Mouvman ekilib

Mouvman ekilib Mouvman Ekilib est une organisation sociale qui œuvre dans l’éducation des citoyens haïtiens.

Le coordonnateur national ainsi que la secrétaire générale de Mouvman Ekilib ont récemment pris part à une formation de ...
26/06/2025

Le coordonnateur national ainsi que la secrétaire générale de Mouvman Ekilib ont récemment pris part à une formation de renforcement de capacités qui s’est tenue dans la Maison des Droits de l’Homme à Pétion-Ville. Cette session, organisée par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), s’inscrit dans une dynamique de soutien durable aux acteurs de la société civile engagés dans la promotion et la défense des droits humains en Haïti.

D’une durée de trois mois, cette formation a couvert plusieurs modules clés, notamment : les principes fondamentaux des droits de l’homme, les principaux instruments et mécanismes internationaux et régionaux de protection des droits humains, les techniques de monitoring, d’enquête et de vérification, les stratégies de plaidoyer, l’action humanitaire, la gestion de projets, ainsi que la gestion organisationnelle, entre autres.

L’objectif était de doter les défenseurs des droits humains d’outils théoriques et pratiques pour mieux documenter les violations, renforcer leurs capacités d’analyse, et développer des stratégies d’action efficaces, particulièrement dans un contexte national marqué par des crises sécuritaire, politique et sociale.

La formation a également favorisé un espace d’échanges entre les différentes organisations issues de divers départements du pays, renforçant ainsi la collaboration et la mise en réseau des acteurs engagés dans la protection des droits fondamentaux en Haïti.

À cette occasion, Mouvman Ekilib exprime sa profonde gratitude au Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, à l’Union européenne ainsi qu’à Gouvernance Group pour cette initiative aussi pertinente que nécessaire. Elle constitue un appui crucial à la mission que nous poursuivons quotidiennement sur le terrain.

Mouvman ekilib se yon plis ke yon ekip men yon fanmi.
31/01/2025

Mouvman ekilib se yon plis ke yon ekip men yon fanmi.

01/01/2025
LES REACTIONS POPULAIRES FACE A L’INJUSTICE : UNE ANALYSE SOCIOPOLITIQUE DE L'EXECUTION SOMMAIRE EN HAÏTIL'exécution som...
25/11/2024

LES REACTIONS POPULAIRES FACE A L’INJUSTICE : UNE ANALYSE SOCIOPOLITIQUE DE L'EXECUTION SOMMAIRE EN HAÏTI

L'exécution sommaire ou anticipée, phénomène malheureusement récurrent dans de nombreuses sociétés marquées par une insécurité grandissante, est particulièrement observable en Haïti. Face à des actes de violence ou de délinquance, une partie de la population haïtienne réagit en adoptant des comportements de justiciers ou en se comportant elle-même comme des bandits, infligeant des punitions immédiates aux individus qu'elle considère comme des criminels. Mais pourquoi de telles réactions émergent-elles ? Et quel rôle joue le ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) dans un contexte où la fragilité du système judiciaire est bien documentée ?

UNE JUSTICE POPULAIRE : ENTRE FRUSTRATION ET DESILLUSION

Les exécutions sommaires observées dans des contextes de justice populaire en Haïti trouvent leurs racines dans une profonde désillusion à l’égard des institutions publiques, en particulier du système judiciaire. Selon Michel-Rolph Trouillot, la société haïtienne a longtemps été marquée par une défiance généralisée envers l'État et ses institutions. Cette méfiance se révèle particulièrement dans les zones rurales ou urbaines où l'autorité étatique demeure quasiment absente. Trouillot souligne que cette désaffection est née d'un manque de légitimité des structures étatiques, exacerbée par l’incapacité de celles-ci à garantir la sécurité et l’égalité devant la loi (Trouillot, 1990).

Dans un tel contexte, le sentiment de frustration grandit face à la lenteur du système judiciaire, poussant certains citoyens à adopter la logique du « droit de faire justice soi-même ». Cette réaction trouve un terreau fertile dans un environnement où la violence semble être un moyen plus rapide et efficace pour rétablir l’ordre. Max Weber, dans ses travaux sur la sociologie du pouvoir, explique que dans les sociétés où le monopole de la violence légitime est rompu, la population se tourne naturellement vers des formes de justice extrajudiciaire. Ce recours à la violence rétributive devient alors perçu comme une alternative nécessaire face à l’impuissance des autorités publiques à juger et punir de manière juste et rapide.

