
09/04/2025
J’ai hésité… je n’hésiterai plus.
🌍 Terre.
🇪🇺 Europe.
🇫🇷 France.
🌊 Côte Atlantique.
🌀 Sud Bretagne.
⛰️ Presqu’île de Guérande.
🌬️ Côte Sauvage.
🏡 Le Pouliguen.
🌳 Village des tamaris.
Plus de 40 ans que ce village a été construit (vers 1981), aux abords du Domaine de Cramphore. Ce lieu fut autrefois le club house de l’ancien golf de La Baule, bâti en 1926 sur la commune du Pouliguen. On y voit encore les cyprès (Cupressus Sempervirens) plantés à cette époque, certains proches des 100 ans.
Il y a presque 4 ans, je suis venu m’installer ici, sur ce territoire qui m’a accueilli tous les étés de mon enfance. Je me revois encore, enfant, au sommet des cyprès, pendant que ma grand-mère me criait d’en descendre, les bras agités en signe d’alerte… À l’époque, il y avait encore des branches accessibles.
Et puis, la nuit du 1er novembre 2023, nuit de la Toussaint, une grande tempête s’est levée. Elle a fait tomber deux faux cyprès (Chamaecyparis), dont l’un sur le toit de ma maison… Et elle a blessé les anciens, les vrais. Les élagueurs sont venus les abattre.
Curieux mot, "abattre".
J’ai allumé des bougies. J’ai accompagné. J’ai prié. J’ai pleuré.
Ces anciens sont devenus des ancêtres.
Je suis revenu me recueillir.
J’ai compté près de 95 cernes.
J’ai ramassé les copeaux, porteurs d’une odeur douce et sacrée, et les ai répandus, comme on disperserait des cendres, humble hommage rendu à ces géants discrets.
Depuis que j’habite ici, je me suis souvent interrogé sur les tamaris qui ont donné leur nom au village.Aux Tamaris 1, il n’en reste que 8, installés sur un petit rond-point. Mais leur allure évoque davantage des arbustes fatigués que les arbres souples et majestueux que j’ai pu croiser ailleurs.
Pourquoi cette forme ?
Parce que depuis des décennies, ces arbres ne sont jamais laissés tranquilles. Chaque hiver, une taille sévère coupe court à leur croissance. Mais le tamaris fleurit sur le bois de l’année précédente. Alors, depuis quatre ans que je les observe… je ne les ai jamais vus fleurir.
Et pourtant, l’automne dernier, j’ai vu.
Sur l’esplanade Benoît, à deux pas d’ici,
des tamaris aux troncs larges, aux branches dansantes,
des arbres plus hauts que moi, debout dans le vent.
Non, il n’y a pas qu’en Grèce ou en Méditerranée que le tamaris s’épanouit. Il peut le faire ici aussi, s’il en a la possibilité.
Arrive l’hiver.
Les tamaris de mon quartier, avec une résilience admirable, produisent encore chaque année des pousses adventives.
Elles montent, lentement, avec grâce, jusqu’à un mètre…
J’espérais cette année que l’on laisse faire la vie.
Mais un matin, les équipes d’entretien sont là.
Je n’ai pas le temps de parler.
Le verdict tombe en silence.
Cette année encore, les tamaris ne fleuriront pas.
Je me suis demandé :
Ont-ils déjà vu un tamaris laissé libre ?
Ont-ils reçu des clés pour accompagner cette essence ?
Je ne viens ni critiquer, ni diviser.
Je viens témoigner, ressentir, et honorer ce qui vit ici.
Et à l’heure où l’on parle de planter de nouvelles espèces dans le quartier, je me pose une simple question : Et si l’on commençait par prendre soin de ce qui est déjà là ?
Sinon… pourquoi continuer à parler d’un Village des Tamaris ?
Le tamaris est là depuis l’Antiquité, sur les rives méditerranéennes, sahariennes et atlantiques. Mentionné dans la Bible, lié à Perséphone en Grèce, il est arbre de seuil, de passage, de résilience.
Il incarne :
- la douceur dans l’adversité
- l’adaptation aux milieux hostiles
- la beauté discrète et tenace
- un lien entre visible et invisible, entre éphémère et éternel
Hier, j’ai écrit un poème chanté en leur honneur. Je prendrai le temps de le mettre en musique et de vous le partager bientôt.
Et si cela vous touche…
J’aimerais vous proposer prochainement une balade poétique autour des espèces emblématiques de la presqu'île. Si cela vous parle, faites-le moi savoir.
Avec amour,
Julien
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