10/10/2022
Chères toutes, chers tous,
Il nous semblait indispensable après l'interview de l'une de nos collègues médecin généraliste, Maëlle Sens, à l'origine du projet, de vous tenir au courant de l'état de ce dernier.
(https://www.rtbf.be/article/decouragement-et-incomprehension-pour-les-porteurs-d-un-projet-de-maison-medicale-a-braine-l-alleud-11079069?fbclid=IwAR1ctjdpssBTl2QAVIW8cnn9yrXpY3Ghlf3U2wbB33ByxugCx_b7Gc3ZSko)
En effet, actuellement nous sommes en cours de revente du bâtiment où devait se dérouler l'activité de la maison médicale.
Dès lors, nous sommes en train de réfléchir à la direction que le projet devrait prendre, étant donné les mésaventures essuyées par l'équipe qui ont solidement ébranlé nos vitalités.
Nous étions profondément attachées à l'ouverture de notre projet, notamment dû à la pénurie gigantesque de médecins traitants rencontrée dans la commune, à l'absence de maison médicale dans la région et à l'attachement personnel de la plupart des membres de l'équipe à Bl'A. Nous étions portées par les valeurs de justice, solidarité et de respect. Malheureusement étant donné la conjoncture actuelle, nous ne pouvons garantir l'ouverture de la maison médicale.
Nous souhaitions apporter quelques précisions qui n'ont pas été reprises dans l'article de la RTBF et que vous retrouverez ci-dessous.
Avant l'achat du bâtiment, nous avions demandé le passage de la zone de secours qui remettait alors un avis favorable conditionnel sur lequel nous avons basé notre permis. Suite à cela, ainsi qu'à des renseignements (oraux, malheureusement) pris avec l'urbanisme de la commune sur les places de parking notamment, qui ne devaient pas poser problème selon eux, nous avons donc pris la décision d'investir dans l'achat du bâtiment 12 Place Sainte-Anne.
En avril 2021, nous introduisions notre permis d'urbanisme pour des travaux basiques : agencement intérieur, ajouter une pente PMR et un ascenseur pour être accessible à tous, se mettre aux normes demandées par la zone de secours et améliorer la performance énergétique du bâtiment. Suite à l'introduction du permis, un deuxième rapport de la zone de secours, semblable au premier, est demandé par la commune en mai.
Au mois d'août, un troisième rapport est demandé à la zone de secours par la commune, un pompier différent de celui qui a remis les deux premiers rapports passe et remet, cette fois, un avis différent (bien que toujours favorable conditionnel) qui ne colle évidemment plus avec notre permis. La commune demande l'avis - facultatif - de la fonctionnaire déléguée de la région Wallonne qui remet un avis largement favorable sous réserve de respecter le dernier avis de la zone de secours.
Au mois d'octobre, le collège refuse le permis d'urbanisme pour des raisons de sécurité (pour rappel, la zone de secours avait toujours émis un avis favorable conditionnel) et pour des raisons de mobilité : nous voulons mettre une pente PMR mais ne demandons pas de place PMR, ni de dépose-minute, nous ne prévoyons pas de places de parking pour les praticiens et les patients. Il faut se souvenir que le bâtiment est une ancienne polyclinique qui brassait certainement bien plus de patients que ce que la maison médicale aurait un jour brassé. L'équipe de la maison médicale rencontre le bourgmestre et on nous explique avoir sondé les médecins généralistes, les infirmiers et les kinésithérapeutes de la commune et que notre projet peut-être résumé en deux mots : "aucun intérêt". On nous explique qu'il n'y a "aucune demande" pour ce genre de projet et que quand il n'y a pas de demande, on n'est pas pour en créer... On nous remercie, par contre, d'avoir mis le doigt sur la pénurie de médecins généralistes puisque la commune ne s'en rendait pas compte. Des locaux gratuits pour de jeunes médecins généralistes souhaitant s'installer dans la région seront donc mis à disposition - articles que vous avez dû voir dans la presse il y a peu.
Nous demandons également un quatrième avis à la zone de secours, sur notre initiative, pour savoir dans quelle direction avancer.
En novembre 2021, après plusieurs avis, nous décidons d'introduire un recours. Notre avocate nous explique que les motifs du refus concernant la mobilité ne tiennent pas la route et que ce motif est valable pour de nouvelles constructions. En effet, ce motif ne sera jamais repris comme valable durant le recours étant donné la situation pré-existante du bâtiment. Elle explique aussi qu'à priori nous n'avons même pas besoin d'avocat et qu'elle n'a pas de doute quant à l'issue favorable du recours mais nous préférons jouer la sécurité.
En janvier 2022, nous avons une audience virtuelle avec la commission de recours qui confirme les dires de notre avocate mais, étant donné la situation particulière de nos sorties de secours qui ne leur paraît pas assez claire en l'état, remet un avis défavorable qui est ensuite envoyé au cabinet du ministre de l'urbanisme. Le cabinet rédige une décision provisoire qui est ensuite remise au ministre avec des documents complémentaires que nous avons envoyés pour éclaircir la situation des sorties de secours. D'après notre avocate, cette décision n'est jamais modifiée et est toujours signée en l'état. Nous avons accès à ce document, il n'est pas nécessaire de réintroduire des plans pour un nouveau permis et l'espoir renaît puisqu'il est.... favorable conditionnel ! Malheureusement, la réponse définitive n'est pas celle espérée et il s'agit d'une décision défavorable, pour des soucis de normes PMR non respectées et un vice de procédure avec l'envoi des nouveaux plans...
Suite à cela, l'équipe décide de continuer, malgré la saga d'embûches, et portée par la conviction que la maison médicale apportera un plus à la commune et à ses habitants grâce à vos nombreux mails et messages privés de soutien. Nous décidons d'entreprendre des travaux ne nécessitant pas de permis mais nous permettant d'être en ordre avec le quatrième rapport de la zone de secours. Malheureusement, au vu de la conjoncture actuelle, la crise des matériaux, le prix de nos travaux a doublé et, même en faisant beaucoup (trop) de concessions, notamment sur l'isolation, nous ne pouvons pas nous permettre d'investir une telle somme d'argent.
C’est donc avec pragmatisme mais surtout avec grand regret que l’équipe a conclu que nous ne pouvions prendre ce risque et que nous avons décidé de mettre en vente notre bâtiment.
Nous regrettons amèrement la tournure des évènements mais les différents blocages politiques et le peu d’enthousiasme de certains médecins et de la commune ont petit à petit eu raison de notre motivation après presque 3 ans de travail acharné. Même si notre volonté de pouvoir offrir des soins de santé de qualité à la population de Braine-l’Alleud reste intacte, les conditions ne sont pas favorables pour le moment. Nous espérons réellement qu’une maison médicale pourra voir le jour à Braine-l’Alleud dans un futur proche, sous notre initiative ou celle d’une autre équipe motivée. La direction que prendra notre projet par la suite n'est pas encore tout à fait claire mais nous vous tiendrons au courant de la suite des évènements et vous remercions, une fois de plus, de votre confiance en notre projet.
Bien à vous,
L'équipe de la Maison Médicale de Braine-l'Alleud asbl.