LA REACTION POPULAIRE : UNE EXPRESSION DE L’IMPUISSANCE

L'augmentation des comportements de "justiciers" ou "bandits" au sein de la population reflète également une société où la sécurité et le droit à la justice sont continuellement mis à mal. Les citoyens, confrontés à l'incapacité de l'État à exercer son rôle régalien de protecteur des individus, se voient contraints de prendre la justice en main. Bien que ces actions violentes soient répréhensibles du point de vue du droit, elles sont souvent motivées par un désir sincère de protéger la collectivité et d’instaurer une forme de dissuasion dans un contexte d’impunité généralisée. Les actes de vengeance et de justice populaire deviennent ainsi une réponse logique au vide sécuritaire qui caractérise de nombreuses régions du pays.

Une telle dynamique s'accompagne d'une philosophie de la justice de proximité, où le tribunal populaire émerge comme une alternative, aussi illégale soit-elle, face à un système judiciaire incapable d’assurer une justice équitable et rapide. Albert Hirschman, dans son ouvrage Exit, Voice, and Loyalty, soutient que de telles réactions collectives découlent d’un malaise profond, lorsque l’État est perçu non seulement comme impuissant, mais aussi comme intrinsèquement injuste par une large majorité de la population (Hirschman, 1970). Ce malaise est amplifié par le fossé béant qui sépare la législation formelle de la réalité vécue sur le terrain.

LE ROLE DU MINISTERE DE LA JUSTICE ET DE LA SECURITE PUBLIQUE (MJSP)

Dans ce contexte chaotique, le rôle du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) devient crucial, étant l'entité censée mettre en œuvre les politiques de justice et de sécurité en Haïti. L'État haïtien est théoriquement chargé de garantir les droits fondamentaux de ses citoyens, mais le manque de ressources, la corruption et la faiblesse du système judiciaire ont conduit à une perte de crédibilité des pouvoirs publics. Le MJSP se trouve dans une situation paradoxale : il doit lutter contre des forces échappant à son contrôle, tout en étant perçu par la population comme une institution défaillante.

Michel Foucault a exploré l’impact de l'absence de justice rationnelle et d’un véritable État de droit dans les sociétés fragiles. Selon lui, dans de telles sociétés, la justice se transforme souvent en une discipline punitive arbitraire, où la population, faute de confiance dans les institutions, cherche à résoudre ses conflits par la violence (Foucault, 1975). En Haïti, cette dynamique se reflète dans l'augmentation des actes de justice populaire, qui tentent de combler le vide laissé par un système judiciaire qui ne répond plus aux exigences d'une justice équitable.

LE DEFI DE LA REFORME JUDICIAIRE

Face à cette situation, la réforme du système judiciaire haïtien devient une nécessité urgente pour rétablir l’équilibre social. Le rôle du MJSP doit dépasser la simple application de la loi : il doit être le fer de lance d’un processus de réforme institutionnelle en profondeur. Cela passe par la formation continue des acteurs judiciaires, la promotion de la transparence dans les affaires judiciaires et, surtout, la mobilisation des ressources nécessaires pour garantir une sécurité publique réelle et effective.

Il est également essentiel de renforcer la dissuasion légale, en assurant des peines justes et proportionnées. Une justice perçue comme absente ou injuste pousse inévitablement les citoyens à chercher des solutions extrajudiciaires. John Rawls, dans sa théorie de la justice, soutient qu'une société juste doit garantir une distribution équitable des opportunités et des ressources, ce qui inclut un accès égal à la justice (Rawls, 1971). Si le MJSP échoue dans cette mission, la violence sociale restera une réalité omniprésente, alimentée par l’injustice institutionnalisée.

LE ROLE DE LA POLICE : AUXILIAIRE DE LA JUSTICE OU JUSTICIER POLITICISE ?

En Haïti, le rôle de la police, censée être l'auxiliaire de la justice, est profondément affecté par la politisation de l'institution. La police, qui devrait garantir l'application des lois et protéger les citoyens, se trouve souvent dans une position ambiguë, où ses actions sont influencées par des intérêts politiques, au détriment de l'engagement professionnel de servir la justice. Cette politisation de la police entraîne non seulement son inefficacité, mais parfois même son rôle en tant qu'extension des forces politiques, agissant pour des intérêts qui ne respectent pas l’équité ou l’impartialité.

