15/11/2021
L’humanité à l’époque Covid.
L’épidémie a frappé le monde entier il y a maintenant presque deux ans. Un virus qui a mis l’être humain face à son impuissance. Les autorités ont essayé de le contrôler, en vain. Deux ans plus t**d, ils n’ont toujours pas réussi. Un virus s’est montré plus coriace et plus persistant.
Quant à l’humanité, aux rapports, aux liens et aux relations humaines, le prix a été cher payé.
Les consignes de sécurité étaient très claires, nous en citons trois qui nous semblent essentielles.
Le port du masque obligatoire qui empêche l’accès aux expressions du visage, la distanciation avec l’autre qui ne favorise pas la communication et, surtout, le point que nous souhaitons aborder plus amplement dans cet article, « l’absence du toucher ». Ne pas toucher l’autre et ne pas toucher la matière, par crainte d’attraper le virus.
Le toucher physique est le premier sens que nous développons dans l'utérus. Il diminue le risque de tomber malade, fait baisser la pression artérielle et le rythme cardiaque et atténue la douleur et le stress. Pendant le confinement toutefois, de nombreuses personnes ont été privées de tout contact physique, et en ont souffert.
Un signal qui atteint le cerveau
« Lorsque vous touchez une surface, des signaux électriques très, très faibles sont générés. Ils se déplacent jusqu'à votre moelle épinière, jusqu'à votre tronc cérébral, et jusqu'à la partie opposée de votre tête. Lorsque le signal atteint le cerveau, vous avez l'impression de toucher quelque chose. Si ce signal n'atteint jamais cette partie, alors vous avez l'impression d'être complètement engourdi », explique la chercheuse et conférencière en neurologie Helena Wasling.
Le toucher ne concerne pas uniquement les étreintes et les caresses. Helena Wasling évoque les salutations comme la bise ou la poignée de main, mais aussi le fait de toucher l’épaule de quelqu’un quand on lui parle, par exemple.
Les enfants qui sont nés pendant cette période d’épidémie ont subi des conséquences dont nous ne verrons les résultats et les séquelles que bien après.
Le sens du toucher permet à l’enfant de recevoir des informations du monde qui l’entoure.
Le toucher joue un rôle vital dans la vie émotionnelle et relationnelle d’un bébé. Il constitue un moyen de communication qui favorise la formation de liens interpersonnels. Des observations réalisées dans les orphelinats ont révélé que lorsque les bébés étaient privés de contact humain, ils se laissaient mourir ou éprouvaient des problèmes de développement, et ce, même si on répondait à leurs besoins physiologiques.
Le toucher permet au bébé de maintenir un contact avec la personne qui prend soin de lui. Il est d’ailleurs très sensible aux gestes qu’on lui porte, et particulièrement à ceux de ses parents et de ses proches.
C’est toute une génération qui est née dans la non-expression et le non-toucher. Des enfants mis à l’écart dans le but de les protéger. Aucun lien social, séparés des autres par des limitations de zone dans les écoles, même en maternelle, ou par le masque sur le visage tout au long de la journée. Ils n’ont eu la possibilité de rentrer en contact avec d’autres enfants que s’ils faisaient partie de leur petit groupe. Aucune activité scolaire ou extrascolaire, aucun lien soutenu.
Des nouveau-nés ont vu le jour, ont été accueillis par des personnes masqués, n’ont pas pu être pris dans les bras, accueilli chez les grands parents ou, tout simplement, n’ont pas vu un adulte qui leur souriait et leur touchait leurs petites mains. C’est une génération isolée…
Une génération née dans le stress de la mort, de la maladie et de la peur. Des enfants, surprotégés ou délaissés par des parents épuisés psychiquement et mentalement, indisponibles au quotidien à cause des conditions de travail et de toutes les complications organisationnelles.
Le toucher est une sorte de ciment social. Nous ressentirons une plus grande confiance dans une relation ou envers les personnes que nous avons touchées. Et, celles qui sont touchées ressentiront également une plus grande confiance en nous.
L’humanité aujourd’hui est mise à l’épreuve. Comment retrouver l’empathie des uns envers les autres et rester en liens sans se voir souvent ou se toucher ? Est-il possible de transformer ce lien en un autre plus profond, en apprenant, par exemple, à se toucher par des mots, des gestes ou une écoute bienveillante ?
A l’époque de la Covid, quel avenir nous allons léguer à cette humanité ? Sera-t-elle dépressive, animée par une pulsion de mort, égoïste, vivant dans la peur de l’autre et la culpabilité ou vivante, accrochée à la pulsion de vie et ne renonçant ni à l’amour de la vie ni à l’importance du lien ?
