06/03/2025
C’est par l’odeur que j’entre en forêt. Les mains posées de part et d’autre d’une empreinte, fugacement dessinée contre la terre, j’hume la vie passée par ici, quelques heures auparavant. En respirant le passage, j’ouvre comme un espace secret vers un autre monde.
Je me laisse guider par la résurgence olfactive d’une mémoire ancienne, animale et terreuse. Je retrouve l’odeur étrangement familière d’un foyer.
C’est ainsi que je vis la forêt. Ou que la forêt se vit à l’intérieur de moi. Comme une impression sensorielle, elle grave ses inépuisables histoires à travers ma chair, traces fugitives que j’essaie ensuite, de restituer lorsque j’écris.
Il en est de même lorsque je fabrique mes images. Longuement, j’observe. J’attends, comme à l’affût, que la forêt parle, m’ouvrant ses bras, m’offrant ses devenirs : il y a juste alors à respirer, à écouter, non plus seulement avec les sens limités de notre humanité, mais avec le cœur, et la vérité de notre être tout entier. C’est un organisme qui me traverse. Qui souffle son esprit au creux de mes entrailles.
En forêt, j’entre dans l’espace intime d’une rencontre.
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