08/03/2025
Une réalité qui a duré longtemps et qui a pu évoluer grâce au courage et à l'audace de certaines femmes qui ont ouvert la voie aux générations suivantes.
Jusqu'au XXe siècle, dans de nombreux pays, les femmes pouvaient encore être internées contre leur gré. Aujourd'hui, la psychiatrie a évolué, mais ces injustices historiques rappellent combien les droits des femmes ont été bafoués et le sont encore.
Pendant des siècles, de nombreuses femmes ont été internées dans des asiles psychiatriques sur simple dénonciation de leur mari, de leur famille ou même de leur entourage. Cela reflétait une époque où les femmes étaient considérées comme des êtres fragiles, hystériques ou incapables de prendre des décisions rationnelles, ce qui justifiait de la nécessité qu'elles soient sous la tutelle d'un membre masculin de leur famille.
Les raisons "officielles" d'internement
Les motifs d'internement étaient souvent arbitraires et liés aux normes sociales de l'époque. Parmi les raisons allumées :
"Hystérie" : Un terme fourre-tout utilisé pour qualifier des émotions jugées excessives chez les femmes.
"Nervosité" ou "mélancolie" : Ce qu'on appellerait aujourd'hui une dépression ou de l'anxiété.
"Désobéissance" ou "insoumission" : Une femme qui refusait de se conformer aux attentes de son mari ou de sa famille pouvait être internée.
"Adultère" ou "immoralité" : Même un soupçon pouvait suffire.
"Lecture excessive" : Certaines femmes étaient accusées d'être trop intellectuelles, ce qui était vu comme une menace pour leur équilibre mental !
Le cas de Nellie Bly et son enquête sur les asiles
Nellie Bly a exposé ces injustices en se faisant volontairement internée à Blackwell's Island. Elle va découvrir des femmes parfaitement saines enfermées sans raison valable souvent sur simple demande de leur père ou de leur mari, parce que leur comportement ne convenait tout simplement pas, refus d'un mariage, pas assez docile, ayant des idées d'indépendance ou différentes... Les traitements infligées à ces malheureuses n'avaient pour unique but que de les rendre soumises. Les plus démunies, les plus réfractaires et les plus fragiles mourraient suite aux maltraitances qu'elles devaient subir. L'enquête de Nelly Bly a permis de révéler ces abus au grand public et de faire évoluer la prise en charge psychiatrique, les conditions d'internement et l'emploi d'un personnel qualifié.
En infiltrant, à ses risques et périls, un asile psychiatrique, elle devint, en 1887, la première journaliste d'investigation et une figure de la presse aux États-Unis. Une histoire racontée par Virginie Girod*.