19/11/2025
Aujourd'hui, c’est la Journée mondiale de l’Homme.
Et cette année, j’avais envie d’en parler différemment.
Pas pour opposer hommes et femmes, pas pour provoquer un débat, mais simplement pour réfléchir un peu… honnêtement, calmement, sans filtre.
Parce que plus j’y pense, plus je remarque qu’on demande énormément aux hommes aujourd’hui.
On leur demande de changer, d’évoluer, d’être plus présents, plus sensibles, plus à l’écoute…
et dans le même temps, on continue à les juger avec les standards d’avant.
On dit qu’on veut des hommes qui expriment ce qu’ils ressentent, mais dès qu’ils montrent un peu de sensibilité, on les chambre, on les minimise, on leur dit d’arrêter, de faire un effort, de “se comporter en homme”.
Comme si pleurer, douter ou avoir peur… ça les rendait immédiatement faibles.
Et c’est presque contradictoire.
On réclame des hommes plus émotionnels, mais seulement si ça reste discret.
On veut qu’ils parlent, mais pas trop.
Qu’ils ressentent, mais pas trop souvent.
Au final, comment s’étonner que beaucoup préfèrent se taire plutôt que de se livrer ?
Et ce décalage, on le retrouve partout.
Regardez par exemple le projet de loi en France pour égaliser les congés maternité et paternité.
L’idée, c’est de permettre aux papas d’être présents plus longtemps auprès de leur bébé.
Un vrai moment fondateur dans une vie.
Et pourtant, les réactions ont été très dures :
“Nous, on a accouché, c’est normal que ce soit plus long.”
“Ils vont juste se reposer.”
“Qu’ils prennent déjà les quelques jours actuels avant de réclamer plus.”
Mais comment un homme peut trouver sa place de père si, même quand il veut être présent, il est critiqué ou suspecté d’intentions douteuses ?
On dit que les hommes doivent s’investir davantage, mais lorsqu’ils demandent du temps, on les regarde comme s’ils exagéraient.
On veut des pères impliqués, mais on ne leur donne pas toujours la légitimité d’exister pleinement dans leur rôle.
Et ça continue dans le quotidien.
On parle de partage des tâches, mais combien d’hommes entendent encore :
“Laisse, je vais le faire, tu ne fais pas bien.”
Comment partager réellement si on ne laisse aucune place pour apprendre, pour essayer, pour exister à deux dans le foyer ?
Même un papa qui sort seul avec ses enfants est traité comme un héros.
On l’applaudit juste parce qu’il fait… ce qu’une mère fait naturellement tous les jours.
Et si un homme demande un aménagement d’horaire pour les enfants, on le regarde comme si ce n’était pas vraiment sa responsabilité.
Puis il y a ce fameux sujet : la fatigue.
Un homme qui dit qu’il est fatigué doit presque s’excuser.
On compare, on minimise, on répond :
“Tu ne sais pas ce que c’est.”
“Fais ma journée et on en reparle.”
Comme si sa fatigue avait moins de valeur, comme si elle méritait moins de compassion.
Et je ne minimise pas les réalités des femmes.
Elles sont immenses.
La charge mentale, le post-partum, le quotidien… c’est réel, c’est lourd, et c’est légitime.
Ce n’est pas un concours.
Ce n’est pas l’un ou l’autre.
Mais à force de vouloir défendre ce qu’on vit nous, on oublie parfois ce que vivent eux.
On oublie que beaucoup d’hommes se débattent entre deux attentes opposées :
être modernes, sensibles, impliqués…
tout en restant solides, fiables, stables, contrôlés.
Ils se retrouvent souvent coincés entre ce qu’on réclame d’eux et ce qu’on continue d’exiger d’eux.
Et dans tout ça, il y a un humain qui essaye de faire de son mieux.
Un humain qui doute.
Qui fatigue.
Qui voudrait montrer plus, mais qui a peur d’être jugé.
Qui voudrait être plus présent, mais qui n’a pas toujours la place pour le faire.
Un humain qui cherche sa place dans un monde qui lui dit : “change”…
mais qui ne lui laisse pas toujours la possibilité de changer vraiment.
Alors pour cette Journée mondiale de l’Homme, je n’ai pas envie de dire qui a tort ou raison.
J’ai juste envie qu’on prenne un peu de recul.
Qu’on regarde les hommes autrement.
Qu’on arrête de croire qu’ils ont tout, qu’ils vont toujours bien, qu’ils n’ont jamais besoin de soutien, qu’ils n’ont rien à revendiquer.
Parce que c’est faux.
Les hommes aussi portent.
Ils doutent aussi.
Ils se sentent parfois seuls, même entourés.
Ils ont, eux aussi, des tristesses, des pressions, des peurs…
mais on leur apprend à les cacher depuis tellement longtemps
qu’ils ne savent parfois même plus comment les dire.
Alors peut-être que la première étape, ce n’est pas de leur dire quoi être.
Peut-être que la première étape, c’est juste de les écouter.
Sans moquerie.
Sans jugement.
Sans “oui mais”.
Avec un vrai espace.
Un vrai regard.
Une vraie ouverture.
Parce qu’au fond, c’est peut-être là que tout commence.
Bonne Journée mondiale de l’Homme.
Et surtout… prenons le temps d’y réfléchir vraiment. »