Florence de Coccola

Florence de Coccola Psychanalyste. Consultante secteur social et médico-social.

27/10/2025

Je sais exactement à quel moment j’ai compris que j’étais à ma place en tant que psychanalyste. Ce ne fut ni une décision spectaculaire, ni un choix soudain. Ce fut autre chose, quelque chose de plus lent, de plus intime, de moins triomphant : un assentiment silencieux. Une reconnaissance intérieure. Une place qui, loin d’être prise, s’est laissée rencontrer.
J’ai toujours pensé que l’on ne devient pas psychanalyste par vocation. Ce mot sonne trop religieux, trop héroïque, trop artificiel. On le devient peut-être par nécessité. Par fidélité à quelque chose qui nous traverse sans que nous sachions d’où cela vient. On le devient parce que l’on a éprouvé que la parole est une maison, parfois en ruine, parfois presque inhabitable… mais dont il reste toujours une porte à entrouvrir.
Ce n’est pas un métier. On peut être boulanger, maçon, professeur, avocat, infirmière. Mais psychanalyste… non. Ce n’est pas une profession que l’on coche dans une case administrative. C’est une manière de se tenir dans l’existence. Une éthique avant d’être une pratique. Une responsabilité avant d’être un faire. Une écoute avant d’être un dire.
Je me sens à ma place non parce que j’aurais la certitude de savoir. Au contraire : je me sens à ma place parce que je n’ai jamais prétendu détenir ce que l’autre ignorait. Je ne suis pas là pour expliquer la vie ; je suis là pour faire place à la vie dans ce qu’elle a de plus indomptable, de plus répété, de plus blessé aussi. Je suis là pour écouter ce qui, chez chacun, échoue d’abord à se dire. Ce qui passe par le tremblement d’une voix, le battement d’un silence, une phrase interrompue. Je suis là pour soutenir l’inavouable, pas pour le juger. Pour accueillir la honte, pas pour l’alimenter. Pour donner consistance au sujet, pas pour le diriger.

Je me souviens de cet homme de cinquante ans qui, lors de sa première séance, resta assis face à moi sans un mot. Trente-cinq minutes de silence. Un silence massif, compact, saturé de peur. Je l’entendais pourtant ce silence, je le sentais, il tremblait dans la pièce. Quand l’heure s’est terminée, il a dit seulement : « Ici, je crois que j’ai le droit de ne pas être fort. » À cet instant, je n’ai rien répondu. Aucun commentaire, aucune interprétation. Juste cette phrase déposée, presque fragile, qui venait dire davantage qu’un long récit. Je n’ai rien répondu parce que, déjà, il avait commencé à parler, non par les mots, mais par le geste même de venir, de se tenir debout face à lui-même. C’est cela, être psychanalyste : savoir entendre ce qui ne s’est pas encore formulé.

La psychanalyse m’a appris qu’il n’y a pas de hasard dans ce qui insiste. Que le symptôme n’est pas un ennemi à abattre, mais un message à traduire. Que chaque répétition douloureuse, chaque impasse, chaque survivance de douleur est un appel adressé à quelqu’un, un appel parfois enfoui, mais tenace. Freud l’a écrit avec une simplicité qui demeure une boussole : là où était le ça, le je doit advenir. Winnicott a ajouté que le sujet ne se déploie que lorsqu’il se sent suffisamment en sécurité pour exister sans menace. Et Lacan a ouvert la voie : l’inconscient est structuré comme un langage. Depuis, je sais que chaque être humain est une énigme vivante, non pas un problème à résoudre, mais un déploiement de sens à accueillir.

Il y a aussi cet enfant, huit ans, cabossé par une violence qu’il ne pouvait pas nommer. Un de ceux qui dessinent plutôt que parler. Il venait chaque semaine et plaçait sur la table toujours les mêmes trois figurines : un tigre, un fermier, et un petit garçon sans yeux. Semaine après semaine. Aucun récit. Juste ce rituel. Et puis un jour, il a mis le garçon dans la gu**le du tigre. Et il a murmuré, très bas : « C’est lui le père. » Le jeu venait de faire surgir la vérité avant les mots. Il n’y avait rien à interpréter trop vite, rien à expliquer. Seulement accompagner, tenir cet espace où enfin quelque chose de lui osait apparaître. L’écoute psychanalytique n’est pas un savoir sur l’autre ; elle est une fidélité à ce qui cherche à naître.