Max Weber a défini la légitimité du pouvoir étatique comme étant fondée sur le consentement des gouvernés et l'efficacité des institutions. Mais, lorsque la police se laisse instrumentaliser par des acteurs politiques, elle perd sa légitimité et devient, aux yeux de la population, un instrument de répression plutôt qu’un gage de justice. Dans ce cadre, elle devient un acteur qui, au lieu de protéger les droits des citoyens, participe à des pratiques arbitraires et violentes.
En perdant son rôle d'auxiliaire impartial de la justice, la police se retrouve souvent associée aux justiciers agissant en dehors des cadres légaux. Giorgio Agamben, dans State of Exception, souligne que dans de tels contextes, où les institutions perdent leur fonction originelle, l’État de droit se transforme en un espace d'exclusion où la violence est légitimée par ceux qui détiennent le pouvoir (Agamben, 2005). Ainsi, la police, perçue comme un acteur politique, contribue à alimenter un cycle de violence sociale, renforçant la perception d’une incapacité de l’État à rendre justice de manière équitable.

CONCLUSION

En définitive, l’exécution sommaire en Haïti, bien qu’elle constitue une violation flagrante des principes de l’État de droit, est avant tout le symptôme d’une crise systémique de la justice et de la sécurité. Face à l'incapacité de l'État à garantir une justice équitable, les citoyens se tournent vers des formes de justice extrajudiciaires, alimentées par la frustration et la désillusion. Le ministère de la Justice et de la Sécurité Publique doit impérativement jouer un rôle central dans la restauration de la légitimité de l'État, en réaffirmant les principes fondamentaux de l'État de droit et en rétablissant une société où la justice ne soit pas un acte de vengeance, mais un principe appliqué de manière universelle, juste et équitable.

Jean Claude Désir, Conseiller d'Honneur, Mouvman ekilib

RÉFÉRENCES :
• Hirschman, A. (1970). Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States. Harvard University Press.
• Foucault, M. (1975). Surveiller et Punir: Naissance de la prison. Gallimard.
• Rawls, J. (1971). A Theory of Justice. Harvard University Press.
• Trouillot, M.-R. (1990). Peasants and Capitalism: Dominica in the World Economy. University of the West Indies Press.
• Agamben, G. (2005). State of Exception. University of Chicago Press

Insécurité en Haïti : forces de l’ordre et population unies face aux gangs armésDans la nuit du lundi 18 au mardi 19 nov...
20/11/2024

Insécurité en Haïti : forces de l’ordre et population unies face aux gangs armés

Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 novembre, une opération conjointe des forces de l’ordre et de la population a permis de contrecarrer une tentative d’attaque d’envergure menée par le groupe criminel « Viv Ansanm ». Sur la route de Bourdon, un camion transportant des individus lourdement armés a été intercepté par la police alors qu’il se dirigeait vers Pétion-Ville avec l’intention de perpétrer un massacre. L’intervention rapide et déterminée des forces de l’ordre a neutralisé ces assaillants, évitant un carnage.

Cependant, cette attaque planifiée ne constituait qu’une partie d’une offensive coordonnée par ce groupe armé. D’autres individus affiliés à « Viv Ansanm » ont cherché à prendre d’assaut plusieurs quartiers stratégiques de Port-au-Prince, notamment Canapé-Vert, Lalue, Bois-Verna et Turgeau.

Face à ces tentatives, la population, excédée par l’inaction des institutions judiciaires et sécuritaires, s’est mobilisée. Dans ces zones, les résidents, galvanisés par le mouvement de justice populaire « Bwa Kale », ont capturé certains assaillants et, dans un acte de représailles, les ont exécutés sommairement, allant jusqu’à les brûler vifs.

Un système défaillant : la montée en puissance de la justice populaire

Ces événements illustrent une nouvelle escalade de la violence en Haïti. Si la collaboration entre la police et la population a permis de repousser cette attaque, elle met également en lumière l’absence flagrante du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique dans sa mission de protéger la société et de rendre justice. L’impuissance des institutions de l’État face à la crise sécuritaire a laissé un vide que les citoyens, à bout de patience, tentent de combler par leurs propres moyens.

