29/05/2025
Je suis celui qui ne posait pas de problèmes,
celui qui comprenait vite,
qui se faisait tout petit
pour que tout le monde soit à l'aise.
Celui qui souriait même avec un nœud dans la gorge,
qui ne demandait jamais rien,
ne dérangeait jamais,
ne se laissait jamais aller.
Ils m'appelaient "mature",
"responsable",
"quel gentil garçon",
et j'acquiesçais,
mais à l'intérieur, je commençais à disparaître lentement,
sans faire de bruit.
J'étais celui qui ne demandait jamais d'aide,
parce que personne ne me l'avait jamais appris,
celui qui gardait tout en lui
pour ne pas déranger,
qui réparait les autres
pendant qu'il se brisait morceau par morceau.
Et aujourd'hui,
aujourd'hui, j'ai du mal à m'arrêter,
à respirer sans culpabilité,
à dire "je n'y arrive pas"
sans me sentir mal.
J'ai appelé ma force mon silence,
mon courage mon contrôle,
ma fatigue ma normalité.
Mais maintenant, ça suffit.
Maintenant, je reviens en arrière,
je cherche cet enfant,
celui qui se mettait toujours de côté.
Je le trouve là,
encore calme,
même dans la douleur.
Je me mets à ses côtés
et je lui demande pardon
pour toutes les fois où je ne l'ai pas protégé,
où je ne l'ai pas écouté,
où je l'ai laissé seul grandir.
Je lui dis qu'il peut s'effondrer,
qu'il peut pleurer,
qu'il peut arrêter de porter le ciel.
Que dès aujourd'hui,
je suis là,
et je reste.
Je lui construis un espace sûr
où il peut exister,
sans avoir à être parfait,
ni utile.
Je lui apprends que demander de l'aide
n'est pas une faiblesse,
mais une guérison lente et véritable.
C'est mon étreinte
pour tous ces enfants
qui n'ont pas posé de problèmes
et qui, aujourd'hui,
demandent seulement
d'être enfin vus
et embrassés
entièrement,
pour de vrai.