On dit parfois : mais comment supportes-tu de recevoir tant de souffrance ? Je réponds : je ne la supporte pas, je la reçois. Nuance essentielle. La souffrance de l’autre n’a pas besoin d’un mur mais d’une présence. Elle n’attend ni conseils ni solutions toutes faites. Elle attend un lieu. Une adresse. Quelqu’un devant qui déposer ce qui n’a jamais trouvé sa place. Être psychanalyste, c’est être ce lieu, pas un refuge confortable, non, mais un espace exact, tenu, rigoureux, où la parole ne se perd pas.
Être psychanalyste, c’est aussi consentir à l’impossible. Impossible de savoir à l’avance ce qui viendra, impossible de diriger un parcours psychique, impossible de prévoir le moment où un sujet rencontrera ce qu’il cherche. Impossible également de se protéger complétement : on est traversé, déplacé parfois, questionné souvent. Et pourtant, je m’y sens infiniment à ma place. Parce que cette impossibilité n’est pas un obstacle. Elle est la condition du vivant.
Je ne suis pas là pour rassurer. Je ne suis pas là pour conseiller. Je suis là pour soutenir un chemin de vérité. Une vérité singulière, jamais universelle. Une vérité qui n’est ni morale ni sociale, mais intime, profonde, parfois douloureuse, et pourtant libératrice. Quand quelqu’un entre dans mon cabinet, je ne cherche pas à savoir qui il devrait être, je cherche à entendre qui il est.

Il y a cette femme aussi, quarante-trois ans, incapable d’aimer sans s’effondrer. Elle disait qu’elle « devenait trop » ou « pas assez », qu’elle « fatiguait les autres », qu’elle « ne savait pas garder quelqu’un ». En vérité, elle était simplement amputée de son droit au désir. Enfant, on lui avait appris à se taire, à obéir, à ne rien vouloir. Elle avait confondu amour et effacement. Je n’avais pas à la consoler. Je devais lui permettre de se rencontrer enfin, de retrouver sa voix, celle qui, longtemps, avait manqué d’adresse. Ce qu’elle a trouvé dans l’analyse n’est pas un manuel de vie, mais un espace où elle a pu devenir auteur de son existence.

Je me sens à ma place quand je vois la parole faire son travail souterrain, quand je vois peu à peu un être se réconcilier avec lui-même. Non pas en devenant parfait, propre. Mais en devenant juste. En se tenant dans sa propre humanité, complexité comprise. Quand un analysant ose dire enfin ce qu’il a toujours craint d’entendre sortir de sa bouche, je sais que quelque chose est en train de naître.
Je me sens à ma place quand l’inconscient surgit, quand un lapsus éclaire une vie entière, quand une association libre relie le présent au passé avec une force inattendue, quand une répétition trouve son origine, quand l’autre ose se tenir au bord de ce qu’il fuyait.
Je me sens à ma place parce que je crois à la puissance du langage. Parce que je sais que parler, ce n’est pas bavarder : c’est chercher une voie. Chercher une vérité. Chercher une existence.

Je n’idéalise jamais la psychanalyse. Elle n’est pas miracle, elle n’est pas magie. Elle ne promet rien, sinon un travail. Et je crois que c’est sa grandeur. Elle ne confond pas soin et morale. Elle ne cherche pas à faire entrer les êtres dans des cases. Elle ne prétend pas rééduquer. Elle ouvre, elle ne ferme pas. Elle ne dicte aucune direction ; elle révèle ce qui, en chacun, cherche sa propre orientation.
Je me sens à ma place comme psychanalyste parce que je crois que la liberté existe, pas comme un slogan, comme une conquête fragile, exigeante, infiniment humaine. Une liberté qui ne nie pas l’histoire, mais la traverse. Une liberté qui sait d’où elle vient et qui pourtant choisit où aller. Une liberté qui ne nie pas l’inconscient mais dialogue avec lui.
Être psychanalyste, ce n’est pas guérir les autres. C’est les accompagner à se rencontrer. À s’entendre. À se relier. À se dire. À se choisir. Et parfois, à se relever.

Dans cette place silencieuse où je me tiens, je ne cherche pas à être admirée, ni aimée, ni indispensable. Je cherche seulement à être juste. Juste à ma place. Juste dans mon écoute. Juste dans ma présence. Juste dans mon engagement.
Et au fond, je crois que je fais ce travail pour une seule raison : parce que j’ai foi en l’humain. Profondément. Radicalement. Sans naïveté, sans illusion. Une foi simple : je crois que personne n’est condamné à répéter toujours la même douleur. Que chacun peut s’accorder cette possibilité inouïe : devenir sujet de sa propre vie.
Voilà pourquoi je me sens à ma place.

