04/08/2025
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En 2002, selon lโUNPPD, la France comptait 5 250 laboratoires de prothรจse dentaire, employant plus de 21 000 professionnels. En 2024, il nโen reste plus quโenviron 3 140, avec 16 450 prothรฉsistes. Une chute vertigineuse de plus de 40 % en vingt ans, passรฉe presque inaperรงue du grand publicโฆ mais qui devrait alerter tout le secteur de la santรฉ orale.
Un recul qui ne sโexplique pas par la demande
La demande en prothรจses dentaires nโa pas diminuรฉ. Bien au contraire, le vieillissement de la population et le maintien de lโรฉdentation partielle ou totale assurent un besoin constant. La vraie cause de ce recul est ailleurs : mutation profonde du modรจle de production et rรฉorganisation de la filiรจre au profit de logiques industrielles.
Dรฉlocalisation et numรฉrisation : un double choc
Dโun cรดtรฉ, les plateformes industrielles ร lโรฉtranger captent une part croissante de la fabrication, grรขce aux รฉchanges numรฉriques rapides et ร des coรปts de production rรฉduits. De lโautre, certains cabinets dentaires sโรฉquipent de machines numรฉriques et internalisent la fabrication, souvent en la confiant ร des assistants dentaires formรฉs ร ces outils.
Le prothรฉsiste dentaire, hier artisan central dans la chaรฎne de soins, devient alors un exรฉcutant ร distance, voire un acteur contournรฉ. La sรฉparation entre prescripteur et fabricant โ gage dโรฉquilibre et de qualitรฉ โ disparaรฎt progressivement.
Une responsabilitรฉ collectiveโฆ et des acteurs silencieux
Ce nโest pas directement lโUNPPD qui dรฉcide de maintenir ou non les niveaux professionnels au RNCP (France Compรฉtences). Mais en tant que seul syndicat reprรฉsentatif de la profession auprรจs de lโรtat, lโUNPPD pourrait et devrait jouer un rรดle moteur pour dรฉfendre la pรฉrennitรฉ des certifications. En pratique, lโUNPPD maintient surtout les formations quโelle gรจre elle-mรชme, notamment pour des raisons รฉconomiques, ce qui interroge sur la prioritรฉ donnรฉe ร lโintรฉrรชt gรฉnรฉral de la filiรจre.
Des consรฉquences ร long terme
Perte de savoir-faire : disparition progressive de compรฉtences techniques transmises depuis des dรฉcennies.
Baisse de la souverainetรฉ sanitaire : dรฉpendance accrue ร des fournisseurs รฉtrangers.
Fragilisation de la qualitรฉ : dispositifs sur mesure fabriquรฉs loin du patient, avec moins de contrรดle direct.
Risque de monopole : concentration de la production dans quelques structures industrielles ou au sein des cabinets.
Pourquoi cela concerne aussi la denturologie
La denturologie, bien que centrรฉe sur la prothรจse amovible, repose sur la maรฎtrise des techniques de fabrication et sur un tissu professionnel solide. La disparition des laboratoires rรฉduit les partenaires qualifiรฉs, appauvrit la diversitรฉ des compรฉtences et renforce un modรจle standardisรฉ, รฉloignรฉ du patient. La denturologie propose au contraire une alternative basรฉe sur la proximitรฉ, la transparence et le soin personnalisรฉ.
Et surtout, elle est appelรฉe ร devenir une profession distincte ร part entiรจre, avec un cursus scolaire complet en prรฉparation, sur le modรจle du Quรฉbec, oรน le denturologiste est formรฉ ร la fois ร la clinique et ร la fabrication. Ce modรจle garantit lโautonomie professionnelle et une prise en charge globale du patient, de lโempreinte ร la livraison.
Un appel ร rรฉagir
Ce qui se joue aujourdโhui nโest pas quโun ajustement รฉconomique : cโest un effacement programmรฉ dโun mรฉtier de prรฉcision et dโune culture professionnelle. Les pouvoirs publics, les reprรฉsentants syndicaux et les acteurs de terrain doivent agir pour :
dรฉfendre le maintien des certifications au RNCP,
garantir la traรงabilitรฉ et la sรฉparation des rรดles,
soutenir la formation et la transmission des savoir-faire,
favoriser la production locale et la souverainetรฉ technique.
Il nโest pas trop t**d pour agir. Mais cโest maintenant quโil faut parler, haut et clair. Prรฉserver les laboratoires, cโest prรฉserver la qualitรฉ des soins, lโindรฉpendance des mรฉtiers, et lโavenir dโune filiรจre essentielle.