Le mouvement « Bwa Kale » incarne cette frustration généralisée. Il est à la fois une expression de solidarité citoyenne et une réponse désespérée à la menace constante que représentent les gangs armés. Cependant, le recours à des exécutions sommaires et à la justice populaire soulève des questions éthiques et met en péril l’état de droit.

Les implications sociopolitiques et socioéconomiques

La recrudescence des activités des gangs a des répercussions profondes sur la société haïtienne. Sur le plan sociopolitique, l’incapacité des autorités à juguler la violence contribue à la défiance croissante envers l’État. L’absence du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique dans cette lutte contre l’insécurité aggrave encore cette situation, renforçant la perception d’un État défaillant.

Sur le plan socioéconomique, l’insécurité bloque les activités économiques, détruit les moyens de subsistance et pousse de nombreuses familles à fuir les zones urbaines, paralysant davantage une économie déjà fragile. De plus, la généralisation de la violence entrave les investissements et les initiatives de développement.

Un appel urgent à l’action gouvernementale

Ces événements tragiques posent des questions cruciales :

Où se trouve le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, censé garantir la protection des citoyens ?

Comment l’État peut-il restaurer son autorité et briser le cycle de violence alimenté par l’impunité ?

Quelles mesures peuvent être prises pour renforcer les capacités des forces de l’ordre tout en réformant un système judiciaire défaillant ?

Il est urgent pour les autorités haïtiennes de reprendre le contrôle de la situation. Une réponse ferme et coordonnée entre les forces de sécurité, les institutions judiciaires et les partenaires internationaux est nécessaire pour démanteler les gangs armés et restaurer la confiance de la population envers l’État.

En l’absence de telles actions, le pays risque de s’enliser davantage dans le chaos, compromettant ainsi tout espoir de stabilité et de développement. Haïti doit impérativement reconstruire un système institutionnel capable de répondre aux attentes de sa population et de garantir un avenir où justice, sécurité et prospérité seront accessibles à tous.

Jean Claude Désir, Conseiller d'Honneur, Mouvman ekilib

*Haïti en crise : une nation en proie à la violence, l'incertitude et la fuite des cerveaux*Haïti est aujourd’hui face à...
07/11/2024

*Haïti en crise : une nation en proie à la violence, l'incertitude et la fuite des cerveaux*

Haïti est aujourd’hui face à une crise multidimensionnelle où la sécurité publique, l’économie, et les institutions étatiques sont profondément ébranlées. En effet, la recrudescence des gangs armés, la faiblesse des forces de l’ordre, et la démission apparente de l’État ont contribué à un climat de terreur qui pèse lourdement sur tous les aspects de la vie quotidienne. Cette instabilité provoque l’émigration massive des cadres compétents, augmentant la précarité socioéconomique, fragilisant l’éducation et hypothéquant l’avenir du pays.

*La violence des gangs : un fléau incontrôlable*

La montée en puissance des gangs armés en Haïti est devenue une menace existentielle. Selon l’Organisation des Nations unies, environ 80 % de Port-au-Prince est aujourd’hui sous le contrôle des gangs, qui imposent leur loi par la terreur, bloquent les axes de transport et se livrent à des exactions quotidiennes. En 2023, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avait déjà recensé une augmentation drastique des violences, avec des centaines de morts et des milliers de personnes déplacées à cause des affrontements.

« Lorsque la loi ne règne plus, la société s’effondre, » écrivait Thomas Hobbes dans Le Léviathan. Ce constat s’applique aujourd'hui à Haïti où l’État est incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens. Les forces de police, largement sous-équipées et insuffisamment formées, sont incapables de contenir les bandes armées qui ont acquis une telle puissance qu’elles rivalisent désormais avec les autorités locales. Face à ce constat d’échec, l’État haïtien semble démuni, voire résigné, ce qui entraîne un sentiment d’abandon au sein de la population.

*L’incapacité de l’État et la faillite des institutions régaliennes*

Cette crise sécuritaire découle aussi de la faiblesse des institutions régaliennes qui devraient garantir l’ordre public. En Haïti, l’absence d’un système judiciaire efficace, la corruption omniprésente, et le manque de moyens des institutions publiques ont vidé l’État de sa capacité à gouverner. Jean-Jacques Rousseau, dans Du Contrat Social, souligne que la légitimité de l’État repose sur sa capacité à défendre le bien commun. En Haïti, cet idéal semble inatteignable, et l’État devient une entité abstraite, loin des réalités et préoccupations des citoyens.