Texte de Florence de Coccola

L’éclat de l’humble ancolie : lorsque l’infime dialogue avec l’infiniSur les pentes sauvages et indomptées des montagnes...
29/10/2024

L’éclat de l’humble ancolie : lorsque l’infime dialogue avec l’infini

Sur les pentes sauvages et indomptées des montagnes du Cantal, la lumière du crépuscule s’étend délicatement sur les collines et les prairies alpines, colorant la terre et les roches d’une teinte d’or. Le soleil, immense fleur céleste aux pétales lumineux, s’abaisse lentement à l’horizon, enveloppant le paysage d’une douceur presque palpable. À cette heure où tout semble en suspension, où chaque contour se redéfinit sous l’éclat du couchant, le spectacle de la nature se révèle dans toute sa splendeur tranquille, une splendeur faite de contrastes et de paradoxes, entre l’immensité du ciel et les détails infimes qui peuplent le sol.

Là, parmi les herbes sauvages et les pierres couvertes de mousse, une petite ancolie d’un bleu profond s’épanouit en silence. Sa silhouette délicate et discrète se dresse au bord d’un sentier rocailleux, dans un coin de la montagne où peu de regards se posent. Sa couleur, douce mais intense, éclate comme une touche de poésie parmi la rudesse du paysage. La fleur, avec ses pétales gracieux et sa couronne fine, semble presque irréelle dans ce décor vaste et austère. Et pourtant, dans sa modestie et son humilité, l’ancolie se tient là, face au soleil, comme si elle participait à un dialogue secret, un échange silencieux avec le grand astre.

À cet instant, il y a une communion muette entre la petite fleur et le soleil. La petite ancolie fixe l’astre, observant la lumière qui, en s’éteignant, la recouvre d’une clarté douce et dorée. Elle est petite, minuscule, presque fragile sous l’immensité de la voûte céleste, mais elle se tient fière et droite, habitée par une force tranquille. Sa lumière est discrète, presque imperceptible, et pourtant elle rayonne, elle aussi, d’une présence unique, d’une intensité qui lui est propre, une intensité qui se révèle à ceux qui prennent le temps de la contempler.

Ce face-à-face entre la fleur et le soleil semble être un dialogue au-delà des mots, un moment où la grandeur de l’astre rejoint la beauté humble de la petite fleur. L’ancolie, enracinée dans la terre ancienne, contemple le ciel, non pas avec la prétention de rivaliser, mais avec l’audace tranquille de celle qui, sans artifice, assume pleinement sa beauté. Et dans cette rencontre, une voix intérieure semble s’élever en elle, un murmure presque imperceptible mais infiniment profond : « Moi aussi, j’ai mes rayons. »

À travers cette affirmation silencieuse, la fleur revendique sa place, son éclat, sa dignité. Elle ne cherche pas à égaler l’astre, elle ne tente pas d’en absorber la grandeur ; elle sait qu’elle est autre, unique dans sa simplicité. Son éclat est certes modeste, mais il est pur et entier. Elle existe, elle brille, même si son rayon ne touche que ceux qui s’arrêtent pour la voir. Dans cette existence modeste et discrète, l’ancolie célèbre la force d’une beauté qui n’a rien à prouver, qui n’a rien à conquérir.

La petite ancolie est comme une leçon silencieuse offerte à ceux qui passent près d’elle. Elle nous rappelle que chaque être, chaque existence, aussi infime soit-elle, possède en elle une lumière, une singularité qui mérite d’être vue, d’être reconnue. Elle nous montre que la grandeur ne réside pas dans l’immensité ou l’éclat ostentatoire, mais dans l’authenticité, dans la capacité à être pleinement soi, même si cela reste ignoré de tous. Cette humble fleur, au bord du sentier, vit sa beauté sans besoin de regard, sans besoin de reconnaissance. Elle est là, simplement, mais pleinement.

Dans ce moment, la fleur semble toucher à quelque chose de l’essence même de l’existence. Elle révèle que la vie, même dans sa forme la plus discrète, porte en elle une force, une lumière qui participe au grand tout. Cette petite ancolie, en fixant le soleil, incarne l’acceptation sereine de sa propre fragilité. Elle sait qu’elle est petite, qu’elle est éphémère, et pourtant, elle se tient là, sans peur, sans regret. Elle est à la fois humble et audacieuse, ancrée dans la terre et tournée vers le ciel.

La fleur nous enseigne également l’art de la contemplation. Dans sa posture silencieuse face au soleil, elle nous invite à ralentir, à poser un regard attentif sur ce qui nous entoure, à reconnaître la beauté là où elle se trouve, sans la juger ni la comparer. Elle nous montre que la contemplation n’est pas une passivité, mais une forme de présence, une manière d’embrasser le monde avec un regard neuf, sans chercher à posséder, sans chercher à dominer. Regarder l’ancolie, c’est apprendre à voir avec le cœur, à sentir la beauté même dans ce qui semble minuscule et ordinaire.

