05/09/2025
"Le Conte de l’Homme Poisseux
Il était une fois, dans un petit village au cœur de l’Afrique, un homme qu’on appelait Koudjo l’Homme Poisseux. Mais ce surnom n’était pas donné à cause de la sueur ou de la saleté : non, Koudjo portait ce nom parce qu’il semblait attirer le malheur partout où il passait.
Si un marché prospérait, le simple fait qu’il y mette les pieds suffisait pour que les clients disparaissent. Si une fête se préparait avec tambours et danses, son arrivée faisait éclater une pluie soudaine qui mouillait les habits et éteignait les feux. Si quelqu’un l’invitait à partager un repas, le plat se renversait mystérieusement.
Les habitants, terrifiés, commencèrent à l’éviter. Les enfants s’enfuyaient en criant :
— « Voici l’homme poisseux ! Voici le malheur qui marche ! »
Koudjo souffrait en silence. Dans son cœur, il savait qu’il n’était pas mauvais. Mais il ne comprenait pas pourquoi tout semblait s’effondrer autour de lui. Il finit par s’exiler dans la forêt, vivant seul avec sa tristesse.
Un jour, alors qu’il errait près d’une rivière, Koudjo rencontra un vieil homme à la barbe blanche, assis sous un grand fromager. C’était un Sage que l’on disait plus ancien que les collines.
Le vieillard lui demanda :
— « Pourquoi ton visage est-il si sombre, fils ? »
— « Parce que je suis maudit, répondit Koudjo. Partout où je vais, la malchance me suit. »
Le Sage éclata de rire.
— « Non, tu n’es pas maudit. Tu es seulement inconscient de ton propre esprit. Ton cœur est toujours rempli de peur, et ta bouche ne prononce que des plaintes. Ce que tu penses attire ce que tu vis. Le malheur ne te suit pas : tu l’appelles sans t’en rendre compte. »
Koudjo resta bouche bée.
— « Que dois-je faire alors ? »
— « Change ton esprit. Au lieu de dire “je suis poisseux”, dis : “je suis porteur de chance”. Au lieu de redouter la pluie, danse avec elle. Au lieu de craindre la solitude, offre un sourire. Tu verras : ce que tu dégages, le monde te le renverra. »
Koudjo suivit les conseils du Sage. Chaque matin, il se réveillait et se disait à haute voix :
— « Aujourd’hui, je suis la lumière. Aujourd’hui, j’apporte la chance. »
Peu à peu, son entourage changea. Quand il entra au marché, les clients riaient et venaient vers lui. Quand il assista à une fête, même la pluie tombait doucement comme une bénédiction, rafraîchissant les danseurs au lieu de gâcher la joie.
Les villageois furent étonnés. Ils disaient :
— « Est-ce bien lui, l’homme poisseux ? Non, désormais, c’est l’homme porte-bonheur ! »
Ainsi, Koudjo comprit que la vraie malchance n’était pas dans le monde extérieur, mais dans l’esprit de celui qui ne croit pas en lui-même. Le malheur se nourrit de la peur, tandis que le bonheur fleurit dans la confiance et la gratitude.
👉🏿 Morale de l’histoire : Celui qui se croit poisseux attire le malheur, mais celui qui se croit chanceux transforme sa vie et celle des autres."