
02/01/2025
Cher Monsieur Fatome,
En cette nouvelle année 2025, je tenais à souhaiter à la Sécurité Sociale, que dans ma lettre vous représentez en tant que son Directeur, tous les vœux de Santé que son grand âge justifie.
L'âge aurait tendance à la rendre aigre dans ses sentiments, et ses résolutions pour l'année nouvelle pourraient être de rendre les professions médicales attractives, non plus par l'enfermement dans des Conventions obligées, mais bien dans des Conventions librement consenties.
S'il on résume l'attractivité que tente d'apporter la vieille dame bientôt octogénaire aux jeunes et aux moins jeunes valeureux soignants dont nos concitoyens ont prime besoin, celle-ci se résume en une somme d'interdictions ici énoncées pour la seule médecine, bien que tous les soignants puissent trouver dans ces affirmations une part de leur vérités propres.
Interdiction aux médecins conventionnés en secteur 1 d'appliquer des honoraires libres, hors même qu'ils s'agit de professionnels indépendants et que, de l'aveu même de la Sécurité Sociale, ces bas honoraires sont guidés par l'incapacité de sa part de les augmenter, faute d'efficience dans sa gestion budgétaire.
Interdiction aux médecins conventionnés en secteur 1 de passer en secteur 2 où les honoraires "libres" existent encore, alors même qu'au départ, les médecins étaient libres de choisir leur secteur conventionnel et de changer régulièrement pendant leur activité professionnelle.
Interdiction progressive d'avoir des honoraires libres pour les médecins en secteur 2 à honoraires libres, puisqu'on les somme de restreindre chaque année un peu plus leurs compléments d'honoraires, sans augmenter les honoraires de base remboursés par la Sécurité Sociale défaillante.
Interdiction aux patients consultant un médecin exerçant hors Convention de se voir prendre en charge ses honoraires de consultations, malgré des cotisations sociales gargantuesques qui consument son pouvoir vivre en autonomie, prélevées de manière non consentie et avant même que de payer la solidarité nationale via l'impôt.
Vous avez d'ailleurs tenté publiquement, vous, Directeur de la Sécurité Sociale, d'interdire aux patients de consulter les médecins exerçant hors Convention, en interdisant la prise en charge de leurs prescriptions, interdisant ainsi tout simplement à des médecins diplômés et régulièrement inscrits à l'Ordre des médecins de travailler en France et de soigner les Français.
Interdiction aux médecins qui feraient le choix de sortir de la Convention d'y revenir avant deux ans... Si tant est qu'ils en soient seulement tentés !
Interdiction aux jeunes médecins d'envisager l'exercice libéral en s'installant dans le cadre conventionnel, de part ce cumul de mesures plus dissuasives les unes que les autres, et qu'aucun forfait ne saurait racheter, sans dégrader l'éthique de ces jeunes et talentueux soignants dont les Français ont pourtant tant besoin.
Ainsi donc en regard, les résolutions de la Sécurité Sociale pour la nouvelle année et pour les décennies à venir seraient donc de rendre attractive la Convention en faisant en sorte que les médecins n'y soient pas enfermés et n'y restent pas du fait d'un syndrome de Stockholm inconscient. Faites en à nouveau des partenaires pour le bien être de la société.
Rendez aux médecins la liberté de choisir de collaborer avec votre projet dans la Convention...
La Sécurité Sociale doit cesser de maintenir les médecins emprisonnés dans la Convention en revenant sur sa décision récente, marque de sa fébrilité, d'interdire à tout médecin décidant de partir, de pouvoir revenir collaborer avec elle avant deux ans...
La Sécurité Sociale doit cesser de différencier les remboursements des consultations et prestations aux malades en fonction d'un enfermement conventionnel obligé. Seul le diplôme, commun à tous les médecins exerçant en France, doit conditionner ce remboursement.
La Liberté retrouvée des médecins pourra alors permettre à la Sécurité Sociale, comme du temps des premières Conventions nationales des années 1960, de faire adhérer ses partenaires médicaux par engouement idéaliste et avantages conventionnels, plutôt que par enfermement et menaces psychologiques. À elle alors d'imaginer un avenir pour retrouver ses partenaires trop longtemps bafoués.
Rendez aux médecins la liberté d'honoraires... Les médecins libéraux doivent pouvoir financer leur entreprise sans renoncer à leur revenu personnel déjà justifié par leur longue formation à faire tourner à bas coûts l'hôpital public moribond et la responsabilité de leur mission portée à chaque signature, sans renoncer à leur vie personnelle et familiale, comme tous les Français, par de trop longues semaines en lien avec des honoraires bas. La Sécurité Sociale doit cesser d'imaginer pour d'autres entreprises des plafonds, elle qui ne reconnait pour elle-même ni plafond dans ses prélèvements sociaux, ni ne se prive d'aucun abysse dans ses dettes.
La liberté d'honoraires retrouvée fera s'installer des dizaines de milliers de jeunes médecins, faisant fondre en quelques mois les déserts médicaux, les calquant géographiquement sur les déserts d'État où déjà, par manque d'effort de décentralisation, les services publics sont trop peu présents pour autoriser quiconque de n'y faire autre chose que de survivre.
Je vous souhaite donc, Monsieur Fatome, une excellente année, pleine de challenges pour la Sécurité Sociale que vous représentez et, ma foi, la réussite dans les projets que vous déciderez de mener, en âme, en conscience et en responsabilité, pour – ou contre – le Peuple de France.
Bien à vous,
Arnaud Lerouge,
Médecin généraliste non conventionné (déserteur de la Doctrine collective, mais point de ses patients).
Le 02/01/2025.