Par son murmure, la petite fleur ne fait pas preuve d’arrogance. Au contraire, elle exprime une reconnaissance envers le soleil, qui lui permet d’exister, de rayonner à sa manière. Dans son énoncé, existe l’acceptation de ce qu’elle est, l’acceptation de sa petitesse mais aussi de sa beauté. Elle n’a rien à envier au grand astre, car elle sait que sa lumière, bien que modeste, est une lumière authentique, une lumière qui éclaire ceux qui s’arrêtent pour la voir, ceux qui prennent le temps de la contempler.

Ainsi, cette humble ancolie, perdue au cœur des montagnes, devient une métaphore de la condition humaine. Elle nous rappelle que chacun de nous porte en lui une lumière, une beauté qui, même discrète, même modeste, a sa place dans l’immensité du monde. Elle nous invite à embrasser notre propre éclat, à accepter nos faiblesses, nos fragilités, à reconnaître que nous n’avons pas besoin d’être grandioses pour exister pleinement. Nous pouvons être, simplement, et dans cette simple existence réside une beauté infinie.

Au fur et à mesure que le soleil disparaît derrière l’horizon, la petite ancolie se retrouve baignée dans les dernières lueurs du jour. Elle est désormais seule, mais elle n’a pas besoin de plus. Elle a contemplé la lumière, elle a senti sa chaleur, elle a partagé un instant d’éternité avec l’astre du jour. Et maintenant, dans la fraîcheur de la nuit qui s’installe, elle se retire dans son silence, consciente de sa beauté, de sa lumière intérieure.

Dans cette scène simple et entière, l’ancolie nous enseigne que la grandeur n’a rien à voir avec la taille ou l’éclat. Elle réside dans la capacité à être soi, dans l’acceptation de sa propre lumière, de son propre chemin. La fleur, dans sa modestie, nous montre qu’il n’est pas nécessaire d’être vu de tous pour exister pleinement. Il suffit d’embrasser ce que l’on est, de laisser son éclat se déployer, sans crainte, sans honte.

Et ainsi, au bord de ce sentier des montagnes du Cantal, la petite ancolie, dans son dialogue silencieux avec le soleil, devient l’expression même de l’humilité et de la beauté de la vie. Elle est un rappel que, même dans l’infime, même dans l’ordinaire, il existe une lumière qui vaut d’être célébrée. Elle nous rappelle que chaque vie, chaque être, porte en lui une étincelle, une part de cette grande lumière qui éclaire le monde.

Texte de Florence de Coccola

La solidité intérieure : l’art de construire un sentiment de soi inébranlableIl existe, pour chacun de nous, un espace i...
26/10/2024

La solidité intérieure : l’art de construire un sentiment de soi inébranlable

Il existe, pour chacun de nous, un espace intérieur qui est source de force et de paix, une sorte de refuge, de solidité inébranlable. Mais cet espace n’est pas donné d’emblée ; il se construit et se développe par une recherche subtile et profonde, celle du « sentiment de soi ». Avoir un sentiment de soi, c’est bien plus qu’une simple conscience de qui l’on est. C’est une racine invisible qui nous relie à nous-mêmes, à notre essence, une assurance intérieure qui ne se laisse pas ébranler par les aléas du monde extérieur. Ce sentiment de soi devient la base d’une solidité qui résiste aux tempêtes, une ancre qui nous maintient debout lorsque tout semble vaciller.

Dans un monde où nous sommes constamment sollicités, influencés, et parfois même écrasés par des attentes extérieures, il est essentiel de cultiver cette solidité intérieure. Développer un sentiment de soi, c’est apprendre à se connaître, à s’accepter, à s’aimer d’une manière profonde et sincère. C’est reconnaître en nous une valeur qui ne dépend ni du regard des autres ni des circonstances extérieures. Cette solidité ne se construit pas dans le but d’être impénétrable ou insensible, mais pour devenir un point de stabilité d’où l’on peut accueillir le monde avec calme et ouverture.

Pour atteindre ce sentiment de soi, il faut d’abord se familiariser avec soi-même, avec toutes les facettes de notre être, même celles que nous avons tendance à dissimuler, à éviter. Nos faiblesses, nos peurs, nos désirs inavoués font partie de ce que nous sommes. Les accueillir, les comprendre, les accepter, c’est apprendre à se regarder avec douceur et bienveillance. La solidité intérieure ne vient pas de la perfection, mais de l’authenticité, de cette capacité à nous accueillir tels que nous sommes, sans nous juger, sans chercher à correspondre aux attentes ou aux jugements extérieurs.

