Didier Cohen-Salmon

Didier Cohen-Salmon Chacun peut se sentir malheureux, anxieux ou agité, avoir l'impression de ne pas vivre sa vie, d...

Après une carrière hospitalière je travaille depuis 2009 comme psychopraticien à Montreuil (La Boissière), avec des enfants, des adolescents et des adultes. Je vous reçois pour un conseil ponctuel face à une difficulté, une consultation thérapeutique, et si cela est indiqué pour une psychothérapie régulière. Ma pratique se fonde sur la création d’un lien de confiance et de sécurité, la confidentialité et le non-jugement. Je travaille en lien étroit avec les parents des enfants que je reçois.

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Le timide n’apprend pas, énonce avec concision la tradition Talmudique qui conseille aussi à l’élève de mordre le maitre comme le ferait un jeune chien. Les contes extrême-orientaux sont pleins de ces paradoxes : le disciple préféré s’aperçoit que le maitre d’arts martiaux lui enseigne beaucoup de choses mais omet de lui montrer l’essentiel, le cœur même de sa technique. Il décide alors de l’épier pour lui dérober ses secrets. Le maitre le surprend et, furieux, le chasse de son école. Au dernier moment il lui dévoile que tout était prévu et combiné à l’avance : il s’agissait d’une sorte d’examen de sortie. Puisqu’il avait été capable de voler le savoir il avait quitté la position passive de l’élève. Son enseignement était donc terminé. Ce qui n’est pas un peu volé n’a pas la même saveur. Mais avec la saveur peut venir aussi la culpabilité qui complique tout. Peut-on vraiment parler de vol ? Oui et non. Selon le droit qui est toujours précis voler est s’approprier le bien d’autrui contre le gré de celui-ci. Ici le maitre savait qu’il serait volé et il espérait l’être, il n’attendait même que cela. Ne pas l’être n’aurait-il pas signifié son échec éducatif ? Il aurait eu la preuve de n’avoir pas suscité chez le disciple le désir de s’approprier le savoir. Il aurait en quelque sorte sur les bras un disciple éternel bien encombrant, qui de plus l’aurait empêché d’évoluer pour son propre compte. Le maître a donc tout organisé pour se retirer et pour que son élève puisse le quitter s’il en était capable. S’il l’a fait c’est qu’il l’en estimait capable, mais il pouvait se tromper. Il s’est arrangé pour être imparfait.

Pourtant la métaphore me parait incomplète. Ajoutons-lui cette proposition : le secret que le disciple avait cru surprendre n’existe pas. Si réellement il y avait eu un enseignement secret que le maître garderait par devers lui et se garderait bien d’enseigner (mais pour en faire quoi ?), cela aurait fait de lui un maître qui ne désirerait pas que son disciple le quitte et éventuellement lui succède, un maitre pervers. Non, en réalité tout avait été montré, tout était là. C’est le regard de l’élève qui s’est modifié. Voyant la pratique du maître avec d’autres yeux qui ne sont plus tout à fait ceux d’un disciple, il y a vu ce qu’il n’y discernait pas auparavant et qui lui manquait pour pouvoir devenir maître à son tour. Mais il fallait faire la différence entre ce que l’on apprend avec et ce que l’on apprend de, et qui est la chose vraiment importante. Apprendre de c’est prendre quelque chose qui est du maitre; non pas le tuer, cela n’est pas nécessaire, mais tout de même le déconstruire. Double mouvement non contradictoire d’attraction et de retenue, invitation simultanée à connaitre et à ne pas connaitre, et non le double bind, la double contrainte qui paralyse et rend fou. Depuis le début tout était entre ses mains, il n’avait plus qu’à s’en rendre compte. Plus que la transmission de techniques c’est ce changement de point de vue qui était le véritable sens de l’enseignement.
Il reste que le disciple a réellement surpris l’intimité du maître, qu’il a réellement eu l’intention de lui voler un savoir qu’il pensait secret même si en cela il se trompait, et qu’il est réellement chassé. Il est ainsi préservé de l’illusion d’être parti de lui-même pour ne pas être chassé, illusion qui lui aurait laissé un gout d’inachevé. Il est maintenant libre. De son côté le maître a expulsé l’élève au bon moment, lui ménageant la place vide qu’il pourra occuper. Des variantes sont possibles : le disciple aurait pu réclamer, par exemple dire « maitre, avec votre permission, quelque chose ne va pas », et sa position subjective en aurait déjà été changée. Ce disciple devait-il d’une façon ou d’une autre payer une dette ? Avait-il besoin d’être à la fois puni et distingué ? Le maitre aurait pu ajouter en le chassant : en tout cas tu ne l’as pas volé… Le compositeur John Cage relate sa formation musicale auprès d’Arnold Schönberg. On y lit combien ce dernier avait conscience de cette dimension expulsive, qu’il plaçait au principe même de son enseignement : « Mon but est de vous rendre impossible d’écrire de la musique » ! Résultat attendu : le sentiment de révolte du jeune John Cage qui ne rêve plus alors que d’y consacrer sa vie. Mais le maître insiste, il lui répète qu’il trouvera toujours ce mur devant lui, à lui barrer le passage. Qu’à cela ne tienne, Cage décide alors que se cogner à ce mur sera le sens de sa vie de musicien. Et il s’y attelle, avant de comprendre assez rapidement qu’il n’y avait aucun mur. Il sera alors prêt à inventer sa propre musique. Je pense aussi à Edouard Glissant qui « un sourire espiègle aux lèvres », inaugurait son séminaire en lançant à ses étudiants avides de savoir un « vous ne me comprendrez jamais ! » . Toute la différence était dans le sourire espiègle.

C’est pourquoi le « mon fils tu seras… », , est en réalité une injonction paradoxale puisqu’elle bloque le mouvement spontané, réel, pour lui substituer une fiction prête à l’emploi, en réalité une contrainte, une autorisation qui dissimule mal l’interdiction de tout le reste et dont il faudra bien un jour se défaire. La transmission réussie c’est plutôt ce que met en scène une brève nouvelle de Pierre Mac Orlan . Elle peut paraitre involontaire, et elle l’est. Elle est marquée par le paradoxe. Celui qui transmet ne sait pas qu’il le fait, ni ce qu’il transmet, celui qui reçoit ne le sait pas non plus, et il n’y a pas de mode d’emploi. Dans cette scène un père, un aventurier désormais rangé apostrophe son fils qui vient de tenter sa première fugue puis est revenu : « Entends-tu, crétin ! Les voyages, c’est du dégoût, le dégoût des autres et de soi-même dont on s’imprègne pour la vie. J’ai fait le tour du monde, j’ai vu tout ce qu’un homme peut voir ; j’ai été mêlé à des affaires qui ne te regardent pas, et que reste-t-il de tout cela ? Quelques souvenirs amers que je n’ai pas besoin de te confier… Si je te parle ainsi, c’est pour te protéger, bien que tu n’en vailles guère la peine. Voyager à ton âge, c’est être la victime des garces, comme je l’ai été » (…). « Mr Gélina parlait de la mer sans respect, des bateaux avec familiarité et, petit à petit, pris par son propre passé, il sentait le charme subtil de ce qu’il avait été le transformer physiquement. Pendant une heure, Thomas regarda son père, comme on regarde une image un peu rare ». Quand le fils part de nouveau pour chercher l’aventure, son père, qui s’est conduit comme Arnold Schönberg face à John Cage ou Edouard Glissant devant ses étudiants, réalise, dans un mouvement « affreusement mélancolique », auquel il consent, qu’il a réussi et que son fils ne reviendra pas de sitôt.

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