14/09/2025
Lettre entre la nuit et l'aube:
4h40.
Il y a ces matins prématurés, suspendus entre la nuit et l’aube.
Ces heures où le sommeil s’échappe trop tôt, où le réveil n’est pas encore légitime, mais où l’esprit, lui, refuse de se taire.
On voudrait rester blotti dans l’obscurité, attendre que le sommeil revienne nous reprendre par la main. Mais souvent, il se présente au moment exact où l’alarme s’apprête à sonner. Alors, on reste là, éveillé, happé par ce silence assourdissant.
Et dans ce vide, les pensées s’invitent. Elles s’entrelacent, elles s’imposent.
Elles fouillent le présent, décortiquent le passé, questionnent l’avenir.
Suis-je sur le bon chemin ? Mes choix d’aujourd’hui ouvriront-ils les bonnes portes demain ?
Il y a là, dans cette incertitude, quelque chose de terriblement angoissant et d’étrangement excitant à la fois.
C’est vertigineux, ces instants où l’on se retrouve seule face à soi-même, en train de refaire le monde, son monde. Des pensées d’une clarté absolue, qui quelques minutes plus t**d paraissent insensées, tant la vie, au grand jour, nous rappelle à ses règles et à ses sécurités.
Et pourtant, cette oscillation entre lucidité et délire est déconcertante… bouleversante… vivante.
L’esprit, lui, a ce pouvoir magique : réinventer la dynamique.
Nous rappeler qu’il est possible de vivre au lieu de seulement survivre.
Car survivre, ce n’est pas seulement manquer. C’est parfois avancer dans une vie qui ne nous sied plus, comme un vêtement trop étroit, trop fade.
Alors viennent les questions : faut-il rester immobile, rassurer par la stabilité ? Ou oser remuer l’écosystème, quitte à recevoir une noix sur la tête, mais au moins sentir battre la vie, vibrer dans le désordre ?
Car choisir, c’est toujours renoncer. Mais n’est-ce pas là l’essence même de la vie : accepter l’incertitude, les peurs, les zones d’ombre, comme autant de tests pour mesurer notre soif de changement ?
Ces pensées nocturnes nous bousculent, nous obsèdent parfois. Elles nous réveillent, nous harcèlent, nous tourmentent… mais aussi, elles nous indiquent une direction.
Cette petite voix intime nous dit : « Vas-y. Oui, ça piquera peut-être. Mais c’est là, c’est pour toi.» Alors pourquoi céder aux cadres confortables, aux trajectoires toutes tracées ?
Pourquoi ne pas suivre plutôt ce qui nous met des papillons dans le ventre, même si cela fait trembler, même si l’attente est insoutenable ?
Après tout, la vraie question n’est peut-être pas : « Qu’ai-je à y perdre ? »
Mais plutôt : « Qu’ai-je à y gagner ? »
Et dans ce crépuscule inversé, où la nuit se dissout dans le jour, nous savons qu’il n’y a pas de réponse définitive.
Seulement ce souffle fragile qui murmure que tout reste possible.
Bwelltherapie