Ce sentiment de soi, cette solidité intérieure, se nourrit de l’introspection, de moments de solitude, de cette capacité à écouter notre propre voix, notre propre intuition. Il est parfois nécessaire de se retirer du tumulte du monde, de s’accorder des instants de silence, de contemplation, pour entendre ce que notre être profond a à nous dire. La solidité intérieure se construit dans ces moments d’intimité avec soi-même, où l’on se recentre, où l’on se reconnecte à nos valeurs, à nos aspirations, à ce qui fait sens pour nous.

En cultivant ce sentiment de soi, nous apprenons à être moins dépendants des validations extérieures, moins vulnérables aux critiques, aux échecs, aux comparaisons. Nous réalisons que notre valeur n’est pas négociable, qu’elle ne dépend pas de notre réussite ou de l’opinion des autres. Nous découvrons en nous une source de force qui nous permet d’avancer avec confiance, même dans les moments de doute ou d’incertitude. Cette solidité ne signifie pas que nous ne ressentons plus la peur ou la tristesse, mais que nous avons en nous la stabilité nécessaire pour traverser ces émotions sans nous effondrer.

Développer un sentiment de soi, c’est aussi apprendre à poser des limites, à dire non quand il le faut, à ne pas se laisser envahir ou influencer par des attentes qui ne correspondent pas à ce que nous sommes. C’est oser être fidèle à soi-même, même si cela signifie aller à contre-courant. Cette solidité intérieure nous permet de rester ancrés dans nos convictions, de nous respecter, de ne pas nous perdre dans des rôles ou des apparences que la société ou notre entourage pourrait vouloir nous imposer.

Il y a une dimension profondément humaine dans ce sentiment de soi. Il ne s’agit pas de se construire une forteresse impénétrable, mais d’être capable de rester soi-même, ouvert au monde et aux autres, sans se trahir, sans se renier. C’est avoir la force d’aimer, de partager, de donner, tout en restant connecté à soi, sans se diluer, sans perdre cette essence qui nous rend uniques. La solidité intérieure n’est pas un retrait du monde, mais une manière d’y être pleinement présent, d’y participer avec authenticité, sans crainte de perdre notre intégrité.

Cette solidité intérieure nous permet aussi de faire face aux tempêtes de la vie avec une sérénité nouvelle. Les épreuves, les pertes, les échecs ne nous anéantissent plus, car nous avons en nous cette racine profonde qui nous soutient, cette ancre qui nous rappelle que notre valeur, notre être, ne dépendent pas des circonstances extérieures. Cette solidité est une forme de liberté, une liberté d’être soi, une liberté d’avancer dans la vie sans se laisser submerger par les aléas et les jugements.

En développant ce sentiment de soi, nous apprenons aussi à cultiver une forme de paix intérieure. Nous ne sommes plus en guerre avec nous-mêmes, nous ne cherchons plus à atteindre une perfection illusoire, nous n’avons plus besoin de nous prouver quoi que ce soit. Cette paix intérieure, cette solidité, nous permettent de nous ouvrir au monde, aux autres, avec une bienveillance profonde, car nous ne sommes plus dans la peur ou la comparaison, mais dans l’accueil de ce qui est, dans l’acceptation de la diversité des chemins, des expériences, des êtres.

Construire ce sentiment de soi est un chemin qui demande du temps, de la patience, de la persévérance. C’est un travail quotidien, un engagement envers soi-même, une promesse de se respecter, de se chérir, de se soutenir. Ce n’est pas un aboutissement, mais un processus, une exploration de plus en plus profonde de qui nous sommes. Cette solidité intérieure est une œuvre en perpétuelle évolution, un jardin que l’on cultive avec soin, avec amour, avec attention.

En fin de compte, développer un sentiment de soi, c’est devenir son propre refuge, son propre point de stabilité. C’est se donner les moyens d’accueillir la vie, avec ses joies et ses peines, sans se perdre, sans se laisser dévorer par l’extérieur. C’est trouver en soi cette force tranquille, cette source d’amour inconditionnel qui nous permet de marcher dans le monde avec confiance, avec sérénité, avec la certitude que, quoi qu’il arrive, nous avons en nous cette solidité, ce lien indéfectible avec notre être.

La solidité intérieure, ce sentiment de soi, est l’essence même de la liberté. Elle nous permet de rester nous-mêmes, d’être fidèles à nos valeurs, à notre vérité, à ce qui nous fait vibrer. Elle nous donne la force d’affronter la vie sans crainte, de nous ouvrir aux autres sans nous perdre, d’aimer sans nous oublier. En cultivant ce sentiment de soi, nous découvrons une force qui ne peut être attaquée, une paix qui ne peut être brisée, un amour pour nous-mêmes qui nous accompagne et nous soutient, quoi qu’il advienne.

