06/09/2025
Au cœur de la santé psychique et de l’éthique :
De l’eumétrie à la phronésis en passant par l’otium, l’individuation et le pathique
L’eumétrie ou la distance et proximité suffisamment bonnes :
La distance sans le lien introduit l'indifférence. Le lien sans la distance introduit la dépendance. Le lien et la distance conjugués introduisent l'ouverture de soi à ce que vit l'autre, sans être submergé, sans se laisser submerger et sans submerger l’autre par nos « bons » sentiments !
Le piège de la distance, c'est l'indifférence et la banalisation. Le piège du lien, c'est l'emprise de notre subjectivité. Deux pièges sont donc à éviter : l’un consiste à se blinder et tenir à distance les plaintes, jusqu'à ne les entendre que comme un murmure habituel, ce qui est le propre de l'indifférence organisée. L'autre de s'y noyer avec le « souffrant » parce que nous sommes pris dans les rets d'une relation fusionnelle. Bruno Humbeek nous en parle en termes d’« eumétrie » :
« L’eumétrie c’est la juste distance…celle qui permet de s’écarter du monde en demeurant concerné par ce qui s’y vit. Celle qui invite à cultiver la discrétion en restant néanmoins présent. Celle qui incite à nourrir des relations fluides tout en préservant son aptitude à se détacher. L’eumétrie c’est la capacité de se rendre disponible pour les autres sans jamais s’exposer au risque d’être envahissant parce qu’on se pense indispensable. L’eumétrie c’est l’aptitude à se sentir intéressé par ce que vivent les autres sans jamais s’en soucier au point de se montrer intrusif. L’eumétrie, c’est l’art de mettre le juste milieu entre soi et les autres pour s’autoriser à se sentir singulier en demeurant résolument soi-même au milieu de ses semblables. L’eumétrie, c’est avoir fait suffisamment de provisions affectives dans son âme pour pouvoir tenir un long siège enfermé dans un endroit qui nous tient à l’abri de tous les regards sans éprouver l’impression de manquer de quoi que ce soit... L’eumétrie c’est la distance qui, ni trop près ni trop loin, aide à éviter de mettre en péril le noyau dur de son identité parce qu’on se serait exclusivement laissé modeler par le regard des autres, qu’on se serait conformé trop strictement à leurs attentes ou que l’on aurait attaché trop d’importance à l’image que l’on donne de soi. » Et quand est-il de la rencontre avec soi et avec l’autre ? Le retour à soi ou l’otium nous y invite.
Le retour à soi ou l’otium
Otium est un mot d’origine latine qui désigne un état où l'on cesse d'agir, un état de ce qui est calme, tranquille. L’otium peut être défini comme un « loisir studieux », qui peut se traduire par une quête de sens et de beauté. Selon les principes de l'otium, le plus important est de profiter du temps désintéressé qui s'offre à nous pour mieux comprendre le monde qui nous entoure et façonner notre liberté d'esprit. C’est un temps consacré à la rencontre, à la rencontre d’amis, à la lecture, à la philosophie, la méditation, etc. L’otium est le temps du loisir libre de tout negotium, de toute activité liée à la subsistance : il est en cela le temps de l’existence.
Le negotium est l’inverse d’otium. Negotium signifie occupation, travail, affaire, négoce. D'origine latine, également, le mot « négoce » vient de nec otium, c'est-à-dire la négation du loisir. Le « negotium » est le nom que les Romains donnaient à la sphère de la production. C’est le commerce au sens large des affaires, le « business ».
Nous sommes envahis par le negotium, le négoce et nous luttons beaucoup avec nous-mêmes contre cet otium, pour nous interdire ce temps soi-disant improductif. Nous sommes également envahis par les réseaux sociaux. Le soi réel est désormais prolongé et même débordé par le soi virtuel. Notre présence à soi est mise à distance ! Il serait donc nécessaire de « mettre en place une éthique du débranchement, de la déconnexion comme art de vivre ses journées. Mais c’est là précisément une solution éthique, individuelle et non politique ou collective ». Comment trouver son équilibre et son autonomie psychiques dès lors ?
Mots-clés :
La santé psychique, l’eumétrie, l’otium, l’individuation, le pathique, l’autonomie psychique, le juste milieu, le désir, l’assertivité, l’éthique, le circuit pronominal des quatre « S’A ».
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