
22/06/2025
Le nouveau-né : un petit extra-terrestre en mission d’adaptation
On oublie parfois à quel point la naissance est un bouleversement gigantesque pour le bébé. Pendant neuf mois, il a vécu dans un monde aquatique, bercé en apesanteur, contenu, nourri en continu, protégé des stimulations extérieures. Et soudain, il atterrit dans un monde bruyant, lumineux, sec, froid, et terriblement vaste.
Le nouveau-né, à cet instant, est un peu comme un extra-terrestre qui découvre une planète inconnue. Tout est nouveau. Tout est intense. Et il n’a qu’un seul repère : le corps de sa mère.
Son cerveau est encore très primitif. Il fonctionne en mode survie. Ce qu’il recherche en priorité, ce n’est pas l’autonomie, ni l’indépendance, ni le sommeil dans un berceau. Ce qu’il veut, c’est sentir qu’il est vivant, qu’il est en sécurité, qu’il est toujours relié à ce qu’il connaît : le corps maternel, la chaleur, les battements du cœur, l’odeur, la voix.
Respecter la primitivité du bébé, c’est comprendre que ses besoins ne sont pas capricieux. Ils sont archaïques, vitaux, programmés biologiquement pour garantir sa survie. Ce n’est pas une demande affective, c’est une nécessité physiologique.
Le nouveau-né a besoin de contact, de proximité, de portage, de peau à peau. Il a besoin de téter souvent, non seulement pour se nourrir, mais aussi pour réguler son stress, sa température, son rythme cardiaque. Chaque séparation, chaque éloignement du corps maternel, est interprété par son cerveau primitif comme un danger. C’est normal. C’est animal. C’est inscrit en lui.
Mais notre société a souvent oublié ça. Elle demande aux bébés d’être sages, calmes, autonomes… alors qu’ils viennent à peine d’atterrir.
Accompagner un bébé, ce n’est pas chercher à le faire rentrer dans nos cases. C’est se décaler, se reconnecter à ce qu’il est profondément. Un être de sensations, de rythmes lents, de besoin de lien.
Quand on respecte cette réalité, tout change. On n’est plus là pour “dresser” un bébé à dormir ou à patienter. On est là pour l’accueillir dans ce monde avec douceur, pour être son repère, son abri, son tremplin.
C’est ça, honorer la naissance. C’est ça, accompagner un être humain dans sa transition du monde aquatique au monde terrestre.
📸 Sarah Harris Photography