
28/09/2025
🔎 La famille STELIN : un nom né en Savoie et disparu au XXIᵉ siècle, vraiment ?
🌄 Moûtiers, capitale alpine et berceau d’un nom
Bonjour à tous,
Si l’on cherche les origines du patronyme STELIN, c’est à Moûtiers, en Tarentaise, qu’il faut poser le regard, du moins au départ ...
Ancienne cité épiscopale, siège de l’archevêché de Tarentaise jusqu’à la Révolution, Moûtiers fut pendant des siècles la capitale religieuse et administrative de toute la vallée. Carrefour stratégique, la ville commandait les routes vers les cols alpins (Petit-Saint-Bernard, Iseran), reliant la Savoie au Piémont, au Val d’Aoste et à la Suisse.
👉 Ce contexte explique pourquoi des familles entières s’y sont implantées : commerçants, artisans, notables religieux, mais aussi petites lignées locales comme les STELIN.
🌄 Les premiers STELLIN à Moûtiers (début XIXᵉ siècle)
👨👩👦 1) André STELLIN & Louise ROUGE
L’acte du 18 octobre 1806 nous apprend l’existence d’un couple :
Antoine STELLIN, probablement né dans le dernier quart du XVIIIᵉ siècle,
Louise ROUGE, son épouse.
Ce couple est mentionné comme parents de Jean-Marie STELLIN, baptisé à Moûtiers ce jour-là.
👉 Cela situe déjà la famille STELLIN au sein du tissu social local, liée à d’autres lignées paysannes ou artisanales de Moûtiers.
👶 2) Jean-Marie STELLIN (°1806)
Né/baptisé : 18 octobre 1806, Moûtiers.
Parents : Antoine STELLIN & Louise ROUGE.
Jean-Marie constitue sans doute l’un des premiers descendants repérables dans les registres après la Révolution. Il serait intéressant de vérifier s’il apparaît ensuite dans les registres militaires (conscription vers 1826).
Claude Antoine STELLEIN (STELIN), meurt le 31 mai 1836 à Moûtiers, âgé de 59 ans.
Sa femme Marie Louise ROUGE s'éteint quant à elle, le 12 avril 1847 à Moûtiers, âgée de 69 ans.
Claude Antoine déclare être le fils de Pierre STERLIN, lors de son décès en date du 7 novembre 1800 à Moûtiers, son père Pierre était arrivé vers 1780 sur Moûtiers, il est dit potier d'étain né dans la commune de Vals diocèse de Novare en Piémont.
Pierre est donc né en Italie, où se trouve donc le diocèse de Novarre ?
🌍 Contexte géographique et ecclésiastique vers 1800
Vals (Valles) est une fraction de la commune de Rio di Pusteria (Mühlbach), dans le Val Pusteria. Aujourd’hui, ce territoire dépend du diocèse de Bressanone/Brixen (ou de Bolzano-Bressanone depuis 1964).
Mais avant les grands réaménagements ecclésiastiques du XIXᵉ siècle, une partie du Haut-Piémont, de la vallée d’Ossola et de certaines vallées alpines limitrophes (aujourd’hui Tyrol du Sud) relevait du diocèse de Novare.
Le diocèse de Novare n’était pas seulement centré sur la plaine du Piémont (Novara et ses alentours) : il avait juridiction sur de nombreuses vallées alpines du Nord, héritage du haut Moyen Âge et des concessions impériales (notamment celles d’Otton Ier au Xe siècle).
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⏳ Pourquoi Vals dépendait de Novare vers 1800 ?
Origine médiévale des frontières diocésaines :
Au Moyen Âge, les limites des diocèses ne correspondaient pas encore strictement aux frontières politiques modernes. Certaines paroisses alpines étaient rattachées très loin (exemple : vallée d’Aoste longtemps sous l’évêché d’Aoste mais aussi sous des influences extérieures, ou encore les vallées vaudoises dépendant de Turin).
Novare, un diocèse “éclaté”
Le diocèse de Novare avait une juridiction éclatée : plaine de Novara, mais aussi les vallées de l’Ossola (Domodossola, etc.) et certains secteurs alpins à l’est. Ces rattachements tenaient souvent à des donations impériales qui donnaient à l’évêque de Novare non seulement un pouvoir spirituel, mais aussi temporel sur ces zones de montagne.
