17/06/2022
Premier acte:
Admission pour douleurs abdominales avec saignements a**l important depuis quelques jours (le SAMU décide d'envoyer une ambulance, jugeant le cas suffisamment grave pour envoyer les secours et passer des examens).
Arrivée aux urgence en soirée, le personnel est débordé, grande discussion médicale en cours.
Comment s'est passé ton week-end ? Ta fille fait ses dents? Comment va Jean-Louis? Tes vacances se sont bien passées?......
Après 3/4 d'heure étendu sur un brancard plié en deux, une AS amène le patient en salle où le médecin ne va pas tarder.
Bien entendu, pas de médicament pour soulager la douleur sans ayant vu le médecin.
Depuis la salle de consultation, on peut entendre jacasser le personnel, rire, parler de la pluie et du beau temps mais quand on à la chance d'apercevoir quelqu'un qui passe devant la salle et qui daigne répondre car beaucoup feignent de ne pas entendre, toujours la même réponse, le médecin va passer, on a du travail !
C'est vrai qu'il est bien connu qu'en soignant les personnes, on parle chiffons, vacances et même d'autres sujet un peu plus crû.
Après encore quelques minutes d'attentes, un jeune interne fait son apparition et l'infirmière prend les constantes (nous sommes en période covid mais inutile de prendre la température)
Le médecin indique à l'infirmière de donner un Spasfon au patient, pour calmer les douleurs malgré que celui-ci ait indiqué au médecin qu'il en avait déjà avalé une boîte en 4 jours mais sans effet.
Je m'appelle Léon, je suis interne je connais mon taf !
Le patient commence à s'agacer mais oulà, on ne dit rien aux personnels soignants !
L'interne va voir le médecin et revient rapidement en indiquant au patient qu'il peut rentrer avec une feuille indiquant tout ce qui a été fait.
Heure d'arrivée, heure de prise en charge, heure de sortie, soins et examens effectués.
Le patient très en colère, préfère ne rien dire. En cette période covid, il est seul face au reste du monde.
Sans témoin, il risque tout simplement d'être entravé (solution radicale certe mais encore une fois sans témoin, entre collègues et surtout ami(e)s c'est tellement plus facile de se couvrir)
Donc ce patient rentre chez lui et passe une nuit horrible jusqu'au lendemain où il décide de se rendre dans un autre hôpital accompagné de ses proches.
Les urgences de l'hôpital de St Dié (preuves à l'appui avec la feuille remise à sa sortie) a entre sa prise en charge par l'interne et son heure de sortie passée 12 mn sans voir le médecin référent 🤔
RAS sur la feuille de sortie avec un touché rectale qui n'a absoluement pas été effectué !!!!
Dans l'autre hôpital, un scanner sera effectué, une prise de sang et un rendez-vous rapidement fixé avec un gastroentérologue qui découvrira avec un véritable touché rectale et à l'aide d'un appareil, des hémorroïdes, un rétrécissement du colon et qui pratiquera rapidement une échographie, une coloscopie et une gastroscopie pour voir si d'autres lésions touchent un autre endroit.
La prise de sang effectuée dans cette hôpital démontre également une anémie en fer (certainement dûe aux importants saignements).
Voilà le travail, en 12 mn chrono après plus d'une heure d'attente, expédié des urgences de St-Dié qui n'aura rien effectué ni même renvoyé vers un gastroentérologue !
Rentrez-chez vous.....la suite de cette histoire prochainement mais il semblerait que pour les urgentistes ce soir là, saigner abondamment de l'anus depuis quelques jours, avoir mal au ventre, ne justifiaient pas de prise en charge urgente, ne justifiaient pas d'examens et encore moins une demande d'avis d'un gastroentérologue !