09/10/2024
Semaine de la santé mentale jour 3 : L’ADDICTION AUX JEUX VIDÉO 🎮
Au cours des années, les jeux vidéo se sont installés comme un hobby à part entière dans notre vie quotidienne et nombreuses sont les personnes qui y passent plusieurs heures par jour. Toutefois, cet usage d’emblée ludique peut-il devenir problématique ?
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Récemment, l’OMS a inclus l’addiction aux jeux vidéo dans sa classification internationale des maladies mentales (CIM-11), la qualifiant ainsi de « gaming disorder ». Le DSM-V l’a également inclue en tant qu'entité provisoire. Ces classifications permettent donc d’établir des critères diagnostiques qui, s’ils sont rencontrés et évalués par un clinicien formé, permettraient d'émettre un diagnostic d’addiction aux jeux vidéo.
L’addiction aux jeux vidéo, dès lors considérée comme "trouble", est définie sur base de différents critères comme une persistance du comportement de jeux, associée à un manque de contrôle sur son jeu et un impact fonctionnel (par exemple, les aptitudes à la vie quotidienne, les interactions sociales, la poursuite de certaines responsabilités) sur une période donnée. Sa prévalence dans la population générale est variable, certaines études l’estimant à 3 ou 5 % de la population. Elle serait plus fréquente chez les hommes et sa prévalence dépendrait de la culture d’appartenance.
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➡️ La présence de répercussions ❌ : Comme tout trouble, son existence se détermine sur base des répercussions qu’il génère, plus ou moins conscientisées par la personne qui en est victime. Dès lors, on diagnostiquera un trouble lorsqu’on pourrait mettre en évidence un impact fonctionnel, que ça soit vécu personnellement par l’individu (mal-être, échec académique) ou dans son rapport à l’environnement (retrait social, diminution des aptitudes à la vie quotidienne, impact sur les responsabilités).
➡️ La perte de contrôle 🧠 : Par ailleurs, l’addiction aux jeux vidéo se détermine notamment par la perte de contrôle ressentie par l’individu dans sa consommation. Imaginons par exemple un spécialiste d’e-sport : il peut passer un temps conséquent sur les jeux vidéo, mais, en raison de l’aspect professionnel de cette activité, entretenir un rapport contrôlé et planifié à sa consommation de jeux vidéo.
➡️ Le jeu comme seul moyen de remplir ses besoins psychologiques 🫂 : En outre, tous les hobbies remplissent une fonction psychologique, et les jeux vidéo n’y font pas exception : générer un sentiment de compétence, servir d’échappatoire et permettre d’acquérir une certaine autonomie. S’il n’est en rien problématique que les jeux vidéo servent certains besoins émotionnels, l’addiction peut survenir lorsque les jeux sont une solution systématique et unique pour remplir ces besoins. Par ailleurs, l’addiction aux jeux vidéo n’est pas à prendre comme un processus isolé qui survient uniquement en raison des caractéristiques individuelles : elle peut également être une réponse à des difficultés interpersonnelles ou intrapersonnelles, menant à un sentiment de solitude ou des affects dépressifs.
➡️ La capacité de régulation du temps de jeu ⌛: Enfin, si l’addiction et l’aspect « excessif » de la consommation de jeux vidéo ne tient pas uniquement dans le temps qui est passé dessus, il est important de prendre cette variable en compte et, notamment, lorsque le temps consacré aux jeux interfère significativement avec la routine quotidienne et, surtout, avec les horaires de sommeil. Dès lors, le rapport aux jeux vidéo pourra être considéré comme addictif dès lors que la personne ne parviendra plus à réguler le temps qu’elle passe sur cette activité.
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Avant tout, il est important d’être informé sur les risques d’addiction sans culpabiliser les joueurs. Comme toute problématique, elle est à envisager dans son ensemble et les processus qui ont mené à ces comportements addictifs doivent être pris en compte. La thérapie psychologique peut permettre d’aborder ces différents aspects, en collaboration avec les différents acteurs de soins de santé (psychologues, psychiatres).
➡️ Site internet : mdemontyneuropsychologue.com
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