03/11/2024
ENDOMÉTRIOSE ET OESTROBOLOME
L’oestrobolome, un sous-ensemble du microbiote intestinal composé de bactéries capables de métaboliser les œstrogènes, joue un rôle central dans la régulation des niveaux d’œstrogènes circulants dans l’organisme. Il agit principalement en modulant la réabsorption des œstrogènes excrétés dans le tractus intestinal, influençant ainsi le cycle hormonal de manière systémique. Ce mécanisme est particulièrement pertinent dans l’endométriose, une maladie hormono-dépendante où l'excès d’œstrogènes peut aggraver l'inflammation et la prolifération du tissu endométrial hors de l'utérus.
1. Modulation des Œstrogènes Circulants
L’oestrobolome intervient dans la recirculation entérohépatique des œstrogènes en sécrétant des enzymes spécifiques, comme la β-glucuronidase. Cette enzyme déconjugue les œstrogènes conjugués (inactivés) excrétés dans la bile, permettant leur réabsorption dans la circulation sanguine. Un oestrobolome déséquilibré (dysbiose) peut augmenter cette activité, contribuant à une hyperœstrogénie relative, qui alimente la progression de l'endométriose.
2. Impact sur l’Inflammation et la Prolifération Cellulaire
Les niveaux élevés d'œstrogènes favorisés par un oestrobolome hyperactif augmentent l'inflammation et la prolifération des cellules endométriales en dehors de l’utérus. Cette prolifération peut être exacerbée par des médiateurs inflammatoires et une production accrue de cytokines, éléments souvent élevés chez les patientes atteintes d’endométriose.
3. Interactions Immunitaires et Endotoxines
Un oestrobolome déséquilibré peut également affecter la perméabilité intestinale, augmentant le passage des endotoxines dans le sang et stimulant une réponse inflammatoire systémique. Cette inflammation chronique est un facteur aggravant pour l'endométriose, puisque la présence d'endotoxines et de médiateurs pro-inflammatoires est associée à une activation des macrophages et des cellules T, créant un environnement favorable au développement et à la persistance des lésions endométriosiques.
4. Interventions pour Moduler l’Oestrobolome
Les stratégies visant à moduler l’oestrobolome incluent les prébiotiques, les probiotiques, et les polyphénols. Une alimentation riche en fibres et en composés phytochimiques pourrait favoriser une flore équilibrée, réduisant ainsi l’activité de la β-glucuronidase et limitant l’excès d’œstrogènes.
Conclusion
L'oestrobolome influence l'endométriose en modifiant la disponibilité des œstrogènes et en participant aux processus inflammatoires. Une meilleure compréhension de cet axe intestin-œstrogènes pourrait ouvrir la voie à des approches thérapeutiques basées sur la modulation du microbiote pour gérer l'endométriose.
Références
Kwa, M., Plottel, C. S., Bl**er, M. J., & Adams, S. (2016). The Intestinal Microbiome and Estrogen Receptor–Positive Female Breast Cancer: Molecular Mechanisms and Clinical Implications. JNCI Journal of the National Cancer Institute, 108(8).
Shan, J., Feng, L., & Luo, L. (2021). Microbiota–Estrogen Interactions in Health and Diseases: Mechanisms and Therapeutic Potential. Trends in Microbiology, 29(5), 361–371.