26/04/2025
"Avant que tu rentres, tout allait bien..."
Levez la main, celles qui ont déjà entendu ça — que ce soit avec papa, la nounou ou mamie.
Alors, je prends deux minutes pour récapituler ce que nous savons toutes déjà, du vu et du revu, mais peut-être que ça ferait du bien d’entendre ce rappel assez basique.
Et comme je l’ai expérimenté ce soir (avec quand même trois ados sur le lot), je me dis qu’il n’est jamais trop t**d pour se rafraîchir la mémoire.
Quand le référent principal (la personne qui a passé le plus de temps avec le bébé au début de sa vie, dit la théorie de l'attachement) n’est pas présent, l’enfant a tendance à compenser l’absence. Il se tient à carreau.
Avec le référent principal, l’enfant sait qu’il est aimé inconditionnellement et peut donc baisser sa vigilance. (Cela ne veut pas dire que l'autre parent n'aime pas de façon tout à fait adéquate et inconditionnelle, c'est juste instinctif chez l'enfant, et en général jusqu'à 3-4 ans, voire plus ...)
Mais lorsqu’il est sous la responsabilité d’une autre personne, il serre les fesses parce qu’il peut craindre pour sa survie.
Évidemment, c’est le cerveau primitif qui réagit — un truc très ancré et instinctif.
Ce soir, c’est moi qui gardais les cinq à la maison. En général, papa est là lorsque ses trois sont présents.
Il est parti une longue journée, et je sais qu’on avait tous hâte à son retour.
Un pied dans la maison… et tout se désorganise.
Ça part dans tous les sens et les enfants ne se contiennent plus.
Même s’ils ont l’habitude d’être avec moi, même s’il n’y a pas eu de conflit spécifique, même si la routine était chronométrée et respectée…
C’est normal. Tout à fait normal !
Comme je connais bien ce mécanisme, je l’observe avec tendresse, et même avec un sentiment de sécurité.
Cela signifie que leur relation avec leur père est solidement ficelée.
Mais si je n’étais pas bien équipée et informée sur le sujet, il serait fort possible que cela me renvoie un sentiment d’incompétence et peut-être même de rejet.
En général, les gens expriment que lorsque la maman revient, les enfants redeviennent capricieux, régressent... donc, en gros, elle ne sait pas éduquer ses enfants.
Mais ce que cela réveille chez l’autre, c’est aussi son propre sentiment d’incompétence et de rejet quand l’enfant se détourne vers le parent qui a manqué.
C’est la partie dont on parle moins.
Un peu comme cette satisfaction d’avoir le contrôle, d’avoir réussi à obtenir des enfants une forme d’obéissance… Et en un claquement de doigts, tout est à refaire. Tout est éphémère...
Alors non, maman, tu n’éduques pas mal ton enfant. Tu as juste tissé un lien de confiance fort avec lui. Il a besoin d’exprimer sa satisfaction de te revoir, parce qu’en fait… il peut souffler, enfin. Il ne se sent plus en danger. (Le cerveau primitif, hein !)
À ce moment-là, il est rare qu’il exprime cela avec douceur. Il va plutôt être irritable, incontrôlable, voire totalement désorganisé.
Mais c’est normal. Cela prouve qu’il est en merveilleuse santé affective.
Par contre, cela peut créer de la tension avec l’entourage.
Parce que celui-ci aura tendance à se braquer, et à mettre la faute sur la mère. En même temps, ça ne date pas d’hier — merci le patriarcat empreint de psychanalyse poussiéreuse.
Ce qu’il est important de retenir, c’est que l’autre ne parle pas de toi. Il parle de lui. Il parle de sa difficulté à comprendre la transition, de sa perte de contrôle, de son incapacité à maintenir le lien.
Messieurs et mamies, vous n’êtes pas en danger. Les enfants réagissent de manière instinctive et naturelle. Il n’y a pas à s’inquiéter. Lorsque le cortex préfrontal aura gagné en maturité, il sera plus facile pour l’enfant de se stabiliser, se réguler.
En attendant… accueillir maman avec bienveillance et confiance évitera des conflits qui n’ont pas lieu d’être ❤️.