Les institutions qui incarnent le pouvoir régalien, telles que la justice et la police, se révèlent de plus en plus défaillantes, incapables de défendre le territoire ou de protéger les citoyens. Cette crise des institutions régaliennes est souvent désignée par les chercheurs en sciences politiques comme l’un des symptômes les plus graves de l’échec d’un État. Selon Max Weber, un État est défini par « le monopole de la violence légitime » ; en Haïti, ce monopole est perdu, et l’autorité est éclatée entre différentes factions armées.

*L’exode des cadres compétents : une fuite des cerveaux désastreuse*

La crise sociopolitique actuelle a un effet dévastateur sur le capital humain du pays. Face à l’incertitude et aux menaces quotidiennes, de nombreux cadres qualifiés choisissent l’émigration, préférant un avenir plus sûr à l’étranger. Les médecins, enseignants, ingénieurs et autres professionnels quittent le pays en quête de sécurité et de meilleures opportunités économiques. Selon une étude de la Banque mondiale, l’émigration des compétences affaiblit encore plus les institutions locales en privant Haïti de ressources humaines indispensables pour son redressement.

La « fuite des cerveaux » n’est pas sans conséquences sur la résilience du pays. Albert Hirschman, économiste de renom, théorise dans Exit, Voice, and Loyalty que les citoyens de sociétés défaillantes sont souvent contraints de « quitter » faute de pouvoir exprimer leur voix. L’absence de perspectives de changement et l’instabilité poussent donc des milliers de Haïtiens qualifiés à fuir, exacerbant les faiblesses structurelles du pays. En conséquence, le pays se trouve privé des compétences nécessaires pour sortir de cette impasse socioéconomique.

*La cherté de la vie : un impact lourd sur la population*

La vie en Haïti est devenue de plus en plus difficile, particulièrement pour les classes moyennes et les plus pauvres. L’inflation galopante, qui dépasse souvent les 20 % annuellement, rend l’accès aux produits de première nécessité, tels que la nourriture, les médicaments, et les carburants, extrêmement coûteux. Cette cherté de la vie accentue la précarité et nourrit le mécontentement populaire. Les théories économiques de Keynes sur la demande montrent que, dans un contexte où le pouvoir d’achat diminue, la consommation s’effondre, précipitant le pays dans une spirale de récession.

Le coût de la vie en Haïti a des répercussions dramatiques sur les familles. « Un peuple qui a faim n’a pas d’oreilles », rappelait Jean-Jacques Rousseau. En Haïti, la crise alimentaire empêche de nombreux enfants d’accéder à une alimentation de base, et les ménages les plus pauvres sont contraints de réduire leur consommation. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a estimé que près de la moitié de la population haïtienne est actuellement en situation d’insécurité alimentaire. Cette crise alimentaire aggrave les tensions sociales et politiques, et l'absence d'intervention de l'État accentue le sentiment d'injustice au sein de la population.

*Impact sur l’éducation : un avenir hypothéqué*

La crise actuelle a également un impact considérable sur le secteur éducatif en Haïti. Les écoles et universités sont souvent fermées à cause de l’insécurité, et l’instabilité affecte directement la qualité de l’éducation. Les enseignants, mal payés et souvent menacés, désertent parfois les établissements, et les familles, confrontées aux difficultés économiques, peinent à financer la scolarité de leurs enfants. Cette déscolarisation massive nuit gravement aux perspectives d’avenir du pays.

Sans une jeunesse instruite et formée, Haïti voit son avenir compromis. « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde, » disait Nelson Mandela. En Haïti, toutefois, cette arme semble être de plus en plus inaccessible. Les classes fermées, les enseignants absents et le manque de ressources pédagogiques condamnent les générations futures à une précarité permanente.

*Conclusion : Quelle issue pour Haïti ?*

Les défis auxquels fait face Haïti sont nombreux et complexes. La crise sécuritaire, l’incapacité de l’État, l’exode des compétences, la cherté de la vie et la crise éducative forment un cercle vicieux, où chaque problème alimente les autres. Pour espérer sortir de cette situation, Haïti doit reconstruire ses institutions, renforcer la sécurité et mettre en place des politiques économiques et sociales capables de retenir ses talents.

