vaut un diagnostic précoce d’un cancer ?
Combien vaut une décision clinique qui évite une erreur irréversible ?
Combien vaut la tranquillité d’un patient qui, après une nuit d’angoisse, repart avec une réponse claire ?
Combien valent 12 années d’études, de gardes, d’épreuves, de mises à l’épreuve de soi ?
Combien vaut une responsabilité qui, à chaque mot prononcé, peut engager le destin d’un être humain ?
Soyons clairs : il y a des abus.
Oui, certains actes sont surfacturés.
Oui, il existe des pratiques commerciales inacceptables dans certaines cliniques parfois gérées comme des supérettes,
Oui, le secteur médical n’est pas exempt de critiques.
Mais que l’on ait le courage de nommer ces dérives et de les traiter à la racine, sans faire l’amalgame entre quelques brebis galeuses et l’ensemble d’un corps médical qui, chaque jour, soigne, écoute, rassure, et bien souvent, le fait dans des conditions de travail précaires.
Ne confondons pas réforme et vengeance sociale.
Le peuple a droit à une santé accessible. C’est un principe fondamental.
Et il faut saluer les efforts continus de l’État dans ce domaine :
— la gratuité totale dans les hôpitaux publics bien qu'il ya beaucoup de choses à dire dessus .
— la couverture offerte par la sécurité sociale bien que cette couverture est insuffisante le plus souvent .
— les programmes de vaccination,
— les dispositifs de soutien aux zones défavorisées.
Mais cela ne justifie pas l’humiliation des soignants. Cela ne permet pas à un influenceur ou à un agité du web de venir dicter le tarif d’un examen clinique, ou de jeter publiquement l’opprobre sur toute une profession.
Ce climat délétère n’est pas sans conséquence.
Chaque jour, des médecins compétents, jeunes et moins jeunes, font leurs valises et quittent le pays.
Ils vont là où leur travail est respecté, où leur expertise est valorisée, où leur parole médicale n’est pas mise en doute par des personnes qui n’ont jamais lu une ligne de physiologie ou d’éthique.
Ce n’est pas un choix de confort, c’est un réflexe de survie professionnelle.
Et s’il faut des réajustements, qu’ils se fassent dans le cadre légal.
Par le dialogue, par une concertation ouverte avec les instances professionnelles, par des mécanismes transparents. Pas à coups de buzz et d’improvisation.
Et que la Sécurité sociale prenne enfin ses responsabilités : si l’on veut améliorer l’accès aux soins, cela passe aussi par un vrai remboursement des actes médicaux, et non par le sacrifice silencieux des praticiens.
Et pendant ce temps, que fait l’Ordre des médecins ?
Où sont ses représentants sur les plateaux télé ?
Pourquoi ce silence quand la médecine est traitée comme un service au rabais ?
Pourquoi cette absence de pédagogie, de défense claire et forte de la valeur de l’acte médical ?
L’Ordre ne peut pas être une structure administrative figée. Il doit être une force morale, un rempart, un porte-voix.
Les attaques contre la profession, quand elles deviennent collectives et systématiques, appellent une réponse collective et institutionnelle.
Nous n’appelons pas à l’arrogance, ni au mépris de la détresse sociale.
Nous appelons au respect mutuel.
Oui à l’équité, non au lynchage.
Oui à l’accès aux soins, non à l’assimilation du médecin à un commerçant.
Oui à la critique constructive, non à l’humiliation publique.
Oui à une régulation intelligente, non à une campagne de haine orchestrée à coups de slogans et de vidéos virales.
Médecins, ne restez plus silencieux.
Vous êtes les garants d’un savoir, d’une éthique, d’une relation humaine que l’ère du buzz veut effacer.
Il est temps de parler, d’expliquer, de démonter point par point les arguments de ceux qui n’ont jamais vu une salle de garde ou soutenu une thèse de médecine.
Il est temps de rappeler que sans respect de ceux qui soignent, la santé publique elle-même se fragilise.
Et vous, représentants de l’Ordre, réagissez.
Pas par circulaire. Pas en coulisses.
Mais en prenant la parole publiquement, fermement, dignement.
Parlez aux citoyens, répondez aux médias, redonnez de la hauteur à un débat qui sombre dans le populisme le plus dangereux.
Car demain, quand il n’y aura plus assez de médecins pour écouter, pour soigner, pour intervenir…
Ce ne seront pas les agitateurs des réseaux qui prendront leur place.
Et là, il sera trop t**d.
Pr. A.BENGUERRAH