Texte de Florence de Coccola

La peur de la vie : là où l’espoir et la répétition se confrontentIl existe dans l’expérience humaine une peur qui s’enr...
26/10/2024

La peur de la vie : là où l’espoir et la répétition se confrontent

Il existe dans l’expérience humaine une peur qui s’enracine plus profondément que celle de la mort : celle de vivre, jour après jour, sans que rien ne change, sans que rien ne fasse vibrer l’âme. Ce n’est pas la fin de l’existence qui terrifie autant que la possibilité de traverser la vie comme on traverse un désert sans horizon, un espace où chaque jour ressemble au précédent, comme un cycle sans fin de luttes, de déceptions et de douleurs. Cette crainte n’est pas celle d’une perte, mais celle de l’immobilité, d’un piège invisible où les jours se fondent les uns dans les autres, sans promesse de renouveau.

Se réveiller, chaque matin, avec le poids des mêmes batailles à mener, des mêmes douleurs à porter, est une peur sourde, presque intangible, mais profondément ancrée en nous. Il y a dans cette répétition une fatigue de l’être, une sorte d’épuisement qui dépasse la simple lassitude. Car ce qui épuise vraiment, ce n’est pas tant l’effort que l’absence de sens, la sensation que cet effort mène à un horizon figé, un avenir sans éclat.

Dans cette peur de la vie, il y a aussi un sentiment de désespoir, un désespoir silencieux, presque résigné, qui s’accompagne d’un désir puissant, presque brûlant, de quelque chose de différent, de quelque chose qui viendrait briser cette monotonie, donner du sens à l’effort. Ce désir, c’est celui d’une rupture, d’un mouvement, d’un signe que la vie est plus que cette suite ininterrompue de jours identiques. C’est un appel à la vie elle-même, un appel à être surpris, bouleversé, emporté par quelque chose qui transcende l’ordinaire.

Cette crainte de la vie nous touche tous, car elle parle de cette quête humaine universelle pour trouver un sens, pour sentir que chaque jour compte, que chaque instant apporte quelque chose de nouveau, de significatif. Nous cherchons à remplir ce vide qui, autrement, semble s’agrandir à mesure que le temps passe. Nous rêvons d’échapper à ce cycle où la vie ne fait que refléter une suite d’obligations et de souffrances, un cycle où l’on ne fait que survivre au lieu de vivre.

Et pourtant, la vie, avec toute sa répétition, contient en elle une promesse, celle d’une possibilité de transformation. Si chaque jour semble identique, ce n’est peut-être pas parce que la vie est monotone, mais parce que nous l’approchons avec un regard lassé, avec des attentes déjà définies. La peur de la vie est aussi la peur de découvrir ce que cette vie pourrait être si l’on osait s’ouvrir à elle, si l’on osait l’habiter pleinement, même dans la banalité, même dans la douleur.

Il existe une forme de courage dans l’acceptation de la vie telle qu’elle est, dans cette capacité à embrasser chaque jour, non pas comme une répétition, mais comme une opportunité de percevoir l’ordinaire différemment. La répétition, alors, n’est plus un piège, mais un chemin. C’est peut-être là que réside le véritable défi : ne pas fuir la vie par crainte de sa répétition, mais apprendre à regarder ces moments récurrents avec un regard renouvelé, avec la curiosité de celui qui sait que, même dans l’ordinaire, même dans la douleur, il peut y avoir des trésors cachés.

Ce désir de briser la monotonie de la vie est aussi un appel à la créativité. Il nous pousse à inventer, à rêver, à imaginer d’autres façons d’exister, d’autres manières de percevoir la réalité. Ce désir n’est pas une faiblesse, mais une force. C’est un moteur qui nous pousse à questionner, à chercher, à explorer des chemins différents, même dans les espaces les plus familiers de notre quotidien. Nous avons en nous cette capacité à transformer l’ordinaire en quelque chose d’extraordinaire, à voir, dans chaque détail, la promesse d’une vie plus riche, plus intense.

Dans cette peur de la vie, il y a finalement un espoir, un espoir que la vie elle-même puisse être autre chose qu’une simple répétition. Cet espoir est ce qui nous garde vivants, ce qui nous pousse à avancer, même lorsque les jours se ressemblent. Il est la force qui nous anime, même dans les moments de doute, même lorsque l’horizon semble obscurci. Cet espoir, c’est la reconnaissance que, malgré la fatigue, malgré la douleur, la vie conserve une part de mystère, une part de beauté, une possibilité de transformation.

Alors, peut-être que tout réside dans notre manière de regarder la vie, dans notre capacité à voir, au-delà de la monotonie apparente, chaque instant. Car la vie, même dans sa répétition, même dans sa simplicité, offre des instants de grâce, des moments de vérité où l’on se sent soudain en accord avec ce qui est, avec ce que l’on est. Ces moments ne sont pas toujours grandioses ; parfois, ils sont discrets, cachés dans les gestes les plus ordinaires. Mais ils sont là, et ils sont la preuve que la vie, même dans sa forme la plus simple, a du sens.

