31/07/2022
Bonjour à tous,
Dans cet article nous allons nous intéresser de plus près aux effets de la consommation d’alcool sur la santé.
S’il semble communément accepté que l’abus d’alcool peut être dangereux pour la santé, nous avons tous en tête les témoignages de centenaires certifiant que leur secret de longévité réside dans la consommation quotidienne d’un ou deux verres de vin ou de bière…
Faisons un petit tour des risques et éventuels avantages liés à la consommation d’alcool :
Le risque majeur lié à la consommation d’alcool est la mort (oui, bim ! comme ça directement... pour l'ambiance! ) :
➡️L’alcool est responsable de 3,5 millions de décès par an dans le monde, ce qui représente 5,3% des décès totaux. En Europe, ce taux atteint même les 10%. En Belgique, l’alcool est pointé du doigt dans 8% des décès chez les hommes et 2,8% chez les femmes.
➡️Ces décès imputables à l’alcool sont consécutifs à des traumatismes (28%), à des pathologies digestives (21%), à des pathologies cardiovasculaires (19%) ou encore à des maladies infectieuses (13%), des cancers (13%) ou encore à des troubles mentaux ou autres affections.
Passons-les en r***e, ainsi que d’autres fonctions qui sont également influencées par l’alcool sans pour autant mener au décès :
▶️Traumatismes liés à l’alcool :
La prise d’alcool altère les fonctions cognitives et le comportement (nous y reviendrons) ce qui peut mener à des accidents de la voie publique, à des blessures auto-infligées ou encore à de la violence entre individus (bagarre, maltraitance, meurtre, …).
A noter qu’en cas d’accident de la route, si dans 50% des cas c’est le conducteur alcoolisé qui trouve la mort… dans les 50 autres pourcents, ce sont les passagers ou d’autres usagers de la route qui ont été tués par le conducteur sous influence.
▶️Pathologies digestives :
La consommation d’alcool augmente le risque de cirrhose hépatique et de pancréatite.
En Europe, 30,5% des morts liés aux troubles digestifs sont attribuables à une consommation d’alcool.
Le risque de cirrhose augmente par gramme d’alcool consommé par jour.
Lorsque le foie est atteint d’une infection hépatique B ou C, même une consommation légère peut être fatale.
▶️ Pathologies cardiovasculaires :
On estime à 3,3% la proportion de décès suite à une pathologie cardiovasculaire directement causée par une consommation d’alcool.
Près de 10% des décès à cause d’un AVC (arrêt vasculaire cérébral) dans le monde sont liés à une consommation d’alcool, et ce même en cas de consommation modérée (le risque augmente dès 1 à 2 unités d’alcool par jour).
L’abus d’alcool à également un impact sur les décès liés à une hypertension artérielle ou une cardiomyopathie.
En ce qui concerne les AIT (arrêts ischémiques transitoires), on a constaté un risque plus faible chez les consommateurs légers (moins d’un verre/jour) par rapport aux personnes n’ayant jamais consommé d’alcool de leur vie. A partir de 3 verres/jour, le risque est le même entre consommateurs et non consommateurs.
Par ailleurs, il a été montré qu’une consommation faible d’alcool n’a pas d’impact significatif sur la mortalité liée aux maladies cardiovasculaire (le risque global n’est ni plus grand ni plus faible).
▶️ Maladies infectieuses :
On estime que l’alcool est responsable de 20% des décès liés à la tuberculose, 3% des décès dus au VIH/SIDA ainsi que 3% des décès suite à une infection respiratoire.
Cette augmentation du risque est liée d’une part, à une augmentation du risque de transmission pour le VIH/SIDA (augmentation du risque de rapport non protégé sous l’influence de l’alcool) et d’autre part, par diminution de la réponse immunitaire face aux infections, en particulier chez les consommateurs chroniques ou en cas d’épisodes aigus de consommation importante.
▶️Cancers :
4,2% des décès suite à un cancer sont dus à une consommation abusive d’alcool. Selon une étude française, la proportion de cancers déclenchés par la consommation d’alcool est de 8%.
Il ne semble pas y avoir de consommation ne présentant aucun risque : dès que l’on consomme le risque de cancer augmente et ce, proportionnellement à la quantité d’alcool ingéré.
L’alcool est le principal responsable des cancers touchant le tractus bucco-digestif supérieur.
Un lien de causalité entre l’alcool et les cancers suivants a clairement été établi : cancer de la bouche, cancer oropharyngé (risque x1,13 pour une consommation faible/ x1,83 pour une consommation modérée/ x5,13 pour une consommation élevée), cancer hypopharyngien, cancer de l’œsophage (x1,26/ x2,23/ x4,95), cancer colo-rectal, cancer du larynx (x0,87/ x1,44/ x2,65), cancer du foie (x1/ x1,08/ x1,07), cancer du canal biliaire intrahépatique et cancer du sein (x0,99/ x1x17/ x1,44).
NB : consommation faible = moins de 12,5g d’alcool par jour, consommation modérée = entre 12,5 et 50g d’alcool par jour, consommation élevée = plus de 50g d’alcool par jour (voir article précédent pour conversion en verres).
▶️Pathologies neurologiques et troubles mentaux :
13% des décès liés à l’épilepsie dans le monde sont attribuables à l’alcool (20% en Europe).
Une consommation à long terme peut engendrer une polyneuropathie (atteintes multiples des nerfs périphériques) ainsi que le syndrome de Wernicke-Korsakoff.
