30/05/2025
Une composante non négligeable des séances d’équitherapie :
Anxiété, dépression, stress : la santé mentale connaît une dégradation alarmante en Europe. Dans un contexte d'urbanisation croissante, renouer avec la nature pourrait être l'une des clés pour préserver notre équilibre psychologique : s’immerger dans des espaces verts, observer des paysages préservés mais aussi… écouter les sons de la nature. Selon une étude récente, le gazouillis des oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles ou encore celui de l’eau qui s’écoule sont des remèdes précieux pour améliorer notre santé mentale.
La santé mentale est aujourd’hui une préoccupation majeure en France et en Europe. Selon une enquête Ipsos de 2024, 55 % des Français déclarent penser souvent, voire très souvent, à leur santé mentale, un chiffre en hausse constante ces dernières années. Certaines catégories de la population sont particulièrement concernées, comme les femmes ou la génération Z, chez qui cette proportion atteint les 63 %. Au niveau européen, une enquête Eurobaromètre de 2023 révèle que 46 % des Européens ont rencontré un problème émotionnel ou psychosocial (dépression, anxiété…) au cours des douze derniers mois.
Face à ce constat, certains gouvernements ont fait de cet enjeu une priorité de santé publique, à l’instar de la France qui a déclaré la santé mentale grande cause nationale de l’année 2025. Le gouvernement entend lutter contre le manque d'information et la stigmatisation des troubles mentaux. La Commission Européenne insiste quant à elle sur la nécessité d’investir dans les systèmes de soins de santé, mais aussi dans la prévention. Dans ce dernier domaine, un enjeu est pourtant souvent sous-estimé : les déterminants environnementaux de la santé.
➡️ Déconnexion avec la nature : un terreau pour l’anxiété
L’éloignement avec la nature constitue un facteur de risque pour la santé mentale. L’absence d’espaces verts ou bleus (comme les plans d’eau) influence négativement le bien-être psychologique, en particulier chez les enfants et les jeunes adultes. Une étude danoise menée sur près d’un million d’enfants a par exemple montré que ceux qui grandissent en milieu urbain ont 55 % de risques en plus de développer des troubles psychiatriques (dépressions, troubles anxieux, schizophrénie) à l’âge adulte.
Même constat à Barcelone, où une étude a conclu que l’indice de végétation de l’environnement à proximité était inversement corrélé à des problèmes comme l’inattention et à l’hyperactivité. Le phénomène est donc largement documenté de par le monde, et il a même un nom : « nature-deficit disorder » (trouble déficitaire de la nature). Ce concept désigne précisément l’impact négatif de la vie urbaine et de l’éloignement de la nature, renforcé par la place grandissante des médias électroniques dans les loisirs, sur le développement et le bien-être psychologique.
➡️ La nature, une alliée insoupçonnée pour l’équilibre mental
Au contraire, des chercheurs ont démontré que les personnes exposées aux espaces verts sont moins sujettes à différents troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété ou le stress. La proximité des arbres apparaît par exemple comme un facteur avéré de bien-être. Selon des travaux menés à Taiwan chez des participants âgés de 45 à 86 ans, les sorties en forêt contribuent à abaisser le rythme cardiaque, la pression artérielle et le taux d’hormones liées au stress, le cortisol et l’adrénaline. Résultat, une baisse significative de l’anxiété, de la dépression, de la colère et de la fatigue.
Le simple fait d’observer des scènes naturelles pourrait aussi améliorer l’attention et la concentration. C’est du moins ce que suggère une étude australienne, menée sur des étudiants chargés d’accomplir des travaux après avoir observé soit une scène urbaine, soit une scène naturelle. Les résultats du premier groupe se sont révélés largement supérieurs. Au-delà de l’image, ce sont aussi les sons de la nature qui apportent des bienfaits mesurables sur la santé. Une méta-analyse parue en 2021 dans la r***e Proceedings of the National Academy of Sciences recense les preuves de ces différents bénéfices.
➡️ Le pouvoir thérapeutique des bruits de la nature
L’étude, menée par des chercheurs canadiens et américains, synthétise les enseignements d’une trentaine de publications portant sur les effets des sons naturels sur la santé dans les parcs nationaux des Etats-Unis. Le résultat est clair : les bruits d’animaux, du vent dans les arbres ou encore de l’eau qui s’écoule améliorent significativement la santé mentale.
Parmi les exemples d’effets bénéfiques, citons la diminution de la douleur et du stress, ou encore l'amélioration de l'humeur et des performances cognitives. Ces impacts seraient liés à nos instincts de mammifères scannant les sons alentour : un environnement sonore naturel est synonyme d’un espace sûr et sain, là où l’absence de bruits comme les gazouillis des oiseaux peut être perçue comme un indicateur suscitant notre vigilance.
Si les espaces naturels isolés sont des lieux privilégiés pour profiter de ces effets positifs sur la santé mentale, les parcs urbains ou à forte fréquentation ne sont pas sans avantages pour le bien-être des visiteurs. Malgré la présence de sons d’origine anthropique plus marqués, comme des bruits de circulation, le cerveau humain aurait en effet tendance à se concentrer en priorité sur les sons d’origine naturelle.
Les auteurs de l’étude insistent ainsi sur le rôle majeur des espaces verts pour la santé :
« NOS RÉSULTATS MONTRENT QUE LES SONS NATURELS FOURNISSENT D'IMPORTANTS SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES ET QUE LES PARCS PEUVENT AMÉLIORER LA SANTÉ PUBLIQUE EN METTANT EN VALEUR ET EN CONSERVANT LES PAYSAGES SONORES NATURELS. »
Dans notre société de plus en plus déconnectée des espaces naturels, la préservation de ces milieux ne répond pas seulement aux exigences de la lutte contre le dérèglement climatique ou la crise de la biodiversité. Autant qu’une nécessité écologique, la protection de la nature est aussi une urgence de santé publique. Les chercheurs espèrent ainsi que leur analyse pourra éclairer les politiques d’aménagement du territoire, rappelant que « la conservation de la nature a des implications considérables sur la santé, en particulier dans les populations de plus en plus urbanisées. »
✍🏼 Lou Aendekerk
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