La peur de la vie, au fond, est une peur de se perdre dans l’insignifiance, de ne pas trouver de raison à cette existence. Mais cette peur, si elle est acceptée, si elle est accueillie, peut devenir une invitation à la réflexion, à la quête, à une vie vécue plus intensément. Car c’est justement dans cette quête de sens, dans cette exploration de ce que la vie peut offrir, que nous trouvons notre humanité, notre profondeur. La peur de la vie nous rappelle que nous ne sommes pas ici pour simplement traverser les jours, mais pour les habiter pleinement, pour en ressentir chaque nuance, pour en saisir chaque émotion.

Ainsi, la vraie crainte de l’existence n’est pas un fardeau à éviter, mais une voix intérieure qui nous appelle à une vie plus vraie, plus proche de nous-mêmes. Elle est un rappel que la vie ne se résume pas à la survie, mais qu’elle est une opportunité d’épanouissement, une opportunité de découvrir qui nous sommes vraiment, au-delà des peurs, des doutes, des répétitions. La peur de la vie est un appel à sortir de l’ombre, à rencontrer ce qui nous anime, ce qui nous donne la force de continuer malgré tout.

En fin de compte, cette peur de la vie, si profonde et si humaine, est peut-être le premier pas vers une existence pleine et véritable, une existence où chaque jour, même dans sa répétition, peut devenir une étape vers une compréhension plus profonde, une paix plus durable. Car il n’est pas nécessaire que la vie change radicalement pour que nous en percevions la beauté. Parfois, c’est notre regard qui doit se transformer, notre cœur qui doit s’ouvrir à la simplicité, à la fragilité de chaque instant.

Et dans cette acceptation de la vie telle qu’elle est, avec ses luttes, ses déceptions, ses douleurs, nous découvrons une forme de liberté, une forme de paix. Ce n’est plus la fuite qui nous motive, mais l’accueil. Ce n’est plus la peur qui nous guide, mais l’acceptation. Alors, la vie, même dans sa répétition, devient un espace où chaque jour est une chance, une possibilité de trouver, au-delà des peurs et des doutes, une sérénité profonde, une joie discrète, mais infiniment précieuse.

Texte de Florence de Coccola

La tendresse pour les êtres fragiles : là où l’humanité se révèleIl existe, dans le regard que nous portons sur les autr...
26/10/2024

La tendresse pour les êtres fragiles : là où l’humanité se révèle

Il existe, dans le regard que nous portons sur les autres, une tendresse particulière qui naît face à ceux dont l’humanité se manifeste dans toute sa fragilité. Ce n’est pas la force qui inspire cette tendresse, ni la maîtrise de soi, ni même la réussite. Ce qui éveille en nous cet élan de douceur, cette bienveillance profonde, c’est cette vulnérabilité que l’autre laisse entrevoir, ce moment où il n’est plus armé, plus protégé. Là, dans l’angoisse ou dans une faille qu’il ne peut dissimuler, il y a une lumière, une sincérité qui nous touche au cœur, qui parle directement à notre propre humanité.

La fragilité humaine est un miroir qui nous renvoie notre image dans ce qu’elle a de plus universel, de plus brut. Elle n’est pas un signe de faiblesse, mais l’expression de cette part de nous-mêmes que nous tentons souvent de cacher, cette part qui cherche à être vue, à être entendue, à être comprise. Dans la société actuelle, on valorise la force, la résilience, l’apparente invulnérabilité. Mais c’est un masque, une protection. Car au fond de chaque être réside une profondeur sensible, une faille que l’on garde souvent pour soi, et qui ne se dévoile qu’en de rares occasions, lorsque l’armure se fend, lorsque l’âme, même involontairement, se laisse apercevoir.

Cette tendresse que nous ressentons pour ceux qui se montrent dans leur fragilité est une reconnaissance mutuelle. En les voyant, c’est comme si nous touchions du doigt quelque chose de fondamental, une vérité que nous partageons tous. L’humanité, loin d’être une perfection sans faille, est un ensemble d’instants, d’émotions, de doutes, d’anxiétés. C’est cette part d’ombre et de lumière qui nous rend vraiment humains. La fragilité de l’autre résonne avec la nôtre, et c’est là que naît cette tendresse. Elle est le pont qui relie les êtres dans une reconnaissance silencieuse, une compréhension qui va au-delà des mots.