Des initiatives internationales et une mobilisation de la société civile pourraient aussi contribuer à la résilience nationale. Cependant, sans un leadership fort et une volonté politique d’affronter ces crises, les perspectives restent sombres. La communauté internationale, les intellectuels haïtiens, et tous les citoyens doivent s’unir pour relancer un pays aux ressources immenses, mais aux défis colossaux.

Jean Claude Désir, Conseiller d'honneur, Mouvman ekilib

L’inefficacité du système sanitaire en Haïti : Une analyse sociologique, environnementale et écologique des enjeux et de...
05/11/2024

L’inefficacité du système sanitaire en Haïti : Une analyse sociologique, environnementale et écologique des enjeux et des défis.

La question de l’inefficacité du système sanitaire en Haïti est un problème complexe qui interpelle divers domaines de la société haïtienne, de la sociologie à l’écologie, en passant par l’environnement et la santé publique. L'analyse de cette inefficacité révèle une interaction entre des facteurs sociaux, politiques et économiques qui perpétuent la vulnérabilité de la population haïtienne face aux crises sanitaires et aux désastres environnementaux. Ce phénomène est exacerbé par les pratiques locales, telles que la gestion inadéquate des déchets humains, les méthodes de protestation violentes incluant l'incinération de pneus, et la fragilité des infrastructures de santé, en particulier dans les centres hospitaliers et les dispensaires.

La salubrité publique : un enjeu sanitaire et social majeur

La salubrité publique en Haïti souffre de nombreux manquements, particulièrement dans la gestion des déchets humains. La mortalité élevée due aux conditions de vie précaires dans certaines régions urbaines surpeuplées, combinée au manque de moyens pour la crémation ou l’inhumation des cadavres, expose les communautés à des risques de contamination. En période de crise, cette situation s’aggrave, les cadavres non récupérés devenant une source potentielle de maladies infectieuses, telles que le choléra, dont l’OMS signale qu’il peut se propager par le contact avec des matières en décomposition dans des contextes de faible hygiène (Organisation Mondiale de la Santé, 2021).

Les pratiques funéraires et sanitaires sont également soumises à des tensions culturelles et économiques. En Haïti, où les ressources pour un système de crémation publique sont inexistantes, les cadavres peuvent parfois être laissés dans des conditions insalubres. Cette situation met en lumière l'intersection entre pauvreté, croyances culturelles et inefficacités structurelles de l’État haïtien. Une étude de l'UNESCO (2020) souligne que le manque d’infrastructures sanitaires en Haïti est non seulement une cause de la crise de salubrité, mais également un obstacle à l’adhésion des populations aux pratiques modernes de gestion des déchets humains.

Impact écologique et sanitaire de la combustion de pneus lors des manifestations.

Le phénomène du "bwa kale", symbole de la contestation populaire en Haïti, est également une cause majeure de pollution environnementale. Les manifestants utilisent couramment des pneus enflammés pour ériger des barricades, une pratique qui produit une pollution atmosphérique massive. Des études ont démontré que la combustion de pneus libère une multitude de substances toxiques, telles que le benzène, le toluène et les dioxines, reconnues pour leurs effets cancérogènes et pour leur impact négatif sur la biodiversité environnante (Institut National de l’Environnement, 2020). Ces polluants pénètrent dans l’air et dans le sol, dégradant la qualité de l’environnement local et posant des risques respiratoires et cardiovasculaires accrus pour les habitants des zones touchées.

Sur le plan écologique, l’incinération de pneus nuit à la faune et à la flore en libérant des hydrocarbures et des métaux lourds qui s’infiltrent dans les sols et les nappes phréatiques. En Haïti, où les mécanismes de contrôle environnemental sont quasi inexistants, ces pratiques aggravent la dégradation des écosystèmes déjà fragiles. Selon une étude de la Banque Mondiale (2022), la pollution par les pneus brûlés dans les zones urbaines haïtiennes est en partie responsable de la baisse de la qualité de l'air, contribuant à une morbidité accrue liée aux maladies respiratoires.

Les défaillances du système hospitalier haïtien : vers une crise sanitaire permanente

Les hôpitaux et les dispensaires haïtiens illustrent la précarité du système de santé du pays. Selon l’UNICEF, seulement 40 % des centres de santé en Haïti disposent des ressources minimales pour fonctionner de manière adéquate, notamment en ce qui concerne les médicaments, l’eau potable et l’équipement médical de base (UNICEF, 2022). Cette insuffisance est encore plus visible dans les zones rurales, où la population doit parfois parcourir de longues distances pour accéder aux soins de santé les plus élémentaires.