La prise d’alcool est également un facteur de risque majeur pour tous les types de démences et plus particulièrement de démence précoce.
A noter que le binge drinking (grande ingestion d’alcool en peu de temps) provoque des conséquences durables au niveau du cerveau.
Il existe une forte corrélation entre l’abus d’alcool (et les troubles alcooliques associés) et des troubles dépressifs majeurs. Cependant, il est difficile de mettre en avant dans quelle mesure l’alcool est une cause du syndrome dépressif ou une conséquence (tentative « d’automédication ») ou encore une comorbidité liée à des prédispositions génétiques favorisant à la fois les troubles alcooliques et les troubles dépressifs.
La consommation d’alcool augmente le risque de trouble alcoolique. Il s’agit d’une maladie cérébrale chronique caractérisée par une consommation compulsive d’alcool, une perte de contrôle de la consommation et un état émotionnel négatif en l’absence de consommation. Le trouble alcoolique expose bien évidemment la personne qui en souffre à toutes les conséquences d’une consommation chronique et abusive.
▶️ Fonctions cognitives :
L’ingestion aigue d’alcool a un impact négatif sur de nombreuses fonctions cognitives : la mémoire est altérée (principalement la mémoire à court terme) ainsi que la planification de tâches. La manière de parler est moins fluide, des tâches motrices complexes sont moins faciles à réaliser (mettre une clé dans une serrure par exemple…) et la capacité de concentration est également réduite.
▶️Douleur :
L’alcool est connu pour son effet analgésique. Lors d’une consommation aigue importante la douleur va diminuer. Cependant, la relation entre douleur et alcool n’est pas aussi simple qu’un bouton ON/OFF qu’on pourrait actionner à sa guise. En effet, la douleur reprend et parfois de plus belle lors de la phase aigue de sevrage (la fameuse « gu**le de bois »). Chez les personnes souffrant de troubles alcooliques chroniques, les ingestions d’alcool peuvent devenir encore plus rapprochées pour éviter ces douleurs liées au sevrage de même que les autres douleurs qu’elles voulaient « faire taire ». Enfin, comme vu précédemment, une consommation chronique d’alcool peut entrainer des neuropathies. Dans ce cas, l’alcool perd son effet antalgique et peut même avoir l’effet inverse, entrainant une augmentation des sensations douloureuses.
▶️ Diabète :
La consommation légère à modérée d’alcool (moins de 2 verres par jour) réduit le risque de diabète sucré (- 13% chez les hommes, - 40% chez les femmes). En effet, la consommation d’alcool va engendrer une meilleure sensibilité à l’insuline réduisant ainsi le risque de diabète de type II.
Par contre, une consommation abusive augmente le risque de diabète sucré par une perturbation de l’équilibre glycémique et une résistance à l’insuline.
Globalement, on note un effet protecteur de l’alcool par rapport au diabète. On estime que sans consommateurs, le diabète aurait fait 1,5% de décès en plus dans le monde en 2016.
▶️Impact social et sociétal :
L’impact de l’alcool sur l’entourage et l’environnement du consommateur ne doit pas être négligé : nous avons déjà évoqué le cas des blessures provoquées à autrui, qu’elles soient volontaires ou non. Une consommation abusive peut également entrainer de la négligence ou des abus vis-à-vis de la famille ou encore au niveau professionnel ainsi qu’un non-respect de ses obligations sociales (en tant que parent ou travailleur par exemple). A noter, que des « dommages collatéraux » peuvent également survenir : dégradations de biens, effets toxiques infligés aux autres avec un impact sur leur qualité de vie (insomnie ou inquiétude vis-à-vis des actions du buveur, difficultés conjugales, séparation, problèmes financiers, etc.).
Enfin, la consommation d’alcool a également un cout pour la société : on estime que l’absentéisme au travail est 2 à 6x plus important chez les travailleurs présentant un problème d’alcool.
En 2012, en Belgique, les couts directs (soins de santé,…) et indirects (perte de productivité,…) de l’alcool s’élevaient à 2,1 milliards sur l’année. Il est d’ailleurs à noter que ce cout n’a pas été compensé par l’argent récolté grâce à la vente d’alcool (TVA et accises) puisque la même année, seuls 1,8 milliards sont rentrés dans les caisses.
Ici se termine cet article (bien long !) sur les conséquences de la consommation d’alcool sur la santé en général.
🔜 Dans le prochain, nous verrons l’impact qu’elle peut avoir sur la performance et la récupération sportive.
PS : j’offre un chocolat à celui/celle qui a tout lu et peut dire combien de fois le mot consommation a été cité ! 🍫😁
Références :
📗World Health Organization. Global status report on alcohol and health. Geneva : World Health Organization ; 2011.
📗Conseil Supérieur de la Santé. Risques liés à la consommation d’alcool. Mai 2018. CSS N°9438.
📗Alcohol : Impact on Sports Performance and Recovery in Male Athletes. MJ Barnes. Sports Med. 2014 Jul ; 44(7) :909-19.
📗Alcohol, Athletic Performance and Recovery. LD Vella, D Cameron-Smith. Nutrients 2010, 2, 781-789.
📗From pleasure to pain, and back again : the intricate relationship between alcohol and nociception. MT Robins, MM Heinricher, AE Ryabinin. Alcohol Alcohol. 2019 Dec 1 ;54(6) :625-638.