24/09/2025
Aujourd’hui, tous les yeux sont rivés sur nous.
Les parents de personnes autistes et les personnes autistes elles-mêmes.
Mais surtout… nous, les mamans d’enfants autistes.
Toute la planète en parle.
Trump a lié l’autisme à l’acétaminophène (Tylenol) pendant la grossesse et a réactivé l’idée d’un lien avec certains vaccins.
Il a conseillé d’éviter le Tylenol… et partout ce matin, dans les médias, on ne voit que sa phrase :
« Don’t take Tylenol. »
Il y a exactement 13 ans, j’étais enceinte de mon fils.
Je ne le crie pas sur les toits, mais oui… j’ai honte.
Honte d’avouer que j’ai toujours eu peur d’avaler une pilule.
J’ai passé une grande partie de ma vie à éviter les médicaments ou à les écraser pour réussir à les prendre.
Et ceux qui connaissent le goût d’un Tylenol écrasé savent que c’est le pire goût au monde.
Alors enceinte, avec mes nausées et mes vomissements constants, jamais je n’aurais osé en avaler.
Est-ce que le Tylenol a causé l’autisme de mon fils ?
Non, parce que je n’en ai jamais pris enceinte.
Est-ce que les vaccins ont causé l’autisme de mon fils ?
Non, puisqu’il ne les a jamais reçus.
À l’époque, nous avions peur, car la grande polémique tournait autour du lien supposé entre vaccins et autisme. Alors, nous avons décidé qu’il ne serait pas vacciné.
Dans les premières années après son diagnostic, on nous a même dit que le gluten, la caséine, les produits laitiers pouvaient être responsables.
Les arrêter était censé même “guérir” l’autisme selon plusieurs.
Mon fils était suivi par une naturopathe, une nutritionniste, et même ses selles avaient été envoyées dans un autre pays pour détecter des métaux lourds.
Résultat : rien.
Nous avons suivi ces diètes pendant des années.
Chambres hyperbares, ABA… Nous nous sommes ruinés à vouloir faire “disparaître” l’autisme.
Je voulais être cette maman qui déjoue les pronostics.
Je voulais tellement y croire.
Je ne regrette pas d’avoir essayé.
Mais ce que je regrette, c’est d’être passée à côté de la petite enfance de mes deux enfants.
Parce que j’étais obsédée par l’idée de “guérir” mon fils.
Le jour où j’ai lâché prise et accepté,
c’est le jour où ma famille a commencé à respirer, à vivre, à être heureuse.
Mais chaque année, l’autisme revient dans les manchettes :
— Prendre des antidépresseurs enceinte causent l’autisme. (Je n’en ai jamais pris enceinte.)
— Consommer du cannabis enceinte cause l’autisme. (Je n’en ai jamais consommé enceinte.)
Et l’année dernière, c’étaient les pesticides qu’on accusait.
Oui, je suis pour que l’on cherche à comprendre les causes de l’autisme.
Mais ce n’est pas un sujet qu’on lance au hasard, sans savoir, sans mesurer l’impact que cela peut avoir.
Et je ne crois pas que nous trouverons un jour une cause unique.
L’autisme est complexe, multifactoriel.
Le message d’aujourd’hui, qui fait la une de la planète, donne l’impression qu’on veut éradiquer les personnes comme mon fils.
Et moi, en tant que maman d’un enfant autiste… comment pourrais-je voir cela comme une bonne chose ?
Aujourd’hui, je n’ai pas envie d’être vue juste comme cette maman qui aurait pris du Tylenol enceinte et donné naissance à un enfant “brisé”.
Parce que mon fils est tellement plus que ça.
La vérité, c’est que je ne sais même plus si je veux savoir le “pourquoi”.
Et même si, supposons, à l’hôpital on m’a donné du Tylenol sans que je m’en souvienne…
Et même si, supposons, mon fils n’a pas eu de vaccins mais que moi oui et que cela avait contribué à son autisme…
Supposons…
Mais je refuse qu’on catégorise mon fils comme une erreur pharmaceutique, ou comme une personne à effacer de la société.
Parce que mon fils n’est pas une erreur.
Il est mon fils.
Il est unique.
Et il est exactement celui qu’il devait être.
Alors maintenant, ne serait-il pas temps de se concentrer sur comment aider les personnes autistes et leurs familles ?
Et surtout, d’arrêter de reculer sur l’inclusion de l’autisme dans notre société.