Lorsque nous sommes témoins de la fragilité de l’autre, nous entrons dans une intimité qui n’est pas celle de la proximité physique, mais celle de l’âme. Nous voyons l’autre non pas comme un être lisse et parfait, mais comme un être traversé par les mêmes tempêtes que nous. Cette humanité que l’on perçoit dans la faiblesse de l’autre éveille en nous un désir d’apporter du réconfort, de la douceur. Elle nous appelle à être bienveillants, à approcher l’autre avec précaution, comme on s’approcherait d’un être blessé, avec cette délicatesse qui révèle le respect de sa dignité.

Il y a une beauté singulière dans la fragilité. Elle n’est pas celle que l’on peut afficher ou vanter. Elle ne cherche ni approbation ni louanges, car elle est silencieuse, intime, cachée. La fragilité est ce que l’on montre souvent sans le vouloir, ce qui se révèle dans un moment de faiblesse, dans un regard qui se trouble, dans un soupir qui trahit une peine enfouie. C’est cette part de nous-mêmes qui ne se mesure pas, qui ne se prouve pas, qui ne cherche pas à convaincre. Elle est, tout simplement, la trace de notre passage, de nos batailles, de nos rêves déçus, de nos espoirs fragiles.

Quand l’autre se montre fragile, il nous offre un cadeau rare, un moment de vérité qui éveille en nous une tendresse profonde. Ce n’est pas une faiblesse à exploiter, mais une humanité à embrasser. La tendresse qui s’élève en nous dans ces instants est un appel à l’empathie, à la compassion, à cette reconnaissance mutuelle qui nous rappelle que, malgré les apparences, nous partageons les mêmes doutes, les mêmes peurs, les mêmes besoins de réconfort.

Dans un monde où tout semble aller si vite, où les relations se tissent et se défont à la hâte, il est rare de pouvoir observer l’autre dans ce qu’il a de plus vulnérable. Pourtant, c’est là que naissent les liens les plus sincères, les plus profonds. C’est là, dans cette faille, dans ce moment de sincérité brute, que l’on perçoit la véritable essence de l’autre. Et c’est là aussi que notre propre humanité se réveille, que nous nous souvenons que nous sommes tous en quête de tendresse, de reconnaissance, d’acceptation.

La fragilité nous rend accessibles, ouverts, réceptifs. Elle est un langage universel, une invitation à la rencontre. Elle transcende les différences, efface les préjugés, et nous rappelle que, sous les couches d’armure et de défense, il y a cette part de nous qui a peur, qui doute, qui aime et qui souffre. C’est cette part qui nous rend beaux, qui nous rend touchants, qui nous rend profondément humains.

Et dans ces moments de fragilité de l’autre, quelque chose en nous se met à l’écoute. Nous devenons attentifs, nous abaissons nos propres barrières pour rencontrer cet autre dans sa vérité. Nous cessons de juger, de classer, de comparer. Nous sommes simplement là, présents, avec cette tendresse qui n’a pas besoin de mots, cette compréhension qui se passe d’explications. La fragilité de l’autre éveille en nous le désir d’offrir une présence sincère, d’être là, de tendre la main sans chercher à corriger, à réparer, mais simplement à accompagner.

Il y a quelque chose de profondément poétique dans cette tendresse qui s’éveille face à la vulnérabilité de l’autre. Elle est comme un murmure, un souffle qui traverse les cœurs et les relie. Elle est ce qui reste lorsque les masques tombent, lorsque les armures se brisent, lorsque l’être se révèle dans son intégrité, avec ses peines, ses joies, ses peurs et ses rêves. Elle est la reconnaissance de cette humanité partagée, de cette même lumière fragile qui brille en chacun de nous.

La tendresse pour les êtres fragiles est une invitation à cultiver la douceur, à comprendre que notre humanité n’est pas dans la perfection ou la force, mais dans cette capacité à ressentir, à aimer, à comprendre, même dans la douleur. Elle nous rappelle que l’amour véritable, celui qui embrasse sans condition, ne cherche pas à transformer, mais à accepter l’autre tel qu’il est, dans toute sa beauté imparfaite, dans toute sa vérité.

Cette tendresse est une forme de respect pour les cicatrices invisibles, pour les douleurs que l’autre porte en silence, pour les combats qu’il mène sans en parler. Elle est la reconnaissance de ce que chacun de nous porte en lui une histoire, un parcours, des blessures qui nous ont façonnés, des peines qui nous ont appris la douceur, des épreuves qui nous ont ouverts aux autres.

Ainsi, ressentir de la tendresse pour les êtres fragiles, c’est honorer leur courage, leur résilience, et leur humanité. C’est se souvenir que nous sommes tous, à notre manière, fragiles et que cette fragilité, loin d’être une faiblesse, est ce qui nous rend touchants, ce qui nous rend beaux. C’est un acte d’amour silencieux, un hommage à cette lumière intérieure qui, même vacillante, continue de briller.

Texte de Florence de Coccola

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