07/07/2025
Knack reprend le communiqué des sages-femmes belges in extenso :
"Les sages-femmes ne font pas la grève aujourd'hui mais les motifs pour le faire s'accumulent"
Opinion des organisations professionnelles belges de sages-femmes belges
Le 7 juillet, de nombreux médecins suspendront leur activité. Non pas pour partir en vacances, mais pour protester contre les propositions contenues dans la loi de réforme du ministre Vandenbroucke. Les sages-femmes belges auraient, elles aussi, de nombreuses raisons de faire grève. Et pourtant, elles ne le feront pas — pour deux raisons principales.
Nous ne voulons pas considérer les réformes à venir comme une menace, mais comme une opportunité de faire évoluer les soins de santé — et les soins périnatals en particulier — vers un modèle plus cohérent, durable et accessible. Les défis sont de taille : la demande de soins augmente, les coûts ne cessent de grimper, les groupes vulnérables ont de plus en plus de mal à accéder aux soins appropriés, et la pénurie de personnel pèse lourdement sur l’ensemble du système. L’approche du ministre heurte beaucoup de monde, y compris nous. Mais au final, l’objectif de la réforme est essentiel : cette loi vise à rationaliser les processus internes souvent opaques de l’INAMI, où professions de santé, mutualités et décideurs politiques fixent ensemble les modalités de remboursement. Et pour nous, il est tout à fait logique que les prestataires de soins abusifs ou frauduleux puissent désormais perdre leur numéro INAMI. Ce qui est crucial, cependant, c’est de trouver un équilibre entre l’accessibilité des soins pour les patients et une juste rémunération pour les prestataires. Selon certaines études, 30 % des Belges reporteraient des soins pour des raisons financières. Ce chiffre est alarmant et nous touche profondément. D’autant plus que les sages-femmes elles-mêmes font probablement partie de ce groupe.
Précarité
Le ministre Vandenbroucke l’a récemment reconnu en commission Santé publique : le revenu d’une sage-femme indépendante est précaire. Selon une étude de l’INAMI de 2021, une sage-femme conventionnée gagne en moyenne 27 000 euros brut par an. Net ? Environ 1 500 euros par mois. Moins que le salaire minimum ! À titre de comparaison : une infirmière à domicile indépendante gagne en moyenne 88 000 euros brut par an. Plus du triple. Il n’est donc pas étonnant que des sages-femmes choisissent de se déconventionner. Non pas par appât du gain, mais simplement pour survivre.
Les sages-femmes travaillent souvent six jours sur sept, restent disponibles 24 heures sur 24 et assument une responsabilité médicale. Elles ne sont pas des paramédicaux travaillant sous la supervision d’un médecin. Elles exercent une profession médicale de manière autonome et sont personnellement responsables de tout ce qui pourrait mal tourner dans un parcours périnatal — même lorsque des instructions sont données par un médecin. Et pourtant, elles sont rémunérées comme de simples figurantes dans un récit qui suscite bien peu d’intérêt pour le monde politique.
La proposition d’un plafonnement des suppléments à 25 % pour les prestataires de soins de première ligne non conventionnés représenterait un coup fatal pour les sages-femmes de première ligne. Concrètement, cela limiterait leur revenu annuel brut à 34 000 euros. Toujours moins de la moitié de ce que gagne une infirmière à domicile. Par ailleurs, une sage-femme ne peut facturer que les soins à la mère, et non ceux au bébé, pourtant aussi bénéficiaire. Cela n’existe pas dans les autres professions de soins. Une profession majoritairement féminine, structurellement sous-payée : il est difficile d’y voir autre chose qu’une forme de discrimination de genre. Il est donc clair — et sur ce point, toutes les professions de soins s’accordent, qu’elles fassent grève ou non — : cette réforme ne peut aller de l’avant qu’accompagnée d’une refonte en profondeur de la nomenclature. Il faut évoluer vers un financement basé sur la valeur, axé sur les résultats en matière de santé, la collaboration et la continuité des soins.
Pas de murs, mais des ponts
C’est ce qui nous amène à la deuxième raison pour laquelle nous ne faisons pas grève. Notre système de santé est à un tournant.
Nous croyons en des soins périnatals dans lesquels chaque femme et chaque famille reçoit les soins adéquats, du bon professionnel, au bon moment. L’essence du métier de sage-femme, c’est l’espoir. Nous continuons à croire en un système de santé centré sur le patient. Un système où la confiance, le temps et la connexion humaine sont aussi importants que l’expertise médicale. Où les cadres financiers et structurels vont de pair avec les valeurs humaines. Où les professionnels de la santé travaillent ensemble, de manière intégrée et orientée vers des objectifs communs, pour fournir les meilleurs soins possibles. Ce ne doit pas être une simple réforme, mais une transformation culturelle. C’est la seule voie pour garantir de meilleures expériences, de meilleurs résultats et un avenir durable pour les femmes, les enfants, les familles et les professionnels de santé en Belgique.
Les réflexes corporatistes ne nous mèneront nulle part dans ces réformes. Le dialogue et la coopération, en revanche, oui. Mais pour cela, il faut écouter. Récemment, une délégation de sages-femmes a offert un pinard au ministre Vandenbroucke. Il s’agit d’un simple instrument en bois, utilisé depuis des siècles par les sages-femmes pour écouter les battements du cœur du bébé dans le ventre de sa mère. Le message était clair : utilisez ce pinard pour écouter la voix des sages-femmes. Sinon, le silence risque d'être assourdissant.
Vandaag, 7 juli, leggen heel wat artsen het werk neer. Niet om op vakantie te vertrekken, maar uit protest tegen de voorstellen vervat in de