22/02/2020
L'EPIGENETIQUE, qu'est-ce que c'est?
Tout le monde a entendu parler de l’ADN, des gènes qui transmettent notre patrimoine héréditaire. Mais avez-vous entendu parler de l’épigénétique ou des thérapies épigéniques ?
Les Professeurs Joel de Rosnay, Pierre-Henri Gouyon, Nathalie Dostatni, (Directeur de Recherche à l’INSERM), multiplient les conférences et les ouvrages scientifiques pour nous expliquer ce qu’est cette science vieille de seulement quelques dizaines d’année. Jeune mais prometteuse grâce à ses applications possibles en médecine, avec des perspectives thérapeutiques nouvelles notamment à l'aide d'« épi-médicaments », mais aussi en biologie, agronomie, nutrition.
Alors que la génétique correspond à l’étude des gènes, l’épigénétique s’intéresse à une « couche » d’informations complémentaires qui définit comment ces gènes vont être utilisés par une cellule ou… ne pas l’être.
Nous possédons 30 000 gènes mais seulement une petite partie est active. C’est une protéine (l’Histone) qui allume ou éteint les gènes et une enzyme peut bloquer ou amplifier l’expression des histones.
Dans le corps, toutes les cellules ont le même ADN mais chacune exprime les gènes dont elle a besoin pour une fonction bien déterminée et les autres gènes restent inactifs.
La grande découverte, certifiée par l’épigénétique, c’est que notre environnement, notre mode de vie peut modifier l’expression de nos gènes, ceux qui seront actifs ou non.
Par exemple, une même larve d'abeille deviendra une reine ou une ouvrière en fonction de la
façon dont elle est nourrie, et un même œuf de tortue peut éclore en mâle ou femelle en fonction de la température. Il s'agit bien de l’expression du même code génétique global, mais des facteurs environnementaux ont sélectionné une expression plutôt qu'une autre, chacune étant disponible dans la « base de données » génétique.
Cela prouve que des mécanismes peuvent lier des facteurs environnementaux et l'expression du patrimoine génétique et que, dans certains cas, notre comportement agit sur l'expression de nos gènes.
Par exemple, un stress infantile produit une sensibilité au stress à l'âge adulte, et peut être éventuellement transmis à plusieurs générations suivantes.
De même, chez l'adolescent ou l'adulte humain, des expériences, des événements, des stress (physique, sexuel, de deuil, d'abandon ou d'autres facteurs environnementaux) génèrent la production d'étiquettes épigénétiques qui peuvent rester actives durant toute la vie de l’individu et même …
… Cet effet du traumatisme peut se transmettre d'une génération à l'autre via des modifications épigénétiques des cellules qui forment les spermatozoïdes et/ou les ovocytes. Les spermatozoïdes transmettent ce changement du programme génétique à la descendance et il est possible que les ovules fassent de même (phénomène moins étudié à ce jour).
En résumé, les modifications épigénétiques (pas de modification de l’ADN) sont héritables mais réversibles contrairement aux modifications génétiques héritables mais non réversibles (modification de l’ADN).
Donc notre manière de vivre affecte notre santé,
nous le savions depuis longtemps
mais l’épigénétique l’a prouvé.
Et tout peut changer suivant
comment nous nous comportons.
Non seulement pour nous mais
pour nos descendants sur plusieurs générations.
Nous savons que de nombreux cancers, la dépression, l’alcoolisme, l’obésité, l’hypertension, le diabète, les maladies auto-immunes, notamment allergiques, neurodégénératives ou métaboliques, des anomalies de comportement (agressivité, fragilité aux addictions, …) ont des causes épigénétiques. Mais la bonne nouvelle, c’est que grâce à cette même épigénétique nous savons que nous pouvons les améliorer en changeant de comportement.
Voici quelques facteurs environnementaux importants sur lesquels nous pouvons intervenir :
- Notre nourriture nous conditionne. Ce qui est bon : fibres, céréales complètes, soja, thé vert, raisin noir, cacao noir, curcuma… Mauvais : viandes, …
Plus on mange, moins on vit. Notamment l’obésité peut être programmée par l'épigénétique sur plusieurs générations.
- Notre activité physique, il faut bouger …
- Nos émotions, (amour, amitié, haine, jalousie…) ont un rôle primordial.
- L’harmonie des réseaux, familial professionnel et social. S’il y a dysharmonie dans la famille, le travail, si on vit dans une atmosphère conflictuelle, si la communication non violente ne s’est pas mise en place, le stress permanent crée une inflammation, un risque de dégénérescence cellulaire qui conduit au vieillissement prématuré et à la mort.
- La méditation a un effet particulièrement bénéfique.
ON EST RESPONSABLE
DE CE QU’ON FAIT DE NOS GÈNES
Alors pour répondre à la question du début, l’épigénétique, c’est quand la science découvre ce que disaient les sages
depuis des lustres…