Réformes napoléoniennes et concordat de 1801
Après l’arrivée des Français en Italie du Nord (1796-1814), la carte des diocèses fut profondément modifiée. Entre 1803 et 1817, plusieurs paroisses changèrent de rattachement.
➝ C’est à ce moment que Vals (Valles), avec d’autres communautés germanophones du Haut-Adige, passa sous l’autorité ecclésiastique de Bressanone (Brixen), beaucoup plus logique géographiquement.
🏘️ La vie religieuse à Vals vers 1800
Vals était un hameau de haute altitude (1 350 m), essentiellement rural et germanophone. La paroisse locale dépendait alors du diocèse de Novare, ce qui impliquait que les actes religieux (baptêmes, mariages, décès) étaient inscrits sous sa juridiction.
Les prêtres de ces villages alpins faisaient souvent partie de réseaux paroissiaux germanophones, mais ils rendaient compte à l’évêché de Novare.
Ce décalage culturel (germanophone mais diocèse italophone/piémontais) explique parfois des variations d’orthographe dans les registres : STELIN / STEHLIN / STELINE, etc., selon que l’acte était rédigé en italien, en latin ou influencé par la langue allemande locale.
📜 Conséquences pour la recherche généalogique
Après 1817, avec la réorganisation voulue par Pie VII, ces paroisses passent à Bressanone, et les actes deviennent plus uniformes en allemand/latin.
Cela veut dire que pour retrouver les plus anciens actes, il faut consulter :
Archives diocésaines de Novara (pour les registres paroissiaux antérieurs à 1817).
Archives diocésaines de Bressanone/Bolzano (pour les actes après 1817).
✨ En résumé :
Vals (Valles), aujourd’hui en Tyrol du Sud, dépendait encore du diocèse de Novare autour de 1800.
Cela explique la présence possible de STELIN/STEHLIN dans les registres de Novare, bien qu’ils vivaient dans une zone germanophone.
La bascule vers Bressanone se fait après les réformes napoléoniennes (1817).
📚 3) Variantes orthographiques
Dans les actes du XIXᵉ siècle en Tarentaise, le patronyme apparaît sous plusieurs formes : Stellin, Stelin, Stellein. Ces variantes sont le reflet des graphies incertaines des curés ou secrétaires communaux. Elles rappellent qu’un seul et même lignage pouvait être morcelé sous plusieurs écritures.
Les premières traces du nom apparaissent dans les registres paroissiaux et notariaux de la Tarentaise. Bien que rares, elles confirment que le nom était déjà établi en Savoie dès la fin du XVIIIe début XIXe siècle, et peut-être avant sous une forme voisine (STEHLIN / STELINE).
Dans les bases généalogiques en ligne (Geneanet), on retrouve des individus nés à Moûtiers portant le nom STELIN dès le XIXᵉ siècle.
Ces familles ne sont pas nombreuses : il s’agit de petits foyers isolés, avec quelques actes de naissance et de mariage consignés dans les registres communaux.
Les patronymes voisins (STEHLIN notamment, plus fréquents en Alsace et Suisse) laissent penser à une implantation ponctuelle d’origine germanique ou à une dérive graphique locale fixée dans la vallée.
⚒️ Dans un contexte alpin marqué par les échanges transfrontaliers, il n’est pas impossible qu’un artisan ou un migrant venu d’Alsace, de Suisse ou du Piémont ait laissé une trace durable dans la Tarentaise sous la forme « STELIN ».
👨👩👧👦 Une lignée qui ne s’est jamais vraiment étendue
Contrairement à d’autres patronymes savoyards plus diffus, STELIN reste cantonné à Moûtiers et son bassin (Albertville, Chambéry, puis quelques dispersions).
Effectif réduit dès le départ : probablement une ou deux fratries seulement.
Mariages locaux avec d’autres familles de Tarentaise, mais pas d’essaimage massif.
Au XXᵉ siècle, quelques descendants quittent la vallée : l’un monte à Paris (Paul), d’autres s’installent à Chambéry, Grenoble, Lyon… mais sans transmission masculine durable.
Filae le confirme : STELIN figure aujourd’hui dans la liste des noms disparus en France.
👩🦳 Anne Jeanne Valérie STELIN : une figure familiale au XXᵉ siècle
Parmi les ultimes porteuses du nom, une figure mérite d’être rappelée : Anne Jeanne Valérie STELIN, mon arrière-grande-tante.
