12/11/2024
- PARTAGE D'EXPÉRIENCE -
Face à certains patients déçus de leurs proches qui n'agissent pas comme ils l'attendraient ou de la vie qui leur met des bâtons dans les roues, j'essaye de leur faire comprendre qu'en effet, sur les gens ou la vie, nous avons très peu de contrôle. Par contre, là où nous pouvons en avoir et ainsi redevenir acteur, c'est en changeant notre regard sur la situation : dès ce moment, nous ne subissons plus mais agissons !
Pour illustrer ce point de vue, je vous partage une petite expérience personnelle.
Il y a plusieurs années, j'ai décidé de partir en vacances avec mon fils de 3 ans au même endroit que mon père. Je me suis dit que, de cette façon, de un, j'aurais un peu d'aide et de soutien ; de deux, que mon fils pourrait partager des moments avec son grand-père. Ça, c'était mes attentes ! 😊 Lors du dernier jour de vacances de mon papa, je m'attendais (encore !) à ce que l'on passe la soirée tous ensemble. Puis, il me sonne pour m'informer qu'il est en chemin pour aller au resto avec sa compagne. Après cet appel, j'éclate en sanglots ! De toutes les vacances, je n'ai partagé aucun moment avec lui et pire (pour moi), à aucun moment il n'a emmené son petit-fils à la plage ou à la piscine. Je pleure toutes les larmes de mon corps face à ce constat et cette réalité de ces moments manqués. Puis, après avoir bien exprimé toutes mes émotions (qui est d'ailleurs une condition sine qua non pour passer au niveau suivant 😉), j'ai pris du recul pour regarder la scène autrement. J'ai pris conscience que ce que j'attendais de mon père n'était pas spécialement ce que lui savait/pouvait me donner. Pour moi, partager des moments de qualité est tellement important que c'est ce que j'attends de la plupart de mes proches. Mais si, eux, n'étaient pas capables d'être dans ce geste ? Et si ce n'était pas leur langage à eux ? Je me suis alors posé la question : qu'est-ce que mon papa a fait pour moi durant ces vacances ? Que m'a-t-il apporté ? C'est là que j'ai réalisé que chaque matin, en allant cherchant son pain, il déposait une baguette pour mon fils et moi, sur la table de ma terrasse, tout doucement, pour ne pas nous réveiller. Il était là son geste d'attention, son langage d'amour. C'est comme ça, notamment, que lui prend soin de ses proches : en répondant à leurs besoins physiologiques et en s'assurant qu'ils ont bien à manger.
Alors, qu'est-ce que cette prise de conscience m'a apporté ? Est-ce que, depuis, mon père a changé ? Non. Est-ce qu'il passe plus de temps avec mon fils ou moi ? Pas spécialement.
Par contre, cette prise de conscience m'a permis de changer mon regard sur les autres et par conséquent, revoir mes attentes : j'apprends (je dis bien "j'apprends") à prendre ce que l'autre est prêt à me donner ou ce qu'il est capable de m'offrir, et me centrer là-dessus, plutôt que de continuer à espérer recevoir ce qu'il ne peut ou sait peut-être pas me donner. Et pour le reste, je vais le chercher ailleurs ou autrement. Alors, ceci n'est pas non plus un fatalisme qui voudrait dire de un, que nous sommes obligés de subir certaines relations sans jamais décider de les changer ; de deux, que nous n'avons pas le droit d'exprimer nos besoins ou nos attentes à nos proches. Mais si nous l'avons déjà fait à plusieurs reprises et que rien ne vient, à quoi bon s'acharner ? Dans ce cas, au final, c'est à vous que vous faites le plus de tort. Vous avez alors le contrôle à ce moment-là de faire le choix de rester ou non dans une relation ou de changer votre point de vue sur la situation pour moins en souffrir : quand l'autre n'est pas au rdv de nos attentes, ça ne veut pas spécialement dire qu'on n'est pas important à ses yeux mais que, peut-être, tout simplement, nous ne parlons pas le même langage.
Alors prêt pour un nouveau regard ?