Le manque de formation du personnel de santé constitue un obstacle supplémentaire. En l'absence d'un investissement substantiel dans la formation médicale et paramédicale, les soignants haïtiens sont souvent sous-qualifiés et submergés. Ce déficit de compétence entraîne une prise en charge inadéquate des patients et un taux de mortalité évitable parmi les personnes atteintes de maladies curables. Le rapport de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) sur les systèmes de santé dans les Caraïbes (2021) souligne que le système de santé haïtien souffre d'une absence de planification et de coordination, aggravant ainsi la fragilité de la réponse sanitaire en situation d’urgence.

Une approche intégrée pour répondre aux défis sanitaires et environnementaux

Pour remédier à ces problèmes, une approche intégrée alliant réforme sanitaire, éducation environnementale et développement des infrastructures est essentielle. Haïti aurait besoin d'un plan global qui englobe des réformes sanitaires, la mise en place de mesures d’éducation environnementale, et un investissement dans la salubrité publique. Ce plan pourrait inclure la création de crématoriums publics, de centres de tri des déchets, et d’une unité de gestion des déchets médicaux, adaptés aux réalités socio-économiques du pays. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) rappelle qu’"un système de santé résilient est la clé pour sortir de la pauvreté extrême et protéger les populations vulnérables" (PNUD, 2021).

Conclusion : La nécessité d’une reconfiguration systémique

L’inefficacité du système sanitaire en Haïti est une problématique enracinée dans les fragilités structurelles de l’État et dans les dynamiques socio-culturelles du pays. Les pratiques de protestation qui polluent l’environnement, la mauvaise gestion des cadavres, et le manque d’accès aux services de santé fondamentaux sont des indicateurs d’une crise sanitaire persistante qui appelle à une intervention globale. En adoptant une perspective sociologique et écologique, on comprend que la santé publique en Haïti ne peut être réformée sans prendre en compte les contraintes sociales, culturelles et environnementales.

Jean Claude Désir, Conseil d'Honneur Mouvman ekilib

Byen selebre kamarad Frantzley Valbrun
10/06/2024

Byen selebre kamarad Frantzley Valbrun

Jodi dimanch 19 me a, nou te reyini ansanm ak timoun yo pou n planifye kloti fòmasyon an.Nou te tou pwofite ale vizite s...
19/05/2024

Jodi dimanch 19 me a, nou te reyini ansanm ak timoun yo pou n planifye kloti fòmasyon an.

Nou te tou pwofite ale vizite sant kiltirèl Koukouy.

Kote nou te gen chans kwaze ak ekriven, powèt Dorcely Dede ki t ap pataje eksperyans li ak nou.

Rapò jounen fòmasyon dimanch 5 me 2024 la nan Pwogram Timoun Kapab la.Nou te genyen ;Prezans : 8 timoun  --------- Envit...
06/05/2024

Rapò jounen fòmasyon dimanch 5 me 2024 la nan Pwogram Timoun Kapab la.

Nou te genyen ;

Prezans : 8 timoun --------- Envite : 0 envite.

Kolaboratè : 3 manm Mouvman ekilib

Entèvenan jounen an : Doktè Rose Maele Pierre Louis

Sijè : Kilè yon moun fè pitit anvan lè.

Vénel Bozile k ap di timoun yo se fiti dirijan peyi a,  se depi kounya pou yo kiltive lanmou pou peyi yo Ayiti ak onètet...
29/04/2024

Vénel Bozile k ap di timoun yo se fiti dirijan peyi a, se depi kounya pou yo kiltive lanmou pou peyi yo Ayiti ak onètete.

Rapò jounen fòmasyon dimanch 29 avril 2024 la nan Pwogram Timoun Kapab la.Nou te genyen ;Prezans : 14 timoun  --------- ...
29/04/2024

Rapò jounen fòmasyon dimanch 29 avril 2024 la nan Pwogram Timoun Kapab la.

Nou te genyen ;

Prezans : 14 timoun --------- Envite : 1 envite.

Kolaboratè : 4 manm Mouvman ekilib

Entèvenan jounen an : Vénel Bozile

Sijè : Enpòtans santiman patriyotik ak onètete nan koze politik.

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