
10/10/2025
À lire!
Acheter le plus local possible et fait mains, ça sera peut un petit peut plus cher, mais vous aurez du vrai, de l’unique et de bonne qualité 💜✨
🪱🔊Être en bout de chaîne commerciale ou le poids silencieux des artisans du non-essentiel 🔊🪱
Il y a des périodes où être artisan ressemble à tenir un phare dans la tempête. Quand on travaille de ses mains, avec son cœur, dans un domaine qui ne sauve pas des vies mais nourrit les âmes, on découvre une vérité brutale : dans la chaîne commerciale, nous sommes tout au bout. Là où les miettes tombent, quand tout le monde a déjà rempli son assiette.
Les grandes enseignes écoulent leurs stocks, les plateformes étranglent les marges, les algorithmes décident de qui mérite d’être vu. Et nous, les artisans, ceux qui créent, sculptent, peignent, gravent, infusent, assemblent, nous observons les chiffres plonger avec la même impuissance que si le vent tournait contre nous. Les temps sont durs, oui. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent : c’est une question de place.
Car être en bout de chaîne, c’est aussi porter la charge émotionnelle de ce que d’autres appellent « le non-essentiel ». C’est fabriquer de la beauté quand la société vous répète qu’elle n’en a pas besoin. C’est continuer à créer alors que tout pousse à fermer boutique. Et pourtant… c’est justement là que l’artisanat prend tout son sens. Quand le monde devient gris, nos mains ramènent la couleur. Quand tout se mécanise, nos gestes rappellent l’humain.
Le plus difficile, ce n’est pas de vendre. C’est de tenir bon quand on sent que notre place dans le monde rétrécit. Quand les gens comparent un objet fait à la main avec un produit fabriqué à la chaîne. Quand la passion devient une bataille pour la survie.
Mais il faut aussi se rappeler ceci : être en bout de chaîne, c’est être à la source du sens. Rien ne commencerait sans nous. Nous transformons la matière brute, nous insufflons du symbolique, du sacré, du beau. Nous créons ce que les autres tentent d’imiter. Alors oui, les temps sont durs. Mais la beauté reste une résistance. Et chaque création, une forme de courage.
Parce qu’au fond, ce qu’on vend, ce n’est pas un objet. C’est un fragment d’humanité. Et ça, même quand le monde l’oublie, ça demeure essentiel.
Frédéric
Terre Des Sortilèges