30/04/2025
Avril, c’était le mois de la sensibilisation à la césarienne.
🫶 Et moi, je suis sage-femme. Au bloc. 🫶
Je connais les accouchements.
Les cris.
Les doutes.
Les “ça pousse”.
Les “on y est presque”.
Je connais les regards de femmes qui se découvrent puissantes.
Les mains qui tiennent.
Les cols qui s’ouvrent.
Les bébés qui glissent.
Et moi…
Moi je rêvais de ça.
J’avais tout imaginé.
Mon accouchement physiologique.
Dans le calme.
Dans la verticalité.
Dans la confiance.
Dans la force.
Je savais comment respirer.
Je savais comment bouger.
Je savais comment accoucher.
Enfin… je croyais.
Et puis, le réel.
Les contractions irrégulières.
Le col qui ne s’ouvre pas.
Le rythme qui faiblit.
Les voix qui deviennent sérieuses.
Les regards qui se croisent.
Puis ces mots :
“On va devoir faire une césarienne.”
J’ai dit oui.
Mais à l’intérieur, j’ai hurlé.
Pas contre eux.
Pas contre la médecine.
Contre la cassure entre ce que j’avais rêvé…
et ce que j’étais en train de vivre.
On m’a couchée.
On m’a branchée.
J’ai laissé mon corps devenir territoire d’intervention.
Et j’ai senti mon âme, elle, suspendue.
Et là, une main a pris la mienne.
C’était ma sage-femme.
Elle m’a expliqué chaque geste.
Elle m’a ramenée à moi. À ce moment.
Et à ce bébé.
On m’a dit : « Elle est là. »
Je l’ai entendue pleurer.
Mais j’avais du mal à la reconnaître.
Comme si j’étais derrière une vitre.
Et puis on me l’a posée.
Contre moi.
Peau à peau.
Et là, ça a percé la brume.
Sa chaleur. Son odeur. Ses petits mouvements contre moi.
J’ai senti son cœur battre contre le mien.
Et j’ai compris.
Ce n’était pas l’accouchement que j’avais rêvé.
Mais c’était sa naissance.
Et la mienne aussi.
Pas debout.
Pas naturel.
Pas comme j’avais rêvé.
Mais en vérité.
Crue.
Coupée.
Recousue.
Et amoureuse de mon bébé.
Bref. Je suis sage-femme.
Je voulais enfanter comme dans les livres.
J’ai mis au monde comme dans la vie.
Et c’est là que j’ai compris :
On ne « rate » jamais une naissance.
On la traverse.
Même à genoux.
Même à plat.
Mais toujours avec le cœur.
J’ai compris que l’accouchement,
ce n’est pas comment on met au monde,
c’est comment on se traverse.
Comment on se perd,
et comment on renaît.
Et parfois, ce n’est pas la voie basse.
Mais c’est toujours un passage.
Un passage où chaque mot compte.
Où une main posée, un regard, un “tu vas bien”,
peuvent recoller ce que la peur a fracturé.
Bref. Je suis sage-femme.
Et mon rôle, c’est de vous préparer à la naissance de votre enfant,
à la vivre, quelle qu’elle soit, mais avec douceur, avec clarté, avec sérénité.
À mes bébés « hors piste » (et ça colle plutôt bien à leur tempérament 😆😅).
🫶 Licinia & Ezra 🫶