03/05/2025
Un jour, un serpent s’insinua dans le terrier douillet d’un groupe de lapins. Pris de peur, les petits habitants se collèrent contre les parois, tremblants — jamais encore un tel invité n’avait franchi leur seuil. Mais le serpent parla d’une voix douce, presque caressante :
« N’ayez pas peur de moi… Je suis terriblement seul. Je n’ai pas d’amis, et je cherche un peu de chaleur. Je porte en moi une sagesse ancienne que je désire partager avec vous. »
Les lapins échangèrent des regards inquiets, puis, touchés par cette voix empreinte de tristesse, décidèrent de lui laisser une chance. Ils écoutèrent ses récits, ses légendes, captivés par son murmure hypnotique. Elle parlait comme un philosophe…
Jusqu’à ce qu’elle morde l’un d’eux — puis disparaisse.
Le lendemain soir, elle revint.
« Ne me rejetez pas, je vous en supplie, murmura-t-elle. Vous savez que je suis un serpent. C’est dans ma nature de mordre. Mais j’essaie… L’amitié, ce n’est pas aussi accepter les failles de l’autre, non ? »
Les lapins hésitèrent, puis, une fois encore, lui ouvrirent leur porte. De nouveau — des paroles douces, des histoires, des silences pleins de velours… Et de nouveau — une morsure, brutale et soudaine.
Le troisième jour, l’entrée du terrier fut scellée par une pierre. Le serpent s’enroula autour, sifflant, implorant, promettant de changer, réclamant une dernière chance. Mais nul ne sortit.
« Il n’y a pas de place en ce monde pour ceux qui pensent trop ! » siffla-t-elle avec amertume, avant de s’éloigner dans l’obscurité.
Parfois, les créatures les plus toxiques se drapent d’éloquence, se disent sages, incomprises — juste pour frapper de nouveau dès qu’on leur accorde sa confiance.
N’oubliez jamais : si quelqu’un vous blesse encore et encore — même derrière un masque de sincérité, même avec des mots magnifiques et des phrases profondes — ne lui rouvrez plus votre cœur.
Être bon ne signifie pas accepter la douleur sans fin.