22/05/2024
𝐂𝐎𝐍𝐕𝐄𝐍𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃'𝐇𝐘𝐏𝐍𝐎𝐒𝐄 𝐌𝐎𝐃𝐄𝐑𝐍𝐄 - 𝐄𝟎𝟐
Francois Roeygens - 𝐈𝐦𝐩𝐚𝐜𝐭 𝐝𝐮 𝐝𝐞𝐮𝐢𝐥 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐚𝐭𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧 + 𝐇𝐲𝐩𝐧𝐨𝐬𝐞 & 𝐝𝐞𝐮𝐢𝐥
Aujourd'hui, voici un résumé 2 en 1. Un orateur, deux ateliers qui m'ont bien secoué (dans le bon sens du terme).
Pourquoi une note de partage sur ces atelier-là en particulier ? D'abord parce que le premier atelier auquel j'ai participé durant la convention en fait partie. Ensuite, parce que c'est un sujet cher à mon amie Joëlle, coach en accompagnement du deuil, et qu'elle appréciera. 😉
𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐞𝐭𝐢𝐭𝐞 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞
Arrivée à l'hôtel où se tient la convention le vendredi matin, je croise quelques connaissances qui me présentent Lee Pascoe et Ludovic Louissaint, parmi d'autres orateurs.
Pour le premier atelier de la journée, nous avions le choix entre un atelier sur la pleine conscience (mon terrain de jeu habituel), un atelier sur l'hypnose et la douleur en protocole Simpson et donc l'atelier de Francois sur l'impact du deuil sur le praticien. J'étais là pour apprendre et sortir de ma zone de confort, j'ai choisi ce troisième atelier... et j'ai été servi 😁
Il faut savoir qu'il y avait 3 ateliers en simultané dans 3 salles différentes durant toute la convention. Sur les 24 orateurs, nous avions donc la chance d'en avoir 21 comme simples participants aux ateliers et de pouvoir discuter et pratiquer avec eux. Un vrai régal ! 🤩
𝐈𝐦𝐩𝐚𝐜𝐭 𝐝𝐮 𝐝𝐞𝐮𝐢𝐥 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐚𝐭𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧
Exploration d'un domaine inconnu dans les différentes formations que j'ai suivies auparavant.
Nous avons d'abord abordé le traumatisme vicariant (le praticien est contaminé par le traumatisme de son sujet) qui n'est pas à confondre avec le contre-transfert (les émotions et ressentis que le sujet fait émerger chez le praticien).
Ensuite, nous avons exploré le sujet de la fatigue de compassion, l'épuisement compassionnel, qui mène les praticiens (psy et autres) à raccrocher les gants après 10 ans de pratique, 20 ans maximum.
Quid d'accompagner le deuil durant une dizaine d'années, comme Francois ? Comment faire pour ne pas "faire avec" ? Comment ne pas arriver à ne plus savoir faire avec ?
Les pistes évoquées étaient notamment (préventives et curatives) : la formation de base et continue, le temps de travail, pouvoir faire une pause, assez longue (et pouvoir se le permettre financièrement), l'OBLIGATION de supervision, ne pas mettre à distance, une activité "ressourçante" (sport, théâtre, improvisation, écriture, art...), nourrir des liens sociaux, la recherche de spiritualité (attention : la spiritualité du praticien ne doit pas "polluer" la séance), une attention particulière à toute forme d'addiction (le travail et le sport en faisant partie), un lieu thérapeutique pour gérer et accompagner les émotions, ...
𝐇𝐲𝐩𝐧𝐨𝐬𝐞 & 𝐝𝐞𝐮𝐢𝐥
Cet atelier a été construit sur base d'explorations de différentes expériences de deuil et de différents stades de ces deuils, au travers de jeux de rôles déstabilisants. Merci Francois pour ces bonnes claques pédagogiques. 😁
Faire évoluer les modèles depuis celui d'Elisabeth Kübler-Ross, qui travaillait en soins palliatifs (est-ce approprié de transposer ce modèle à tous les cas de deuils ?) vers les travaux de Christophe Fauré et Michel Hanus.
En tant que praticien, disposer d'un répertoire de services supports de confiance (médecins, accompagnements successoraux, ...) à mettre à disposition de la personne endeuillée.
Quelle(s) posture(s) adopter pour accompagner les personnes endeuillées ?
L'importance du cadre pour protéger ces personnes qui consultent. Et si mon rôle se limitait d'abord à installer l'espace et le temps pour accueillir le client ?
Quelle est la demande ? Y en a-t-il seulement une ? (Pas de demande, pas d'intervention) La personne est là, donc il y a une demande. Laquelle ?
Pouvoir accueillir ce qui est, aussi. ("Une bonne exploration vaut intervention.") Explorer l'écosystème touché par le deuil.
Donner de la place au silence (voir les travaux de Roustang), être économe, trouver le mot juste au moment approprié... Adopter le Clean Langage.
Et si l'accompagnement du deuil se résumait finalement à 3 questions ?
Le deuil est un processus naturel. Le praticien n'est sans doute pas là pour l'accélérer, simplement pour faciliter ce processus.
𝐌𝐚 𝐫𝐞́𝐟𝐥𝐞𝐱𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐜𝐞𝐬 𝐚𝐭𝐞𝐥𝐢𝐞𝐫𝐬
Comme l'exprime Michel Villacorta, tout processus de changement que nous accompagnons implique de faire le deuil de quelque chose. (Laisser ce qui est ou ce qui était pour accéder à ce qui sera).
Je suis donc confronté quotidiennement, dans ma vie personnelle et également chez les personnes que j'accompagne à des deuils.
Ces ateliers m'ont enrichi tant au niveau de mon travail d'accompagnant que dans l'ouverture de cette question sur les risques encourus par des petites choses anodines qui sont autant d'indices que, jour après jour, moi et mes collègues sommes sujets aux traumatismes vicariants et à l'épuisement compassionnel. Il ne faut pas attendre les signaux d'alarme mais renforcer dès aujourd'hui les mesures préventives (et les radeaux de survie) qui permettront d'assurer harmonie et sérénité intérieure le plus longtemps possible.
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Hors cadre - Si votre formation ne comprenait pas un sujet solide sur le transfert et le contre-transfert, je ne peux que vous recommander, en introduction, le livre "Transfert & contre-transfert - la relation patient/thérapeute" de Serge Tracy.
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Suite à l'épisode E03, prochainement pour vous partager un autre sujet passionnant.
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