
05/09/2025
🙌Aujourd’hui nous donnons la parole à Laurie, actuellement dans un parcours de grossesse multiple monochoriale bi amniotique. Elle souhaitait partager son témoignage via notre association, afin d’apporter son ressenti sur les étapes qu’elle et son mari ont déjà vécues.
"J'ai 34 ans, je suis directrice de clientèle dans une agence de communication et je suis mariée. Je suis tombée enceinte en mars 2025, et dès l'échographie de datation, on nous a annoncé une grossesse monochoriale bi amniotique.
Nous sommes restés très sereins et calmes, mais avons mesuré l'impact que pouvait avoir ce genre d'information, et qui en une fraction de secondes, change toute la perspective d'une grossesse. Nous avons très vite reconnu l'importance des suivis rapprochés car à 16 SA, l'échographie de rigueur a indiqué les premiers signes d'un potentiel STT. Notre gynécologue a souhaité rapprocher les suivis à 1 écho par semaine, et à 17 SA, le verdict est tombé : en une semaine j'avais basculé sur un STT de stade 3 avec une discordance de croissance significative sur un des fœtus. Tout s'est accéléré.
Grâce à la réactivité des soignants, nous étions convoqués l'après-midi même à l'HFME de Lyon pour confirmer le diagnostic. L'intervention laser a été programmée dès le lendemain matin. Nous avons été projetés dans un tel tourbillon que sur le moment, il n'y a pas eu de place pour l'angoisse et le stress qu'aurait pu causer cette situation. Mais le contrecoup a été difficile, surtout pour moi, à mon retour à la maison après 3 jours d'hospitalisation. 3 jours critiques ou chaque heure, chaque échographie passée, chaque examen encourageant est une victoire.
Nous avons vécu les semaines qui ont suivi comme sous apnée. Car on ne résout pas un STT par un coup de laser miracle. D'abord, ce sont les 48h suivant l'intervention qui sont cruciales, car il faut s'assurer que les bébés survivent au geste. Ensuite, il y a un délai de 10 jours à tenir sans complication. Puis pendant 4 semaines, nous gardons un suivi hebdomadaire pour veiller à ce que le syndrome ne se manifeste pas une nouvelle fois, que l'équilibre de croissance des deux fœtus se rétablisse. Et à 26 SA, nous devons vérifier via une IRM fœtale que les cerveaux des bébés, toujours en cours de développement, ne présentent aucune séquelle. C'est seulement là, après avoir eu des résultats encourageants, que nous avons enfin pu respirer.
Ma grossesse est toujours en cours, et nous pouvons envisager la suite avec plus de légèreté. Mais nous réalisons le chemin parcouru, et voyons à quel point ce genre d'expérience peut faire se sentir seuls les couples qui la vivent. Le STT étant une complication rare, sur des cas de grossesses rares, les futurs parents sont de fait assez isolés car il est difficile pour l'entourage (et pour nous) de comprendre ce que l'on traverse. Déjà parce qu'il faut comprendre ce qu'est le syndrome, et ensuite comprendre ce sentiment de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de nous, alors que tout le monde nous dit qu'il n'y a "pas de raison pour que ça se passe mal".
Les conjoints sont également souvent oubliés dans ces cas-là. On pense beaucoup à la maman, mais pas au co-parent qui vit aussi dans l'angoisse et dans l'impuissance face à la situation, et qui doit, dans la mesure du possible, prendre ses dispositions pour les nombreux rdv médicaux, l'hospitalisation, sans aucune prise en charge des assurances ou complémentaires santé.
Nous avons la chance de bénéficier d'un excellent accompagnement de toutes nos équipes médicales, avec beaucoup d'écoute et de bienveillance. Pour autant nous avons regretté de ne pas trouver plus de témoignages de familles ayant vécu une situation similaire, afin d'avoir d'autres points de vue que ceux des médecins qui peut parfois sembler plus froid et pragmatique. C'est pour cela que nous encourageons et saluons les initiatives d'une association comme l'AFGM qui peut jouer un grand rôle dans la vie des couples et de leurs familles qui traversent cette épreuve."