02/07/2025
| A la base de tout il y a un cheval : Diable.
J’ai toujours été sensible à la présence des animaux.
J’ai commencé l’équitation vers 7 ans et l’envie d’être avec les chevaux, de créer un lien avec mon petit préféré s’est très rapidement cristallisé.
Mon rêve de petite fille, c’était d’avoir mon propre cheval : celui avec qui je grandirais, avec qui je ferais mes premières balades, peut-être mes premiers concours, celui que je pourrais câliner pendant des heures.
Ce rêve ne s’est pas réalisé. J’ai arrêté l’équitation pendant plusieurs années. Parfois, un cheval croisait ma route, en ravivant ce pincement au cœur d’un rêve abandonné.
Après mes études et un premier boulot, je ne savais plus ce qui me faisait du bien. Plus de hobby, plus d’envie… J’ai donc vu une psychologue qui m’a demandé ce que je voulais faire. Et la réponse est sortie toute seule : « Je veux remonter à cheval. »
Je suis retournée dans le centre équestre de mon enfance et il m’a suffi de sortir de la voiture pour tout retrouver : l’odeur de l’écurie, le bruit des chevaux qui mangent, la sensation d’être toute petite à côté de ces géants si doux. Malgré la peur de tomber, d’aller trop vite, j’étais là. Une fois, deux fois, trois fois par semaine…
Et très vite, le rêve est revenu : avoir mon cheval.
J’en ai envisagé plusieurs, mais aucun n’était le bon.
Et puis, un jour, Diable est arrivé à l’écurie. Je ne l’ai pas choisi, il était là. Et c’était lui.
Je me souviens de la boule au ventre en le voyant pour la première fois dans son box. Je n’ai pas osé entrer tout de suite, ni le toucher. Je l’ai regardé, immobile, pendant de longues minutes. Il m’impressionnait.
Quand je le préparais les premières fois, il ne venait pas vers moi, il m’observait lui aussi.
Ce dont je me souviendrai toujours, ce sont nos premiers pas ensemble. Et surtout, les premiers pas de trot : cette sensation de quitter le sol, de voler. C’est sûr, certain, c’est lui.
Quelques mois plus t**d, Diable a déclaré une tendinite.
Je me suis retrouvée à pied. Et j’ai réalisé que lors de nos débuts, j’avais mis de côté certains problèmes au sol, trop pressée de retrouver les sensations à cheval. Maintenant, il fallait soigner, observer, comprendre. Il fallait que je devienne une adulte. Non pas une cavalière avec des caprices d’enfant, qui « profite » de son cheval, mais une partenaire qui vit avec lui.
Ça a pris du temps. Le temps nécessaire à apprendre le minimum de ce qu’est vraiment un cheval.
Il a fallu des heures d’observation, de soins, de gestes répétés pour qu’il me fasse confiance.
Pour reconstruire patiemment et déconstruire certains schémas hérités des courses.
Pour encaisser les critiques, les jugements, les « il faut ».
Pour comprendre qu’un cheval n’est pas là pour combler un manque ou flatter l’ego.
Pour apprendre que la violence appelle la violence. Pour s’excuser. Pour chercher d’autres voies.
Lire, se former, essayer, échouer, recommencer.
Célébrer chaque petite victoire, chaque pas l’un vers l’autre.
Accepter les retours en arrière quand on a mal fait.
Déménager. Avoir peur de recommencer. Et constater que le lien devient plus fort en donnant plus de liberté.
Se confronter à de nouveaux défis, de nouvelles questions. Recommencer, encore.
Parce qu’on a choisi la cohérence. Et que la confiance n’existe pas sans cela.
Voir son cheval aller de mieux en mieux. Réaliser qu’on ne cesse de grandir.
Ecouter son instinct mais surtout entendre son cheval.
Remercier chaque rencontre, même les plus difficiles en y repensant. Parce qu’on a appris.
Être reconnaissante, parce que le rêve de la petite fille est largement atteint.
J’ai trouvé en Diable un véritable partenaire.
Un cheval exigeant, avec son passé, sa sensibilité, son humour, ses aspirations.
Il m’a appris l’humilité et la patience. La cohérence et le pardon. L’investissement et la gratitude.
Il est plus que n’importe quel livre ou n’importe quelle idée.
Il me connait plus que je ne le connaitrais sûrement jamais.
Il est mon meilleur professeur de Shiatsu et mon ami le plus sincère.
Grâce à lui, j’ai déjà tant appris. Et c’est ce qui me permet de soutenir d’autres humains avec leurs chevaux.
Chaque jour est une nouvelle leçon.
Et je ne le remercierai jamais assez d’être exactement celui qu’il est. 🫶
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Merci à M.M. Photographie pour ces portraits de mon beau Diable.