Elle naît le 4 juin 1881 à Lyon, fille de François Marc STELIN et de Marie BUCY, mariés en 1876 dans le 6ᵉ arrondissement de la ville. Sa jeunesse est marquée par une histoire familiale difficile : son père disparaît des registres après sa naissance et le couple finit par divorcer en 1897, épisode qui illustre bien la fragilité de cette lignée.
Anne Jeanne Valérie épouse plus t**d, le 27 juin 1922 à Lyon (7ᵉ arr.) , Louis Marius BADIER, frère de mon arrière-grand-mère. Ce mariage rattache donc la branche STELIN à ma propre famille par alliance. Le couple s’installe à Lyon, où ils traversent ensemble l’entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale.
Elle s’éteint le 30 avril 1963 et repose au cimetière de la Guillotière Nouveau à Lyon, où ses restes furent ensuite transférés au jardin du souvenir. Par ce destin, Anne Jeanne Valérie incarne une forme de passage du patronyme : issue du berceau savoyard mais née et mariée à Lyon, elle illustre la migration des STELIN vers les grandes villes. Son union avec Louis Marius BADIER a en outre inscrit durablement le nom dans mon histoire familiale, même si la lignée patronymique s’est éteinte avec elle.
📊 Les derniers STELIN (d’après l’INSEE)
Grâce au fichier des décès de l’INSEE (1970-2025), on peut retracer la dernière génération STELIN :
🧔 Jean STELIN – né le 12 mars 1928 à Moûtiers, décédé le 4 juillet 1999 à Chambéry.
👩 Marie STELIN – née le 25 novembre 1932 à Moûtiers, décédée le 13 mai 2005 à Grenoble.
👩 Jacqueline STELIN – née le 19 juin 1935 à Moûtiers, décédée le 9 mars 2022 à Chambéry → la dernière STELIN connue en Savoie.
👨 André STELIN – né le 7 février 1940 à Albertville, décédé le 22 janvier 2010 à Annecy.
👨 Paul STELIN – né le 16 septembre 1948 à Paris, décédé le 30 septembre 2018 à Lyon.
👉 En vingt-trois ans (1999-2022), les cinq derniers porteurs du nom disparaissent.
⏳ De la Tarentaise au silence des archives
L’histoire des STELIN illustre la fragilité des micro-patronymes alpins :
nés dans un foyer restreint,
fixés localement pendant quelques générations,
effacés ensuite par la démographie et les variations orthographiques.
Aujourd’hui, ne subsistent que des actes paroissiaux et d’état civil à Moûtiers, quelques mentions dans des arbres généalogiques en ligne, et la mémoire d’un nom disparu.
✨ Conclusion :
Les STELIN de Moûtiers n’ont jamais été nombreux, mais leur histoire est celle de nombreuses petites familles alpines, coincées entre les cols, les vallées et les grandes routes de passage. Le patronyme s’est éteint avec la disparition de Jacqueline STELIN en 2022, dernière représentante en Savoie.
Le nom s’est effacé, mais grâce aux archives et à la généalogie, sa trace demeure, rappelant que derrière chaque patronyme, même rarissime, il y a une histoire humaine à raconter.
📚 Bibliographie et sources
Chiesa Cattolica Italiana – Annuario CEI, diocesi e parrocchie.
https://www.chiesacattolica.it/annuario-cei/regioni-diocesi-e-parrocchie/
Wikipedia – Diocese of Novara.
https://en.wikipedia.org/wiki/Diocese_of_Novara
GCatholic – Diocese of Novara (Nova0).
https://gcatholic.org/dioceses/diocese/nova0
Wikipedia (it) – Valles (Italia).
https://it.wikipedia.org/wiki/Valles_(Italia)
Gitschberg-Jochtal – Vals, Alto Adige – Südtirol.
https://www.gitschberg-jochtal.com/en/almenregion/vals
Geneanet – Patronyme STELIN.
https://www.geneanet.org/nom-de-famille/STELIN
Filae – Noms de famille disparus en France.
https://www.filae.com/popular-names/disparus
INSEE / data.gouv.fr – Fichier des personnes décédées (1970-…).
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/fichier-des-personnes-decedees/
matchID – Moteur de recherche sur le fichier des décès INSEE.
https://deces.matchid.io/