27/07/2025
🚨"Je suis vidé(e), je n'y arrive plus."
Cette phrase, souvent perçue comme un simple signe de fatigue, peut en réalité masquer un burn-out. Pour le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours, pionnier de la psychodynamique du travail, il ne s'agit pas d'une faiblesse individuelle, mais d'une pathologie de la solitude et de la surcharge, directement liée à l'organisation du travail.
➡️ Du "travail prescrit" au "travail réel" :
Il y a toujours un écart entre les tâches que l'on nous demande (le prescrit) et la réalité du terrain (le réel). Pour bien travailler, nous devons faire preuve d'ingéniosité, de ruse, mobiliser notre intelligence et notre corps. C'est ce que Dejours appelle le "travail vivant".
➡️ La souffrance qui commence en silence :
Cette confrontation au réel est une source de plaisir quand on réussit, mais elle génère inévitablement de la souffrance quand on échoue, quand on se sent empêché ou quand le travail perd son sens. Cette souffrance est normale. Elle devient pathologique lorsque l'organisation du travail empêche de la transformer.
➡️ Le rôle destructeur de l'isolement et du manque de reconnaissance :
Le burn-out explose quand deux piliers s'effondrent :
La coopération : Les nouvelles méthodes de management (évaluation individualisée, compétition...) brisent les collectifs de travail. Isolé, le salarié ne peut plus discuter, partager ses astuces ou élaborer des "stratégies défensives" collectives contre la souffrance.
La reconnaissance : La contribution d'une personne (ses efforts, son ingéniosité) a besoin d'être vue et validée par ses pairs et sa hiérarchie. Sans cette reconnaissance, le travail accompli semble inutile, et la souffrance devient un poison.
Le burn-out n'est donc pas une "panne de batterie" personnelle. C'est l'effondrement d'un individu face à un système qui l'empêche de bien faire son travail et qui nie sa contribution. En parler, c'est commencer à rompre l'isolement et à questionner ce qui, dans le travail, nous abîme.