09/02/2025
Cannabis : Quand le Plaisir Cache des Risques Insoupçonnés
Longtemps perçu comme une substance récréative anodine, le cannabis est aujourd’hui au cœur d’un débat où science et santé publique s’entrelacent. Si ses vertus anxiolytiques et relaxantes séduisent des millions d’usagers, ses effets secondaires, parfois insidieux, soulèvent des inquiétudes grandissantes. Intoxication aiguë, troubles psychiques prolongés, impact sur le cerveau et le cœur… Le cannabis a bien plus d’effets qu’on ne l’imagine. Décryptage.
Les Premières Heures : Un Montagne Russe Chimique
Dès la première bouffée ou ingestion, le THC, principal composé psychoactif du cannabis, prend le contrôle du cerveau. En quelques minutes, le consommateur peut ressentir une sensation de détente, d’euphorie ou de bien-être intense. Mais l’envers du décor se dessine aussi rapidement :
• Troubles cognitifs : altération de la mémoire à court terme, baisse de la concentration, coordination motrice perturbée.
• Effets émotionnels : anxiété, attaques de panique, paranoïa, voire hallucinations.
• Répercussions physiques : tachycardie, hypotension, yeux injectés de sang, bouche sèche.
Si ces effets sont généralement réversibles en quelques heures, leur intensité varie selon la dose, la tolérance et la sensibilité individuelle. Une ingestion excessive peut mener à une confusion aiguë et un état de panique nécessitant une prise en charge médicale.
Des Troubles Psychiques qui Peuvent S’Installer
La consommation régulière de cannabis n’est pas sans conséquence sur le cerveau. Si certains fumeurs occasionnels ne développent aucun trouble majeur, d’autres voient leur équilibre mental basculer. Parmi les effets subaigus et prolongés, on retrouve :
• Anxiété chronique et attaques de panique répétées : chez certains consommateurs, l’état de relaxation initial laisse place à une hypervigilance et à une anxiété paralysante.
• Troubles du sommeil : si le cannabis peut favoriser l’endormissement, il altère la qualité du sommeil profond et aggrave l’insomnie à l’arrêt.
• Épisodes psychotiques transitoires : hallucinations, idées délirantes, confusion mentale… Ces manifestations concernent 5 à 50 % des usagers, selon la fréquence et l’intensité de la consommation.
Le plus inquiétant ? Chez certains individus génétiquement prédisposés, ces symptômes ne s’estompent pas, évoluant vers des troubles psychotiques chroniques, comparables à la schizophrénie.
Le Syndrome d’Hyperémèse Cannabinoïde : Un Mystère Médical
Encore méconnu du grand public, ce syndrome touche pourtant de plus en plus de consommateurs réguliers. Son tableau clinique est aussi étrange qu’inattendu :
• Crises de vomissements cycliques
• Douleurs abdominales intenses
• Soulagement temporaire par des douches chaudes
Dans les services d’urgence, ce syndrome représente jusqu’à 10 % des consultations pour vomissements persistants. Son seul véritable traitement ? L’arrêt complet du cannabis.
Le Cœur et les Poumons à l’Épreuve
Fumer du cannabis ne met pas seulement en danger le cerveau, mais aussi le système cardiovasculaire et respiratoire. Les études montrent que le THC peut provoquer :
• Troubles du rythme cardiaque : palpitations, tachycardie, fibrillation auriculaire, voire infarctus chez les sujets à risque.
• Problèmes respiratoires : toux chronique, bronchites, aggravation de l’asthme. Contrairement à une idée reçue, le cannabis est aussi toxique pour les poumons que le tabac.
Par ailleurs, la conduite sous l’influence du cannabis multiplie par 1,4 le risque d’accident – un chiffre qui grimpe à 3 en cas de consommation simultanée d’alcool.
Sevrage : Un Défi Méconnu
Contrairement aux idées reçues, le cannabis peut entraîner une dépendance et un syndrome de sevrage. Ses signes apparaissent généralement 24 à 48 heures après l’arrêt, atteignent un pic entre le 2ᵉ et le 6ᵉ jour, puis diminuent progressivement en quelques semaines :
• Anxiété, irritabilité, humeur dépressive
• Insomnie et cauchemars
• Baisse de l’appétit et troubles digestifs
Bien que ces symptômes soient généralement modérés, ils peuvent être suffisamment perturbants pour inciter à la rechute.
Cannabis et Grossesse : Une Bombe à Retardement ?
Les études montrent que la consommation de cannabis pendant la grossesse augmente le risque de petit poids de naissance et d’admission en néonatalogie. Le THC, retrouvé à des concentrations élevées dans le lait maternel, pourrait aussi influencer le développement neurocognitif du nourrisson. Mais les conséquences à long terme restent encore mal comprises.
Conclusion : Une Prise de Conscience Urgente
Le cannabis n’est pas une substance anodine. Ses effets, souvent sous-estimés, peuvent altérer profondément la santé physique et mentale, en particulier chez les jeunes consommateurs et les personnes vulnérables. En l’absence de traitement spécifique, la prévention et l’information restent les meilleures armes contre ses dangers.
Alors, plaisir ou poison ? La réponse dépend moins de la plante que de la conscience qu’on en a.
Dr El khettar rachid