17/06/2025
À cette époque de l’année, je prends toujours un moment de silence pour me souvenir de Laïka.
Cela fait maintenant 67 ans qu’elle a été envoyée dans l’espace.
On n’en parle plus beaucoup, mais je crois que l’on devrait.
Non pas parce que je suis scientifique ou experte en astronomie — mais parce que cela a encore du sens.
Laïka n’était pas juste une chienne dans une fusée.
Elle était une présence douce, confiante, pleine de courage.
Son vrai nom était Koudriavka, ce qui signifie "bouclée" en russe.
Mais le monde entier l’a connue sous le nom de Laïka, "la petite aboyeuse".
C’était une chienne errante, recueillie dans les rues de Moscou.
On l’a choisie pour sa docilité, pour avoir survécu au froid et à la faim.
Comme si les épreuves l’avaient rendue plus "apte" à être envoyée loin… sans retour possible.
Le 3 novembre 1957, elle fut lancée à bord du Spoutnik 2.
La capsule contenait de la nourriture, de l’eau, des parois capitonnées.
Mais aucun espoir de retour.
Dès le départ, on savait qu’elle ne reviendrait jamais.
Certains disent qu’elle a vécu sept heures. D’autres, quelques jours.
Qu’importe : ses dernières heures se sont déroulées seule, flottant en silence,
sans comprendre pourquoi elle était là, ni ce que tout cela signifiait.
Juste… dériver, pendant que la Terre s’éloignait lentement de son regard.
Elle fit 2 570 fois le tour de notre planète, avant que la capsule ne se consume,
en rentrant dans l’atmosphère, au mois d’avril suivant.
Et la vérité, c’est que Laïka n’avait rien choisi.
Elle ne s’était pas portée volontaire pour représenter la science, le progrès, ni la course à l’espace.
C’était juste une chienne. Une petite âme qui cherchait un peu de chaleur, un peu d’amour.
Et qui, à la place, est devenue un symbole.
C’est pour cela que je me souviens d’elle.
Parce que tout progrès n’est pas toujours juste.
Parce que toute avancée n’est pas toujours humaine.
L’histoire de Laïka nous oblige à poser de meilleures questions.
À réfléchir à qui paie le prix de nos exploits.
À ne pas oublier ceux que nous avons sacrifiés, sans leur laisser le choix.
Nous ne t’avons pas oubliée, Laïka.
Et jamais nous ne devrions.