13/08/2025
Tellement bien exprimé ❤️
Je peux t’aimer et ne plus jamais te parler. Parce que je m’aime encore plus.
On nous a appris que l’amour et l’amitié devaient se vivre dans la constance, dans la persévérance à maintenir le lien coûte que coûte, que lorsque l’on aime, peu importe sous quelle forme, il faut pardonner, patienter, supporter, rester, même quand cela nous épuise ou nous brise. On nous a transmis l’idée qu’être une “bonne” amie, une “bonne” compagne, une “bonne” personne, c’était continuer à se montrer disponible, même quand notre cœur se serre à chaque échange, même quand notre corps tout entier nous supplie de prendre nos distances.
Mais un lien qui me demande de m’oublier pour continuer à exister n’est pas un lien qui me nourrit, c’est un lien qui m’use et qui m’éteint. Qu’il porte le nom d’amour ou d’amitié, il se transforme en prison invisible dès l’instant où il m’impose de taire ce que je ressens, de réduire ma vérité pour préserver un équilibre qui ne profite qu’à l’autre, ou de me couler dans un rôle qui n’est pas le mien.
Oui, je peux t’aimer.
Je peux t’aimer en reconnaissant la valeur de ce que nous avons partagé, en honorant les souvenirs tissés ensemble, en gardant précieusement en moi les confidences au cœur de la nuit, les rires incontrôlables qui laissent des larmes au coin des yeux, les gestes simples qui, à un moment donné, ont compté plus que tout. Mais je peux aussi choisir de ne plus jamais te parler, non pas par manque d’amour ou par rancune, mais parce que je m’aime encore plus, et que ma paix intérieure, mon intégrité, ma vérité ne se négocient pas, même pour un lien que j’ai chéri.
S’aimer assez pour partir, c’est accepter de décevoir, c’est accepter de porter sur soi le poids des jugements, d’être perçue comme froide, distante, égoïste, ingrate. C’est accepter que l’autre ne comprenne jamais que ce choix est, en réalité, un acte d’amour, un amour radical pour soi, celui qui empêche de se perdre dans l’autre au point de ne plus se reconnaître.
Et ce courage-là, nul ne peut l’avoir à ma place. Moi seule sais quand le lien est arrivé à sa fin. Moi seule sens le moment où fermer la porte n’est plus une trahison, mais un sauvetage. Moi seule porte la responsabilité de protéger ma lumière, même si pour cela il faut mettre de l’ombre entre nous.
Alors oui, je peux t’aimer. En amour comme en amitié.
Et pourtant choisir de m’éloigner.
Parce que je m’aime encore plus.
Cindy Pinchart