Qui aurait pu penser que je deviendrai artisan âtrier, et que, entraîné par la passion de mon métier, je me présenterai au concours "Un des Meilleurs Ouvriers de France", et qu'un jour je deviendrai "M.O.F."? lorsqu'ils me voyaient allumer les feux de camp
destinés à réchauffer les longues veillées lors des soirées parfois fraîches...
Mes études suivies au lycée Ozanam semblaient au départ m'ouvrir une autre voie...j'y ai effectivement sévi un certain temps en tant que technicien et conducteur de travaux. Mais cette voie ne me comblait pas pleinement...
Un jour ma décision fut prise: j'allais m'installer. Je me remis aux études, une autre forme d'études. Avec mon BP de maçonnerie en poche, je m'installais à 29ans. Je pouvais enfin m'organiser comme j'en avais envie, transposer dans les travaux que l'on me confiait l'envie que j'avais de faire du beau...
Au bout d'un certain temps je fis la rencontre de Nino, un artisan âtrier originaire d'Italie du nord. Dés que j'ai vu travailler Nino j'ai su que c'était un pro, un bon, un vrai. Nino était alors à quelques années de la retraite pour laquelle il souhaitait retrouver ses racines italiennes. La formation d'âtrier est très peu assurée en France; il en existe une à Colmar?...Nino me proposa de me former à son métier. Ma décision fut très vite prise. Je pourrai retrouver le plaisir du feu qui m'a toujours fasciné, réaliser un travail complet, technique - techniques de construction, de tirage, de plan, de dessin...- et esthétique dans une activité d'intérieur qui touche à la décoration et qui demande des finitions très soignées. Pendant plusieurs mois j'accompagnais et travaillais avec Nino sur ses chantiers...jusqu'à ce que je puisse voler de mes propres ailes. Nino fit ses bagages et partit retrouver son Frioul natal pour une retraite bien méritée. Devenus amis, nous sommes allés depuis lui rendre visite et passer quelques jours avec lui et son épouse dans sa région natale. Mon expérience progressant au fil des chantiers, je suis rapidement devenu Maître Atrier, puis j'ai pensé à me présenter au concours "Un des Meilleurs Ouvriers de France". Au delà de la satisfaction personnelle si je parvenais à le décrocher, le niveau exigé me permettrait de découvrir d'autres techniques et de repousser mes limites. L'inscription fut prise. C'était le début d'une Aventure qui dura 2ans et qui représenta 600 heures de travail. Mon ouvrage terminé, l'Aventure ne l'était pas! Il fallut en effet organiser le transport de l'édifice jusque Lyon...sans casse, et ce n'était pas le plus simple, difficile à maîtriser! Ce fut presqu'un transport exceptionnel! Merci à toute l'équipe des amis, collègues et voisins pour la préparation de ce convoi...qui arriva indemne (ouf!)
et grâce à la participation desquels je suis M.O.F. Quant à l'exposition de Lyon à laquelle j'ai eu l'honneur de participer, elle représente dans ma vie quelque chose d'unique, presque magique...une telle réunion de chefs d'oeuvre dans des domaines aussi variés que la taille de la pierre, la joaillerie, le chocolat (j'adore!), les fleurs, la photo, la haute technologie...nous a laissés pantois d'admiration, et remplis d'émotion. Nous en avons eu vraiment "plein les yeux", et la France peut être fière de ses talents. Quitter tout cela fut très difficile...mais le TGV nous attendait pour nous ramener dans le Nooord, avec des merveilles encore plein les yeux!