23/11/2025
Elle voulait juste « aider ».
C’est ce qu’elle m’a dit en s’asseyant en face de moi, les épaules un peu tombantes, l’air fatigué mais déterminée à comprendre pourquoi cette relation l’avait autant bousculée.
On va l’appeler Julie.🌸
Julie, c’est le genre de personne qui voit quelqu’un trébucher, et qui spontanément court l'aider avec 14 solutions, un gros câlin d'amour et qui va annuler son programme pour rester là et être sûre que cette chute n'a pas laissé des traces…
Et tout ça... même si on ne lui demande rien.🙄
Elle pensait que c’était sa plus belle qualité. (Et je pense sincèrement que ça l’est, en grande partie.)✨
Mais dans cette relation-là (avec une amie qui ne va pas bien dans son couple et qu’elle voulait absolument « sauver ») ça a dérapé.
Plus elle voulait aider, plus son amie mettait de la distance, ne semblait plus tout lui raconter, se confier, et répondait aux messages avec de + en + de délai...
Plus Julie essayait de « bien faire » (selon elle), plus la copine se sentait étouffée.
Et puis un soir, cette fameuse copine lui a dit qu'elle préférait prendre ses distances et régler ses soucis seule parce qu'elle ne supportait plus la pression que Julie lui mettait.
Choc. Silence. Vide. Manque. Incompréhension totale.🌩️
C’est en séance qu’on a mis des mots sur ce qui s’était joué.
Je lui ai parlé du triangle dramatique de Karpman.
🌪 Ce triangle, c’est un mécanisme relationnel inconscient où trois rôles s’enchaînent et s’alimentent :
> Le Sauveur, qui veut aider, conseiller, réparer (même sans qu’on lui demande)
> La Victime, qui se sent impuissante, dépendante ou accablée
> Le Persécuteur, qui critique, impose, ou fait pression
Et la plupart du temps…on n’est pas coincé dans un seul rôle. (même si on a souvent un "préféré", celui dans lequel on se retrouve le plus souvent).
Mais on passe souvent de l’un à l’autre.
Par exemple :
Julie commence en Sauveur : elle veut tirer son amie vers le haut, l'aider à tout prix parce qu'elle l'aime et veut son bien.
Mais face au rejet, elle se sent incomprise → elle bascule en Victime (« je fais tout pour elle et elle ne le voit même pas »).
Puis la tension monte, elle finit par lui balancer des reproches → et la voilà en Persécutrice, malgré elle.
🎭 C’est le triangle en action.
Un manège relationnel où chacun tourne dans les rôles… sans s’en rendre compte.
Et même avec la meilleure intention du monde, ça va piquer. 🥺
Ce jour-là, Julie a compris que ce n’est pas parce qu’on veut aider qu’on a le droit d'imposer. Elle a choisi un autre rôle : celui de n'être ni sauveur, ni bourreau (persécuteur) ni victime.
> Elle a recherché sa posture adulte, responsable, présente, mais pas envahissante.
Celle qui dit : « Je suis là pour toi si tu ressens le besoin (et je ne vais pas te tirer de force). » 🙏
Depuis, elle ne cherche plus à sauver à tout prix (même si biensûr, ça lui arrivera encore, comme a à moi, comme à toi).
Et tu sais quoi ?
Ses relations sont devenues plus douces, plus vraies… et surtout, beaucoup moins énergivores.
Et toiiiiii ? Tu te reconnais dans quel rôle en ce moment ?
SAUVEUR: Tu veux aider, apaiser, réparer…
Mais parfois, tu en fais trop. Tu prends en charge, même quand on ne te le demande pas.
VICTIME: Tu te sens dépassé.e, impuissant.e…
Tu attends que les autres changent, qu’ils comprennent, qu’ils fassent enfin quelque chose pour toi.
BOURREAU: Tu te sens frustré.e, tu critiques ou tu imposes…
Tu veux que les choses bougent, et tu peux devenir dur.e ou cassant.e sans t’en rendre compte.
🙏 Il n’y a pas de "bon" ou de "mauvais" rôle.
Juste des postures inconscientes… qu’on peut choisir d’éclairer 💛