29/03/2025
Ceci est une caresse. Pourquoi est-ce si bon de parcourir la peau des gens qu’on aime ? De caresser les joues de son bébé ? De se blottir dans le cou d’un ami ? De sentir une main sur la nôtre, puissante et chaude ? De pleurer dans les bras d’un inconnu ? De masser les pieds de quelqu’un de malade ? Le point commun de tout cela, c’est bien le toucher et sa force infinie. L’étymologie indique que le terme vient de « toccare », qui signifie frapper à la porte. C’est une aventure particulière de toucher l’autre, cela suppose de trouver le juste milieu entre la spontanéité et l’autorisation, cela impose d’être pleinement attentif à celui qu’on touche, d’avoir la délicatesse de la demande. L’autre jour, je lisais ceci : « Toucher, c’est investir le seuil de l’autre et lui signifier sa présence ». C’est parler sans dire, c’est raconter. C’est faire de cette communication muette une fusion, une absolue concentration, qui ne demande qu’à se poursuivre, qu’à s’étirer vers ce qu’il nous reste d’infini. Toucher, n’est pas posséder. Toucher, c’est aussi être touché. C’est faire de cette réciprocité le plus grand des enjeux relationnels, la double expérience simultanée d’un être objet et sujet. Car l’acte de toucher n’est pas neutre, il implique la personne dans sa globalité physique, dans ses capacités sensorielles et perceptives et dans sa présence humaine. Ainsi, l’expérience de toucher est une expérience de l’humain ; le toucher est un toucher de l’autre, la rencontre avec une personne, mais aussi la rencontre avec l’humain, l’humain de soi et l’humain de l’autre. Le toucher renvoie à l’haptique, qui désigne la dimension tactile du monde, mais qui contrairement à l’optique ou l’acoustique, ce mot n’est presque jamais utilisé. Claire Richard, dans un livre, ivre de sensibilité, écrit ces mots : « On se touche de moins en moins dans la civilisation des écrans. Au point qu’au Japon, des bars à caresses ont ouvert où l’on peut commander un câlin en même temps qu’un moka ».
L'accompagnement du travail au champ d'argile repose justement sur l'observation de l'haptique, qui vient du grec Haptomein, signifiant "je touche/je suis touché.e".
Je ferai une conférence sur le sujet en septembre 2025. En attendant, un onglet de mon site vous en parle... Voir Champ d'argile.
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