
06/10/2025
🌿 L’insécurité relationnelle, un trauma souvent invisible
L’insécurité relationnelle n’est pas toujours visible.
Elle ne laisse ni bleus ni cicatrices apparentes, mais elle marque profondément le corps et le psychisme.
Vivre dans un climat d’insécurité – qu’il soit amoureux, familial, professionnel ou amical – active les mêmes zones du cerveau que celles impliquées dans la peur et la survie.
Quand les repères émotionnels sont instables, que les relations oscillent entre proximité et rejet, affection et menace, le système nerveux apprend à vivre en alerte permanente.
Même dans le calme, le corps reste prêt à se défendre, à fuir ou à se figer.
C’est une adaptation de survie… mais à long terme, elle épuise.
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💔 Quand le lien devient imprévisible
Les relations marquées par les reproches, les silences, les mensonges, les revirements d’humeur ou les menaces implicites installent une hypervigilance émotionnelle.
Le corps devient le radar du danger : le moindre mot, le moindre regard peut être interprété comme une menace.
Peu à peu, l’organisme apprend à anticiper le danger plutôt qu’à faire confiance.
Le système nerveux reste bloqué dans une boucle de protection, cherchant sans cesse à éviter la blessure ou le rejet.
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🧠 Ce que cela fait au cerveau
Les neurosciences confirment que le stress relationnel chronique modifie l’architecture du cerveau :
• L’amygdale devient hyperactive, amplifiant la peur et l’anxiété.
• Le cortex préfrontal, siège du raisonnement et de la régulation émotionnelle, se dérègle : il devient plus difficile de réfléchir calmement, de poser des limites, de relativiser.
• L’hippocampe, impliqué dans la mémoire et l’apprentissage, se réduit : la personne reste prisonnière d’émotions anciennes, revivant inconsciemment des schémas de survie.
Ces altérations ne sont pas définitives, mais elles expliquent pourquoi certaines personnes se sentent « piégées » dans des cycles de peur, d’attente ou de dépendance affective.
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⚡ Les conséquences au quotidien
• Difficulté à se détendre, même dans une relation stable.
• Besoin de contrôler l’environnement pour ne pas être surpris.
• Peur constante d’être abandonné ou rejeté.
• Doutes sur sa valeur, sa place, sa légitimité.
• Fatigue émotionnelle chronique.
Ce sentiment d’insécurité peut s’étendre à d’autres domaines : au travail (peur du jugement, de l’erreur), dans l’amitié (peur de déranger ou d’être trahi), voire dans le rapport à soi (auto-critique, culpabilité, honte).
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🌿 La théorie polyvagale : comprendre pour apaiser
Selon la théorie polyvagale développée par Stephen Porges, notre système nerveux autonome possède trois grands états :
1. Le mode de sécurité (nerf vague ventral) : le corps est détendu, on se sent en lien, curieux, confiant.
2. Le mode de mobilisation (système sympathique) : le corps se prépare à l’action — fuir, se défendre.
3. Le mode de figement (nerf vague dorsal) : le corps se coupe, se fige, se déconnecte pour survivre.
Chez les personnes ayant vécu des environnements instables, le système nerveux reste coincé entre la peur et la déconnexion.
Elles veulent aimer, mais leur corps n’y croit pas encore.
La clé du travail thérapeutique consiste à ramener le système nerveux vers le mode de sécurité, petit à petit, en apprenant à reconnaître les signaux de paix plutôt que ceux du danger.
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💡 Ce que propose le soin thérapeutique
La guérison passe par la rééducation du système nerveux — un processus lent, mais profondément transformateur.
Elle s’appuie sur des approches complémentaires :
• L’EMDR ou la Méthode Brunet™ : pour désactiver les traces mnésiques traumatiques.
• La sophrologie, l’hypnose, la respiration consciente : pour ramener le corps à un état de sécurité.
• La psychanalyse : pour mettre du sens sur l’histoire, comprendre les répétitions et réintroduire la parole là où il n’y avait que du silence.
• La théorie polyvagale : pour accompagner la régulation du système nerveux autonome.
Ces approches ne s’opposent pas : elles s’enrichissent.
Elles permettent au cerveau et au corps de réapprendre à faire confiance — à soi, à l’autre, à la vie.
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🌸 À retenir
L’insécurité relationnelle n’est pas un manque d’amour.
C’est un corps qui n’a pas encore appris la paix.
Ton hypersensibilité, ton besoin de contrôle, tes doutes ou ta peur de l’abandon ne sont pas des défauts : ce sont les marques d’un système nerveux qui a voulu te protéger.
Et la bonne nouvelle, c’est que ce système peut se réparer.
Avec du temps, du soin, et des relations stables et bienveillantes, la confiance peut se reconstruire.
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Car même les blessures les plus anciennes peuvent, un jour, devenir des portes vers la sérénité.
Honorine Ortiz