
14/08/2025
Il est des enfances marquées non pas par le manque matériel, mais par une forme plus insidieuse d'insuffisance : celle de ne jamais être "assez" pour le regard d’un parent. Jamais assez sage, jamais assez fort, jamais assez performant, jamais assez conforme à l’idéal, implicite ou clairement exprimé.
Derrière ce sentiment d’inadéquation se cache une dynamique douloureuse : l’amour perçu comme conditionnel. L’enfant grandit avec l’idée que pour mériter l’attention, l’approbation, ou simplement la paix, il doit correspondre à une image toujours un peu hors de portée. Chaque réussite devient un soulagement temporaire, jamais un accomplissement durable. Et chaque échec, une confirmation de ce qu’il croit être : « pas assez ».
Ce phénomène peut prendre racine dans plusieurs contextes :
• Un parent lui-même en quête de réparation à travers son enfant, projetant ses blessures non guéries ou ses ambitions inassouvies.
• Un amour parental mal exprimé, filtré par les exigences sociales, culturelles, ou personnelles.
• Des modèles de comparaison permanents, où l’enfant est toujours mesuré à l’autre (frère, sœur, enfant du voisin, élève modèle...).
Les conséquences sont profondes. L’enfant peut développer une quête infinie de perfection, une peur du rejet, ou une autocritique destructrice.
À l’âge adulte, cela se traduit souvent par un syndrome de L'IMPOSTEUR, une dépendance à l’approbation extérieure, ou encore une difficulté à reconnaître sa propre valeur, indépendamment de la performance.
Mais il est important de rappeler une chose : ce sentiment de ne jamais être "assez" ne dit rien de la valeur réelle de l’enfant. Il parle d’un lien distordu, d’un amour perçu comme conditionnel et non de l’amour qu’il mérite.
Guérir de cette blessure, c’est parfois accepter que le parent n’a pas su aimer de la manière attendue, non par manque d’amour nécessairement, mais parfois par manque de capacité. C’est apprendre à s’offrir, à l’âge adulte, ce regard bienveillant qui a fait défaut : un regard qui ne cherche pas la perfection, mais qui reconnaît l’effort, l’intention et la beauté d’être simplement soi.